Les femmes s’en mêlent à travers la France
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Auteur·ice : Victor Houillon
17/04/2019

Les femmes s’en mêlent à travers la France

Quand la fine fleur des artistes féminines se regroupe afin de mettre en lumière les failles d’une industrie toujours très masculine, l’utile se joint à l’agréable. Alors certes, il peut paraître étrange en 2019 de concevoir une line-up en excluant les groupes dont le leader est masculin. Certes, certains festivals majeurs tendent désormais vers une programmation avec autant d’hommes que de femmes à l’affiche, et on félicite notamment l’iconique Glastonbury qui mutliplie les efforts en ce sens. Mais si même le plus réputé des festivals européens n’a pour l’instant pas réussi à atteindre cet équilibre doré, c’est peut-être car si les femmes sont moins mises en avant lors de leur développement, il sera plus difficile pour elles d’arriver à un niveau de notoriété capable de tenir la mythique Pyramid Stage. Pour la 22ème année consécutive, les Femmes s’en Mêlent sillonnent donc la France, et la Vague Parallèle est partie à leur rencontre. Récit de concerts mémorables.

 

LE TRABENDO, PARIS

(Par Victor)

En cette douce soirée d’avril, Paris avait un air de guinguette. La terrasse du Trabendo ne faisait pas exception, avec ses guirlandes, ses food-trucks et sa petite scène aménagée. Sur cette scène, on a eu le plaisir de découvrir Circé Deslandes, auteur de la tristement actuelle Pathologie Contemporaine, une chanson qui dénonce la banalisation du harcèlement dont peut être victime n’importe qui. Une situation que la chanteuse aborde sous le prisme des réactions malsaines qu’elle a reçues suite au succès de Ta Bite (par ailleurs un joli texte, à la fois poétique et détaché). On se laisse ainsi porter par une voix douce mais assurée, posée sur une production qui oscille entre pop et r’n’b, en déambulant le long des stands installés à l’entrée de la salle du Trabendo.

A peine Circé Deslandes a-t-elle terminé sa dernière phrase que retentissent déjà les premiers accords de Croisades, tel le klaxon d’un bateau larguant les amarres. On se précipite donc dans la fosse afin de ne pas rater le départ de l’aventure de Requin Chagrin. Et quelle aventure ! On constate avec plaisir que Marion Brunetto a pris de l’aisance sur scène, accompagnée par un trio de musiciens toujours aussi impeccables. On retrouve les ingrédients qui avaient fait d’eux une des curiosités des derniers Solidays: une basse punk docile, des riffs surfs et des textes candides. Le tout donne un cocktail rose et bleu à la fois optimiste et nostalgique. La joie rencontre la tristesse au fur et à mesure des romances d’Adélaïde, Mauvais Présage ou Sémaphore. Les synthés vaporeux s’entremêlent aux guitares dans une mer de réverb’, mais le groupe utilise désormais le live pour aller plus loin. Sur Sémaphore, justement, un bridge supplémentaire permettra la communion avec le public. Une affaire de contraste sur Soleil Blanc, présenté comme un slow par Marion mais dont les paroles violentes tranchent avec la musique. Une affaire de contraste également sur Dans Le Coeur lorsque le surf-rock devient post-punk. Une affaire de contraste, enfin, sur Le Grand Voyage et son coeur communicatif, merveilleuse manière de conclure un set en passant de la douceur à l’incandescence. Ou presque, car les quatre surfeurs ont su réserver une ultime surprise au public du Trabendo avec un dernier morceau instrumental en trois parties. Des arpèges pleines de chorus à la Purple Rain alternent avec des refrains shoegaze, pour finir par imploser en un bon gros punk, sale et direct. Prendre le public par la main afin de l’emmener de la mélancolie à la délivrance, vous avez maintenant le mode d’emploi pour réussir vos concerts comme Requin Chagrin.

 

LA BARAKASON, NANTES

(Par Océane)

Du côté de Nantes, pas d’air de guinguette, pas d’atmosphère estivale seulement un jeudi soir pluvieux mais qui sera vite oublié grâce à l’accueil chaleureux que nous donnerons les compères de chez Midnight Special Records : Michelles Blades en co-plateau avec Cléa Vincent. Une belle date, sans l’ombre d’un doute.

Le public est au rendez-vous et aussitôt arrivé, aussitôt servi. La belle bande de Michelle Blades prend place sur scène et démarre avec Kiss Me On The Mouth, histoire de captiver la foule dans l’immédiat et la claque est là. Aux aguets, on en demande tout de suite plus, admirateurs de talents que nous sommes sur la côte ouest. L’album Visitor, sorti le 29 mars dernier, dévoile une vraie fougue et une énergie unique. Entre le très efficace Politic!, l’audacieux Piri Piri ou encore le délirant Dr. Psych, on ne peut qu’en rester bouche bée. Le temps défile, les titres s’enchaînent avec des transitions parfaites et le set touche à sa fin, malgré le public nantais qui en demande encore et encore. Dans l’espoir que le retour de la jeune panaméenne soit imminent, on s’échauffe pour accueillir Cléa Vincent qui arrive tout sourire aux alentours de 21h15, vêtue de sa plus belle veste disco et accompagnée de sa bonne humeur communicatrice. Raphaël Léger, illustre batteur, nous stupéfait avec son talent indéniable, tout autant que Raphaël Thyss, aux claviers, et son solo sensationnel dans Château Perdu, sans oublier Baptiste Dosdat à la basse, sans qui le doigté ne nous permettrait pas de nous déhancher sur les mélodies pop colorées de Cléa Vincent. Un dancefloor qu’elle ouvre avec I.R.L, un choix juste pour bon nombre qui ne la découvre que ce soir-là, suivi de Femme est la nuit, ode à la pop moderne, un Château Perdu à couper le souffle ou encore une Maldonne romantique. Une soirée qui restera dans les annales à coup sûr mais aussi une soirée qu’on voudrait voir se présenter de nouveau incessamment sous peu.

 

Des bons concerts, une bonne cause : une fois de plus, cette édition des Femmes s’en Mêlent aura été l’occasion de joindre l’utile à l’agréable !

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