Local Natives – Sunlit Youth : du changement, oui, mais en gardant le meilleur
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Auteur·ice : Mathias Bourgonjon
12/09/2016

Local Natives – Sunlit Youth : du changement, oui, mais en gardant le meilleur

A l’époque où le genre indie connut un essor et une popularité sans égal, le groupe originaire de Los Angeles Local Natives sortit en 2009 l’excellent Gorilla Manor, un album qui marquera par l’habileté harmonique des trois compositeurs du quintet ainsi que par l’ingéniosité rythmique et structurelle des morceaux. Près de sept ans plus tard et le tout aussi bon Humming Bird (2013) sorti entre-temps, le groupe nous honore de Sunlit Youth, un long format certes très représentatif de la personnalité musicale de la formation mais qui fait deviner un certain souhait de faire évoluer le projet vers quelque chose d’un tant soit peu différent dans la forme.

Parce qu’on a tendance à n’en parler que trop peu, soulignons la beauté de la ligne graphique dont quelques bribes ont été parsemées depuis les libertés typographiques pour Past Lives et Villainy ainsi que les jeux de couleur et de transparence sur Fountain of Youth, Coins jusqu’à l’artwork de l’album lui-même. Un bel emballage pour ce troisième opus des Local Natives, donc.

Parlons d’abord de Villainy, tiens. Ce titre, ouvrant à merveille l’album, nous plonge directement dans un univers quelque peu plus électronique que ce à quoi les gars de Los Angeles nous avaient habitués jusqu’à maintenant. Rien de décevant, cela dit. Les constructions harmoniques des voix nous enrobent alors que la minute n’est pas encore passée. Y’a pas à dire, les Local Natives sont bien de retour – en bonne et due forme ! Dès le départ, le groupe nous met face à un ver d’oreille qui respire la fraîcheur et la sincérité. Past Lives est, quant à lui, un peu plus organique dans l’instrumentation mais toujours aussi mélodique et plaisant à écouter. C’est ensuite Dark Days qui vient saupoudrer encore un peu plus de douceur sur l’opus. Difficile de ne pas penser à Foals lorsqu’on entend les premières notes de guitare (et vous savez qu’on les aime bien ici à La Vague Parallèle). Lorsque Kelcey Acer vient y apposer son doux timbre vocal, les Local Natives s’imposent cependant dans leur propre terrain indie.

Fountain of Youth, le single indubitable de Sunlit Youth, indique non seulement un désir d’être libre de toute contrainte physique ou idéologique (“We can do whatever we want, we can say whatever we mean”) mais également une volonté certaine d’évoluer musicalement sans que le résultat ne soit scruté ou analysé pour des raisons qui n’en sont souvent pas. D’ailleurs, ce type d’approche ne semble pas convaincre tout le monde. Il est vrai que ce titre a des airs de Coldplay mais, après tout, il n’en est pas moins délicieux à écouter. Profitez d’ailleurs de la session prévue pour la sortie de leur album :

Masters, déstructuré et plus lourd musicalement, nous ramène les pieds sur terre après le morceau stadium-friendly qui vient de nous être proposé. Jellyfishdoux et éthéré, vient précéder le morceau très bluesy Coins que l’on avait déjà pu découvrir précédemment et, encore une fois, c’est Kelcey Acer qui fait vibrer avec sa tessiture aigüe fragile et percutante. Ce dernier vient partager l’avant-plan vocal avec Taylor Rice, Ryan Hahn et Andy Hamm sur Mother Emanuel, une ode upbeat à vous-avez-deviné-qui. Quel bonheur ensuite d’entendre sur Ellie Alice les crépitements d’une guitare acoustique et les quelques notes épurées d’une basse. Quand leur musique est réduite à sa plus simple expression, celle-ci fait encore mouche. Ensuite, Psycho Lovers et Everything All At Once rendent la priorité à l’aspect percussif mais aucun n’en perd sa subtilité pour autant. Finalement, comme ils avaient commencé cet album, les Local Natives délivrent Sea of Years, quelque chose de plus électronique et conduit par les toms de la batterie et l’obstination de la basse. Le tout terminant Sunlit Youth avec un hymne en apothéose. Dans l’ensemble, donc, un album qui fonctionne très très bien et dont l’intensité est parfaitement équilibrée tout du long.

Oh! Tant qu’on parle des Local Natives, il m’est impératif – si vous ne l’avez pas encore vu – de vous inviter à regarder cette magistrale session acoustique one take organisée par La Blogothèque dans une version magique de leur titre Who Knows Who Cares dans une galerie parisienne. Enjoy!

L’album s’écoute ici :

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