Les clips du mois : septembre
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Auteur·ice : Rédaction
16/10/2024

Les clips du mois : septembre

Les clips du mois, c’est votre rendez-vous mensuel qui vous présente les sorties vidéo de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque mois le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ce mois-ci. 


Le plus double-face : Gia Ford – Housewife Dreams of America

| Sélectionné par Hugo

Véritable colonne vertébrale d’un premier album fraîchement sorti, Housewife Dreams of America possède tout ce qui fait de Gia Ford, l’immense artiste qu’elle est déjà. Préparez-vous, vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elle. Avec son esthétique très Don’t Worry Darling oscillant entre modernité assumée et sixties très caricaturales, la nouvelle révélation anglaise marque les esprits tant par ses textes que ses productions punchy. Au coeur de ses morceaux : les histoires des plus démunis mais aussi des plus dangereux, nous assénant au passage nombre de vérités familières et inconfortables sur nous-mêmes. Meilleure manière de vous faire entrer dans cet univers bouillonnant, Housewife Dreams of America dépeint avec brio, certains maux d’une société qui au fond, n’a pas l’air de vouloir évoluer. Le tout sur un sublime clip en 35mm où notre passion pour le grain rejoint notre affection pour les mots qui frappent.


Le plus couleur pastel : Michael Kiwanuka – Lowdown (parts i and ii)

| Sélectionné par Hugo

Seconde pièce d’un nouvel album des plus attendus, prévu pour le 15 novembre, Lowdown nous rappelle toute la singularité et l’excellence musicale que possède Michael Kiwanuka. Une voix inimitable et un groove profondément intime et sensible, plus besoin de vous le présenter. Alors que notre envie de vous en parler des heures durant se voit rattraper par notre flagrant manque de place – format oblige -, on va tenter de faire simple. Après la sortie remarquée d’un premier single (Floating Parade) interpellant, comme à son habitude d’ailleurs, Lowdown (parts i and ii) vient rajouter à l’attente ayant déjà atteint son paroxysme. Une nouvelle histoire en deux parties révélatrice des réflexions personnelles que Kiwanuka a accumulé ces dernières années. Une première partie pleine d’émotions de laquelle s’en suit un postlude à la composition Pink Floydienne, venu rajouter une nouvelle couche à cet univers songeur. Rendez-vous le 15 novembre pour la suite de l’aventure.


Le plus sablonneux : Lana Lubany – NAZARETH

| Sélectionné par Chloé

Si vous n’avez pas encore entendu parler de l’enchanteresse Lana Lubany, ouvrez bien vos yeux et vos oreilles, car sa pop orientale s’apprête à révolutionner la musique arabe comme Rosalia le flamenco. La nouvelle sensation palestinienne-américaine fait vibrer nos cœurs dans son clip NAZARETH. La chanteuse nous livre une histoire à la fois joyeuse et nostalgique, celle de la ville et de la communauté de Nazareth. Avec un texte évoquant la paix et le réconfort d’un lieu cher à son cœur, la chanteuse nous dévoile un petit coin de son histoire personnelle. En s’appropriant un petit coin de désert, Lana Lubany loue le contraste entre une ville pleine de vie et ses coins isolés qui éveillent le sentiment de solitude.


Le plus extatique : Rahim Redcar – DEEP HOLES

| Sélectionné par Marthe

C’est un clip sous forme de renaissance, à l’image de celle de Christine and the Queens, devenu Rahim Redcar. DEEP HOLES extrait de l’album HOPECORE (2024), illustre le tournant musical de l’artiste qui se produira au Rex, à Paris, le 12 novembre. Et ça tombe bien. Dès les premières notes, casque sur les oreilles, on éprouve une envie monstre d’atterrir en club, et de danser jusqu’à épuisement. Côté image, Rahim Redcar court sur une route départementale en pleine forêt, un voile transparent le recouvrant, sourire aux lèvres, reflétant le bonheur simple d’être soi. La présence de dieu n’est jamais loin, en témoigne les plans le montrant dans une chapelle, et ses adresses au ciel. Mais ici, Rahim Redcar exprime un désir bien plus charnel, celui du corps de l’autre. Il chante : “From the tip of my fingers to the clear of your eye / I want you so / I want your sex, baby“. La pulsion de vie en étendard, baby.


