Lola Marsh : “C’est notre mémoire que l’on met en musique”
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
24/01/2020

Lola Marsh : “C’est notre mémoire que l’on met en musique”

En octobre dernier, un jour après avoir fait chavirer les coeurs d’une Rotonde sold out, le band israélien Lola Marsh nous a donné rendez-vous pour nous parler de leur musique nostalgique, de leur nouvel album à venir Someday Tomorrow Maybe et du cinéma de Tarantino. Si leurs morceaux nous avaient déjà fait fondre, c’est par leur bienveillance qu’ils ont officiellement fait de nous de véritables groupies. Génies de la folk sentimentale, les deux membres de Lola Marsh nous ont livré deux trois secrets  et une centaine de sourires.

La Vague Parallèle : Hello Lola Marsh, bienvenue en Belgique ! Votre show hier au Botanique était sold out, comment c’était ?

Gil : C’est notre quatrième ou cinquième fois en Belgique, je pense.

Yaël : Oui, on avait donné un concert au festival Pukkelpop, super souvenir !

Gil : Hier c’était vraiment super. La foule était silencieuse, à l’écoute : quelque chose de très spécial s’est passé hier soir. La salle de la Rotonde est un endroit incroyable, comme un petit amphithéâtre. Et puis les colonnes rendent le tout très architectural, j’aime beaucoup cet endroit. On y avait déjà joué en réalité, pour un petit festival.

Yaël : Oui, c’était Les Nuits du Botanique. Mais si je me souviens bien, la toute première fois où l’on a joué en Belgique c’était pour une session tournée par Bruxelles Ma Belle dans un musée. C’était vraiment cool.

LVP : Le groupe s’appelle Lola Marsh. Mais je ne vois ni Lola, ni Marsh…

Yaël : Come on, moi c’est Lola et voilà Marsh(rires) En vrai, on trouvait juste que ça sonnait bien.

Gil : Allez, raconte lui l’histoire ! C’est une bonne histoire.

Yaël : Pendant un voyage en Chine, on a rencontré cette femme qui nous a confié que, phonétiquement, “Lola Marsh” signifiait “poésie romantique” en mandarin. Du coup, ce nom que l’on trouvait simplement agréable à l’oreille a tout de suite pris un sens tout particulier.

Gil : On pensait avoir trouvé le nom du groupe alors que, d’une certaine manière, c’est lui qui nous avait trouvé.

LVP : Et si vous deviez imaginer cette Lola Marsh, à quoi ressemblerait-elle ?

Gil : Elle ressemblerait à de la poésie romantique ! (rires)

Yaël : Je ne dirai pas forcément “elle”, cela pourrait être un “il” ou autre chose, je ne sais pas… Pour moi c’est plutôt un endroit, un paysage.

LVP : Comment est né(e) Lola Marsh ? 

Yaël : Il y a environs 8 ans, on s’est retrouvés à la même soirée d’anniversaire.

Gil : Bordel, le temps passe si vite ! (rires)

Yaël : Du coup, on a commencer à chantonner un peu pendant la soirée, Gil a la guitare et moi au chant. On a tout de suite ressenti un feeling particulier, ça fonctionnait ! Dès le début, on a pris le projet très au sérieux. On passait la plupart de notre temps ensemble pour réfléchir à des morceaux, etc. C’était assez étrange car on ne se connaissait pas vraiment au début. Mais le temps a fait les choses.

Gil : C’était des sessions très longues, parfois plus de 12 heures à écrire des chansons !

Yaël : Aussi, au début, nous avions chacun des influences différentes et du coup c’était assez compliqué de trouver quel style allait associer tant les intérêts musicaux de l’un que de l’autre.

Gil : Il y a une semaine, je me disais que ce serait une bonne idée de partager un album de nos compositions des quatre premiers mois. C’était tellement varié, très alternatif, on passait d’un genre à un autre. On les a tous essayé dans l’optique de trouver lequel nous correspondrait le mieux.

LVP : Quels sont les principaux messages de Lola Marsh ? 

Gil : Don’t worry, be happy ! (rires)

Yaël : Ça change d’une musique à l’autre. On essaye d’être le plus dynamique possible dans les messages que nous partageons : on aime beaucoup passer d’un sentiment à un autre. On retrouve beaucoup de nostalgie sur beaucoup de titres, aussi.

Gil : Ce sont des morceaux très personnels qui parlent de ressentis que tout le monde expérimente, donc tout le monde peut s’y identifier.

Yaël : Oui, très personnel ! Parfois, on aborde nos souvenirs ou bien on parle de notre relation à Gil et moi.

LVP : Yaël, tu parlais de nostalgie et c’est quelque chose qui se ressent beaucoup dans votre musique. Pas forcément de la tristesse mais de la nostalgie. Comment générez-vous cette émotion particulière dans vos compositions ? 

Yaël Je ne sais pas vraiment. Personnellement, je suis une personne qui vit dans le présent et le passé. Je ne pense jamais à ce qui va arriver dans le futur. C’est pour cela que quand j’écris avec Gil, c’est un condensé de souvenirs qui me viennent et que j’essaie de cristalliser sur un seul morceau. C’est notre mémoire que l’on met en musique, d’où cette impression de nostalgie, certainement.

LVP : Sur In Good Times, nous avons l’occasion d’entendre vos deux voix se mélanger. C’est quelque chose de spécial pour vous ? 

