Lianne La Havas : diva pop-jazz-soul sur son deuxième album
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Auteur·ice : Mathias Bourgonjon
31/07/2015

Lianne La Havas : diva pop-jazz-soul sur son deuxième album

Ces derniers mois ont été marqués par une attente particulièrement insoutenable pour les fans de l’artiste britannique. Pourtant, le moins que l’on puisse dire c’est que Lianne La Havas est loin d’avoir été avare sur le nombre d’extraits précédant la sortie de son second album Blood. En tout et pour tout, ce ne sont pas moins de cinq titres (la moitié de l’album, autrement dit) qui ont été dévoilés sporadiquement depuis le mois de mai. Plus qu’un beau prélude au long format, donc.

D’un point de vue instrumental, Blood est bien plus ostentatoire que son prédécesseur. Alors que la voix de Lianne La Havas et un accompagnement guitare ou piano se suffisaient souvent à eux-même dans son premier album Is Your Love Big Enough, le nouvel opus propose des titres à l’énergie résolument intense et à la musicalité plus éclectique. Ce qui n’est décidément pas pour déplaire. Blood s’inscrit, dès lors, dans une direction plus pop avec toujours un emprunt important aux mondes du jazz et de la soul.

Marque de fabrique du genre, les cuivres sont prédominants et viennent renforcer la trame de morceaux comme What You Don’t Do ou Midnight, tandis que les batteries organico-électroniques propulsent les singles vers des horizons groovy au possible. La guitare, instrument de prédilection de la multi-instrumentaliste, n’est plus l’indispensable absolu à la construction harmonique, ce qui laisse aussi penser que Blood se veut moins folk, plus lisse et percutant. Les titres phares Unstoppable (premier single de l’album) et What You Don’t Do en sont d’ailleurs les illustres exemples. Avec des morceaux comme Wonderful, Ghost et Goodbye, Lianne La Havas met entre parenthèse l’espace de quelques notes de piano et de guitare le rythme effréné pseudo-pop de ses compositions et ramène à l’avant-plan l’essence de sa musique apaisante et réconfortante. Le temps pour nous de savourer le timbre d’or de la chanteuse.

Notre coup de coeur dans cet opus arc-en-ciel est Never Get Enough, un morceau hybride qui bascule du couplet au refrain entre une ballade bossa nova guitare-voix et une explosion électrique scandée au mégaphone. Un véritable électrochoc de fin d’album.

A l’aide d’inflexions mélismatiques et de son grain de velours, la voix de Lianne La Havas reste le fil conducteur et l’instrument structurant de chaque piste. Malgré le fait que certains lui reprochent un pauvre travail d’écriture sur ce dernier effort (sans pointer du doigt : The Guardian), il est difficile de passer à côté de la technicité du travail vocal de la diva à en devenir, véritable atout de l’artiste. Alors, oui, il est vrai que Lianne La Havas n’éblouit pas de sa prose mais, en même temps, est-cela bien pertinent ? (Et puis, même les Beatles n’avaient pas le vocabulaire le plus élaboré, c’est prouvé.) Somme toute, Blood est un concentré d’authenticité de la part de Lianne La Havas et la production impeccable de ces dix titres ne font que rappeler à quel point l’ artiste londonienne fait des choix efficaces pour sa musique, n’en déplaise aux coupeurs de cheveux en quatre.

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