Le plus étourdissant : Nemahsis – Spinning Plates

| Sélectionné par Zoé

Nemahsis, chanteuse canadienne d’origine palestinienne, a sorti son premier l’album de façon indépendante après que son label l’ait virée quelques jours après qu’elle ait partagé des contenus ‘pro-Palestine’ sur Instagram. Spinning Plates est donc issu de Verbathim, sorti le 13 septembre 2024. « Verbathim, c’est juste le mot verbatim, prononcé comme si quelqu’un me tienait la langue » explique Nemahsis, en symbolisant la censure dont elle a été victime. Pour ce titre et ce clip, il est plutôt question de désespoir amoureux. La chanteuse nous donne le tournis, elle écrase son travail de poterie en tournant en rond. Elle chante ne pas mériter l’amour tant elle détruit tout. “When you see me how I see me, you won’t like it”. Le clip est signé Norman Wong, il est sobre, émouvant, puissant. Il en faut peu pour nous faire ressentir beaucoup.


Le plus authentique : Kaeto – KISS ME

| Sélectionné par Caroline

Vous avez dit retour de la dépression saisonnière ? On vous donne un remède electro pop : le nouveau single de Keato qui fait le pont entre un groove et une nostalgie qui réveillent les déesses de la house. On vous l’accorde, la descriptions est ambitieuse mais on vous promet qu’une écoute ne suffira pas pour vous rassasier. Etant actuellement à peu près à 40000 repeats, il est plus que conseillé d’y ajouter une dimension visuelle en regardant le clip filmé en basse qualité façon “Y2k” (ou year 2000 pour les millenials). Un joli face cam écouteurs dans les oreilles, au milieu des buildings et arbres. Plus qu’à vous laisser sur une pirouette post refrain : main character energy.


Le plus cool : Duckwrth – Had Enough

| Sélectionné par Caroline

Le plus cool des plus cool c’est bien Duckwrth, aucun doute la dessus. A son image, stars sur les yeux et bleu métallisé sur les pieds, on nous sert le plan séquence le plus stylé de l’année. De toute façon, il ne nous en faut pas plus qu’une ligne de basse et des pas de danse exécutés avec la précision pour nous chambouler. Jungle peut aller se cacher sur les chorégraphies de clips, le trône est déjà pris il semblerait. On en oublierait presque de mentionner que ce titre, malgré son costume paillettes, parle de dépression et de dépendance. Mais si Had Enough se finit sur le pot, nous, on décide de ne rien jeter.


Le plus angoissé : paulvitesse! – rampe de lancement

| Sélectionné par Charly

Il se retourne le regard alerte. Ouf, plus personne. À moins que… Ah! Une créature, terrifiante, sortie tout droit d’un clip de Marilyn Manson. Des carreaux cassés, une maison abandonnée – bel hommage à Dean Karr, à sa vision aussi chaotique que cette prod industrielle qui semble sortir des profondeurs d’une âme angoissée. Le contraste avec les plans dans un univers aussi coloré que les tobogans du McDo renforce le malaise. paulvitesse! serait-il coincé entre deux âges, deux émotions ? Entre ce costume orange et vert fluo fait de tentacules de poulpe et celui qui recouvre sa peau d’un métal argenté ? Clin d’œil à Norman McLaren, ce clip est un modèle de symbiose entre le son et l’image où « l’œil entend, l’oreille voit », une manière astucieuse de maintenir l’attention à l’heure où plus grand monde n’en a pour regarder un clip. Une vitrine qui donne envie d’entrer dans symptômes, le premier EP de paulvitesse!.


Le plus parano : Ptite Soeur + Gemroz – KAYFABE

| Sélectionné par Charly

« Les paroles ne reflètent en aucun cas des opinions réelles et ne doivent pas être prises au pied de la lettre » nous prévient la description, en réponse au shadowban de Youtube pour des propos qu’on vous laisse découvrir. Le clip s’ouvre par un autre warning sur les flashings lights, les bruits forts ou les jumpscares. Pire qu’un paquet de clopes – on s’en grille une quand même. Plans sous la seconde, schéma de caméras de surveillance, Ptite Soeur et Gemroz semblent recherchés dans ces anciens bureaux formant un décor apocalyptique post-capitaliste. Nos mains deviennent moites en réponse à cette gigantesque parano qui se dessine devant nous et s’écoute dans 1000 références à des complots bien connus des diggers de forums et des tréfonds de Youtube. « Plus rien n’est trépident » pour une génération née à la fin de l’histoire, consciente comme Balzac de la comédie humaine dont les teneurs de ficelles maintiennent l’illusion de vérité comme au catch. Sans que le titre l’annonce, le clip bascule sur le morceau SOEUR LOCATION issu du même projet, et on respire un peu de revoir des couleurs et des arbres. Une œuvre frénétique comme le présent – merci Internet.

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