Les clips du mois : avril
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Auteur·ice : Rédaction
09/05/2025

Les clips du mois : avril

| Photo : BabySolo33 par Aurora Troïse

Les clips du mois, c’est votre rendez-vous mensuel qui vous présente les sorties vidéo de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque mois le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ce mois-ci. 


Le plus toxique : Paul Prier – The Rush

| Sélectionné par Arthur

Promenons-nous dans les bois… pendant que Paul Prier y fait quelques pas ! Avec The Rush, son dernier single, l’artiste semble un peu à l’étroit dans son costard. Et s’il était temps de souffler un peu ? Mieux : de danser ! Dès l’ouverture, on le voit s’étirer en rythme et s’émerveiller des splendeurs sylvestres. Mais ce qui s’annonçait comme une paisible promenade de santé va vite se transformer en parcours du combattant. À la fois lieu d’épreuve, de magie et de mystère, l’intelligence de ce clip signé Marc Thomas est de puiser dans toute la richesse symbolique de la forêt. Une odyssée sensible et sanguine aux accents bibliques où les mouvements de caméra immersifs nous plongent dans une métamorphose progressive. Cette pop empoisonnée, qui nous invite à prendre le temps, est sublimée par une esthétique léchée. Encore une fois, Paul Prier a eu raison de sortir du bois.


Le plus dreampop : Miki Berenyi Trio, Lol Tolhurst, Gray – Stranger

| Sélectionné par Alissa

C’est la première fois que Miki Berenyi porte un projet en son nom. Et pourtant, la chanteuse et guitariste nippo-anglaise n’en est plus à son coup d’essai. Déjà dans les années 90, elle a contribué à son échelle au mouvement britpop et noisy pop grâce à son groupe Lush. Vingt ans plus tard, la chanteuse est revenue avec un très bon projet de rock alternatif, Piroshka. Mais c’est comme s’il lui manquait toujours quelque chose : sûrement le Miki Berenyi Trio, ou le MB3, et sa direction dream pop et shoegaze. Pour découvrir, on vous recommande bien-sûr son dernier album Tripla sorti en avril chez Bella Union (Cocteau Twins). Mais pour vous faire une idée, le single Stranger, en featuring avec Lol Tolhurst et Gray, est un bon point d’entrée. 


Le plus désabusé : Brian Nasty – Two

| Sélectionné par Marthe

On retrouve la pellicule si chère à Brian Nasty dans son dernier clip Two. Le Londonien déambule dans la ville illuminé par un soleil d’été, et se fait l’observateur des gens autour de lui… Comme cet homme de mauvaise foi qui s’énerve face à sa copine. Brian semble le parodier et répéter inlassablement : “Bitch I’m trying to“, le tout sur une boucle entêtante. On a l’impression que le temps s’étire, qu’il va s’arrêter, comme si la musique elle-même était empêtrée dans sa propre inertie. Inspiré notamment par le rock indé et le hip-hop, Brian Nasty s’est formé seul à la musique, en autodidacte. Il est aujourd’hui un rappeur ultra créatif, également mannequin, illustrateur, photographe, skateur et même joueur d’échecs amateur. Sa musique, à la fois “vulnérable, existentielle et douce” comme il la qualifie, nous réchauffe l’âme. Pas de date parisienne à l’horizon, mais un prochain concert à Londres, le 27 mai, pour les plus aventureux·ses.


Le plus acidulé : marguerite – les filles, les meufs

| Sélectionné par Constance

Son premier single a pris des allures d’hymne à la sororité en s’envolant en un temps record. À l’aide d’une pop solaire efficace, marguerite, comme la fleur, déverse ses mots en forme de déclaration d’amour. Aux hommes d’abord (enfin certains), dont elle dresse un portrait tendrement piquant, mais surtout aux femmes : “Désolée les gars / Mais moi je préfère les filles, les femmes, les meufs”. Voilà c’est dit, et ça nous soulage presque autant qu’elle qui se dévoile de façon toute aussi intime dans un clip “presque impudique”. Un plan séquence signé Aurélien Grellier Beker, gros plan sur son visage sans filtre, aucun, loin des artifices des plateaux de télécrochet, elle s’y émancipe des standards de “beauté lisse” armée de son sourire. Nous, elle nous éblouit par sa délicatesse et la sincérité de sa ballade entêtante. Franchement, on ne peut que l’aimer cette fille, cette meuf.