Yaël J’aime tellement quand Gil chante ! Il a une voix magnifique. On a réalisé une cover pour la célèbre série Better Call Saul. C’était une reprise de Something Stupid de Frank et Nancy Sinatra et Gil assurait les lead vocals. Pour moi, ça change quelque chose dans Lola Marsh, ça apporte quelque chose de frais et de nouveau. Depuis ce titre, on s’est rendu compte que c’était clair : Gil devait chanter davantage.

Gil : Sur le nouvel album qui arrivera prochainement, il y a plusieurs morceaux sur lesquels on pourra entendre nos deux voix.

LVP : Vous parlez de votre prochain album attendu pour janvier. Doit-on s’attendre aux mêmes couleurs sur cet album que sur Remembering Roses, votre premier disque ?

Gil : Le premier single Echoes est sorti il y a peu et quand je l’écoute, j’en suis très fier. Je me dis qu’on a vraiment su puiser dans ce qui fonctionnait sur l’album précédent pour l’incorporer sur ces nouveaux morceaux. Parfois, on partait sur quelque chose de très bien, des rythmes qui fonctionnaient. Mais on se rendait vite compte que ce n’était pas Lola Marsh. Et autant c’était compliqué d’abandonner ces bons éléments, autant c’était agréable de s’apercevoir qu’on comprenait autant tous les deux la direction que Lola Marsh devait prendre.

Yaël : C’est la version 2.0, Lola Marsh 2.0 ! On a évolué et on a enfin mis le doigt sur cette couleur, celle de notre musique et de notre univers. On savait vers où nous voulions aller. Le disque est différent, plus concis je dirai. Mais on retrouve toujours des thèmes qui avaient fait la force de Remembering Roses : le côté dynamique, romantique mais aussi l’univers plus dramatique.

LVP : Vous êtes originaires d’Israël. Voir un groupe israélien fouler les planches des plus grands festivals du monde entier, ce n’est pas très commun. 

Yaël : Il y a de très grands groupes en Israël. C’est juste que le pays est petit, et que les occasions de jouer en dehors de ce pays sont rares. Il y a aussi la barrière de la langue, à moins de chanter en anglais comme nous le faisons. Une tournée en Israël peut être bouclée très rapidement car les scènes ne sont pas nombreuses. C’est pour cela qu’on est très reconnaissants d’avoir l’occasion de voyager et de partager notre musique partout dans le monde.

LVP : Vous avez déjà produit des morceaux dans votre langue d’origine ? 

Yaël : On a fait des reprises de plusieurs morceaux mais pas en tant que Lola Marsh, c’était plutôt pour nous.

Gil : On n’a jamais vraiment écrit de titres en hébreu. Mais c’est une très jolie langue, encore plus lorsqu’elle est chantée. Nous n’avions pas vraiment planifié d’abandonner l’hébreu pour l’anglais dans notre musique. C’est juste que lorsque nous nous sommes rencontré, nous étions tous les deux fortement influencés par la musique anglophone, et c’est donc venu tout naturellement.

LVP : Vous auriez un artiste israélien en tête à nous faire découvrir ? 

Yaël : Il y en a énormément ! Je pense notamment à ce groupe qui s’appelle A-wa : ce sont trois femmes  originaires du Yémen qui font cette espèce de hip-hop yéménite absolument génial. Il y a aussi Tomer Yeshayahu qui est assez célèbre et qui est plutôt dans un registre rock en hébreu.

Gil : Il y a également tous les grands classiques de la musique israélienne comme Arik Einstein qui est un peu le Elvis israélien.

LVP : Vous parlez souvent de votre passion pour le cinéma. Comment a-t-il influencé votre musique ?

Yaël : Je pense que lorsque l’on écrit, nous aimons visualiser des paysages et des scènes. Nous avons tout un tas de morceaux qui nous rappellent des films que nous aimons. Indirectement, ces films nous aident à écrire nos textes et à composer nos arrangements.

Yaël : Nous aimons incorporer des sections instrumentales à nos morceaux avec des instruments à cordes, des parties cuivrées ou des sifflements style western. Un multitude de sons que l’on retrouve dans le monde du cinéma et qui colle assez bien avec notre musique.

LVP : Quel est le dernier film qui vous a inspiré ? 

Yaël : Pour moi, c’est le dernier Tarantino, Once Upon a Time… in Hollywood. Tellement bien ! Mais si tu veux vraiment profiter du film, il faut connaître l’histoire de Sharon Tate et de Charles Manson. Si tu ne connais pas ce qui leur est arrivé, ça ne vaut même pas la peine d’aller voir le film.

Gil : Il y a ce film, Green Book, il est incroyable ! Une histoire formidable, un côté très chill qui me rappelle ces films des années 90. Le jeu d’acteurs est dingue aussi.

Yaël : Quand j’étais petite, j’étais aussi une grande fan de comédies musicales. The Sound Of Music a changé ma vie. (rires)

LVP : Votre coup de coeur musical du moment ?

Yaël : Moi, c’est toujours Sufjan Stevens. Un génie ! Il y a aussi ce groupe britannique : Temples, que j’ai d’ailleurs vu jouer au Botanique.

Gil : Je ne pense pas avoir de coup de coeur musical actuellement, mais j’écoute beaucoup Billie Eilish. Sa musique est incroyable. J’aime aussi énormément Childish Gambino et tout ce qu’il a sorti récemment.

LVP : Si vous deviez décrire votre musique en un seul plat, ce serait lequel ? 

Yaël : Gaufre de Bruxelles ! Ça va surement être mon sujet de discussion préféré des prochains jours tellement j’en ai mangé.

Gil : Un vrai délice !


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