Porte étendard du renouveau de la cold wave française survenu au début des années 2010 et poulain du label Pop Noire (fondé par Johnny Hostile et Jehnny Beth, chanteuse de Savages), le Français Mathieu Peudupin – aka Lescop – revient des tréfonds parisiens avec un deuxième opus, Écho, qui se veut sombrement mystérieux comme son premier LP. Alors que l’écho est une réverbération similaire – mais, moins claire, moins précise, plus caverneuse – au signal sonore émis initialement, le nouveau travail de Lescop est une production qui ressemble, certes, fortement à ce qu’il nous avait proposé il y a quatre ans mais dont le potentiel est complètement différent de celui dévoilé sur le premier album éponyme du Français.
Il semble que les titres d’Écho aient perdu une certaine spontanéité qui a permis à Lescop de se faire remarquer sur une scène française qui se faisait méchamment poussiéreuse. Cependant, cette oeuvre sophomore reste réussie. Tout d’abord, elle reste consistante avec l’atmosphère prégnante que l’on retrouve dans la musique de Lescop mais aussi dans les thématiques abordées (le monde de la nuit, la sexualité, la non-appartenance, …) tout comme dans le personnage lui-même. Les clins d’oeil et emprunts bienveillants à des grands artistes du genre tels qu’Etienne Daho, Serge Gainsbourg (sur le premier titre David Palmer, notamment), Indochine, … sont incontestables et permettent aussi à l’artiste de créer un patchwork d’influences pour forger sa propre vision de la musique. Le single de l’album, Écho, reproduit également la force subtile que l’on peut entendre dans une grande majorité des titres de ses copines Savages. Le tout est complémentent assumé et Lescop se joue aussi de ces conventions musicales pour figer dans notre temps son adaptation contemporaine de plusieurs décennies d’expressions obscures.
Ce qui semble manquer à Écho, pourtant, ce sont des titres-phare, des hymnes au genre et à l’artiste comme La Fôret l’avait été il y a quatre ans. Malgré ce petit point noir, ce nouvel album est comme une promenade nocturne “dans le dédale des rues de Paris” : malgré le sentiment d’inconfort qui peut l’accompagner de prime abord, il y a quelque chose de fantasmagorique et d’addictif à l’errance dans les rues et l’inconnu se mue alors doucement en allié au fur et à mesure que l’on se l’approprie.
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Eternel romantique oscillant entre Belgique et Pologne, il fait de l’electro-pop et de la folk torturée ses crédos majeurs.