Le plus disruptif : Sorry – Jetplane

| Sélectionné par Zoé

Après la sortie fin 2024 du single Waxwing, le groupe de rock indie britannique Sorry propose Jetplane, dans la même veine bien que le clip soit moins mystérieux. L’ambiance un peu glauque persiste cependant, dénominateur commun des deux singles et clips qui teasent un projet plus large qui ne s’annonce pas léger. Depuis leur irrésistible Starstruck, sorti en pleine pandémie, Sorry se glisse dans toutes nos playlists. Autrement dit, leur son innovant, disruptif et clairement inspiré du grunge des années 90 ne quitte jamais vraiment nos oreilles. Le clip de Jetplane est à l’image du son : oppressant et dense. Comme Waxwing, Jetplane repose sur une ligne de basse et un chant un peu distant. “Arrest me. I’m a hot freak.” chante Asha Lorenz, cagoulée, menaçante, en déchirant un portrait imprimé de Trump. La question c’est : sauriez-vous déceler toutes les références internet et théories du complot ? Notre préférée c’est “Paul McCartney will return“.


Le plus énervé avec le moins de moyens : cheapjewels – ✩rockstar✩

| Sélectionné par p.tx

Faisant partie de son premier EP, :c la fin du dream ?, rockstar est aussi un des des premiers sons que la rappeuse a écrit. Marquant un tournant décisif dans son processus d’écriture, rockstar est clairement un banger qui se laisse appréhender aussi facilement qu’une punchline. Tranchant et positif à la fois, le clip est le fruit d’une collaboration entre ami·es, avec (disons le clairement) les moyens du bords. Qui a dit qu’il fallait beaucoup de moyens pour faire un clip percutant ? Cette esthétique DIY, si caractéristique de la manière de travailler de cheapjewels, lui permet de plonger les spectateur·ices en plein ego trip du haut d’un pont, surplombant une autoroute, entre marche sauvage, rassemblement entre potes et trip psycho-musical. Effet caméra embarquée, les plans sont instables et il faudra s’y faire. C’est une esthétique de révolte qui motive les plans à ne surtout pas regarder “au chaud” devant votre écran d’ordinateur à la maison, mais en soirée avec des potes allumé·es !


Le plus mélancolique : BabySolo33 – Giulietta

| Sélectionné par Arotiana

Dans une ambiance feutrée et mélancolique, BabySolo33 nous emmène avec elle au sommet de Paris, plongée dans ses souvenirs d’enfance. Dans Giulietta, elle poursuit son exploration d’une dualité qu’on retrouve dans ses autres morceaux comme Balayette ou LnlyBby : des propos graves chantés dans un ton mélodique et candide. Les sons de violon synthétique et les boucles de piano accentuent ce contraste et accompagnent la mélancolie illustrée dans le clip, nous faisant revivre des scènes du film Lost in Translation dont il est inspiré.

 


Le plus estival : King Gizzard & The Lizard Wizard – Deadstick

| Sélectionné par Juliette

L’été 2025 s’ouvre sur le retour fougueux et cuivré des King Gizzard & The Lizard Wizard avec Deadstick. Entre couleur et noir et blanc, passant de l’humour au morbide, tout s’anime sur fond de fantaisie. Ce titre sonne comme le dernier morceau de Flight B741, et le clip y fait écho. Guy Tyzak, à la réalisation, nous dépeint un crash aérien chaotique mais joyeux ; danseurs de swing et saxophoniste jonglant entre son jeu de musicien et sa cigarette. Ici, on croise le passé et on reprend la danse. C’est un beau retour, fait de douceur et de puissance, et comme toujours, de folie.

 


Le plus dérobé : Matilda Mann – See You Later 

| Sélectionné par Noa

Dès les premières secondes, Matilda Mann plante le décor : elle dérobe une voiture comme on dérobe des sentiments, un futur, des attentes. Et tout le clip de See You Later, extrait de son premier album Roxwell, repose sur ce même geste : subtil, un peu triste, mais parfois doux. Tout est affaire de ce qui nous échappe, ce qui nous a échappé, ce qu’on va dérober, ou nous dérober. Parce qu’au fond, ce n’est pas juste avec une voiture qu’elle se fait la malle. C’est avec un bout de bonheur aussi. Le clip alterne entre deux histoires d’amour : une qui lui échappe, qui la tire loin de ce qui la fait sourire, et une autre, plus calme, plus lumineuse, qui semble lui redonner un peu de souffle. C’est doux, c’est flou, et c’est jamais vraiment dit — mais on capte. See You Later, c’est un clip qui s’échappe. Un peu comme une relation qu’on n’a pas vue partir. Ou comme une autre, qu’on n’attendait plus. Et Matilda Mann, elle, trace sa route — tranquille, en regardant bien dans le rétro.

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