LO nous dévoile son premier projet Parades sur la scène du Botanique
"
Auteur·ice : Flavio Sillitti
16/03/2021

LO nous dévoile son premier projet Parades sur la scène du Botanique

C’est une musique de crépuscule, taillée “pour les soirs d’orage”, comme le dit si bien cet auteur-compositeur bruxellois. Une chimère de spoken words, de slam et de rap à travers laquelle Loïc Bailly, sobrement renommé LO pour la scène, nous livre ses états d’âme. Un monde teinté de désillusion et de spleen, qui prend vie pour la première fois sur un EP nommé Parades et qu’on a eu le plaisir de découvrir en chair, en os et en frissons, le temps d’un live entre les murs de l’Orangerie du Botanique. On vous raconte.

Le lien du live est à retrouver au bas de l’article.

L’émotion est déjà palpable lorsque l’on pénètre les portes de ce lieu mythique de Bruxelles, près d’un an après un au revoir précipité au “monde d’avant”. Alors que le secteur culturel tire le diable par la queue depuis des mois, le Botanique a mis en place depuis juin 2020 des résidences artistiques, en musique comme en arts plastiques. Ce sont déjà plus de 50 groupes/formations/artistes qui ont occupé leurs salles pour près de 200 jours de résidence, et 45 Live Streams diffusés. Une façon pour les artistes de se familiariser à la scène et d’aiguiser leurs configurations scéniques pour la prophétique réouverture des salles. C’est donc dans ce contexte déjà gorgé d’une certaine poésie semi-apocalyptique que l’on part assister au show de fin de résidence de LO.

Tout sourire, à quelques minutes du lancement de la captation, on échange quelques mots avec le chanteur et son équipe, toustes conscient·es de la chance de pouvoir habiter les lieux le temps d’une soirée. Les derniers détails techniques sont ajustés, l’obscurité gagne la pièce, la fumée s’épaissit, certain·es courent et d’autres scandent le décompte. La nostalgie du live nous gagne, on s’y croirait presque. Et dans ce tumulte empli de tension, Loïc, imperturbable, pianote légèrement, dégourdit ses doigts pour ce beau moment qui s’annonce. Le tableau est frissonnant.

© Photo : Paul-Louis Godier

On digère longuement un show comme celui-là, on s’en souvient comme d’une tempête : déchirante, tumultueuse. Une tempête intérieure, plus précisément, tant LO joue de ses émotions pour titiller les nôtres. Ses textes sont d’une justesse remarquable, à tel point qu’il nous suffirait de vous les retaper pour que vous compreniez. Des textes qui parlent d’eux-mêmes. Des lignes qui virevoltent, au rythme d’une frénésie de piano ou le long des kicks électro de ses productions. Lorsqu’il entame son premier morceau, un piano-voix intitulé C’est pas du spleen, il joue cartes sur table et récite : “Désolé d’avance pour le matraquage, je t’en veux pas si tu changes de plage parce que t’as pas envie de te plomber.” D’autres piano-voix ponctuent le show, avec une cover étonnante du malicieux titre Le Roi de monsieur George Brassens, ainsi qu’une ode berçante à la capitale néerlandaise sur Amsterdam.

La vraie modernité de son univers, c’est sa capacité à poser ses mots tant sur l’organique que l’électronique. Il nous l’avait d’ailleurs déjà prouvé sur Delphine et Mort-né, sur lesquels s’invitait notamment la patte du producteur namurois Olvo. On retrouve alors sur Parade Nuptiale son amour pour la prod et les compositions légèrement plus pop. Un titre plus lumineux que le reste, qui se voit l’écrin du romantisme du monde de LO, avec des phrases à la Saez qui font : “Viens on fait la fête ! Ça sert à quoi d’avoir le seum ? On va quand même tous mourir des mêmes plaies.”

Il y a également des instants lors desquels ses deux facettes se tutoient, lorsque ses arpèges aériens rencontrent ses productions ciselantes. Sur Étoile Filante, des nappes électro vaporeuses enrobent son exécution duelle entre le piano et un synthétiseur aux sonorités d’orgue. Pour Palabreil débute debout et fiévreux d’énergie avant de se loger derrière son instrument pour terminer la pièce entre notes célestes et snares numériques. L’alchimie est complète.

© Photo : Paul-Louis Godier

Notre coup de cœur de la soirée revient à NPQEAC (comprenez Notre Père qui êtes aux cieux), qui aborde les liens entre la religion et nos sociétés. Le texte est d’une intelligence notable, questionnant avec aplomb notre système et l’effet du culte sur ses rouages. Adressé frontalement au Père céleste, le titre souligne les maux de l’homme et réinterprète des formules bibliques pour exposer la misère du monde. “Si les hommes se détestent c’est que tu leur as appris, non ?” se lamente-t-il, alors qu’une cacophonie d’électro et d’instruments à vent (dont des cuivres irrésistibles) s’abat sur lui.

Une prestation complète et des morceaux finement composés qu’il nous tarde de savourer dans leur version audio, mais qui révèlent déjà leur consistance en live. Le premier EP Parades de LO sortira le 23 avril prochain. Soyez au rendez-vous, sa poésie écorchée et vibrante vous le rendra bien.


Tags: LO | Mort-né | Parades | PIAS
@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@