Looking For Space, l’album de tous les possibles pour Mild Orange
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Auteur·ice : Hugo Payen
09/03/2022

Looking For Space, l’album de tous les possibles pour Mild Orange

| Photo : Kenzie Pigman

Alors qu’ils sont des plus actifs sur les scènes de leur Nouvelle-Zélande natale, les discussions autour des sonorités incandescentes de Mild Orange se font plus rares de notre côté du globe. Après la sortie de deux albums aussi sublimes l’un que l’autre, c’est en ce début d’année que ces quatre compères ont décidé de nous revenir avec ce nouveau chapitre qu’est Looking For Space. Malgré plus de treize heures de voyage et une connexion internet désireuse, nos crooners néo-zélandais nous en ont dit plus sur ce nouvel album haut en couleurs. Immersion au cœur de ces melting melodies, aussi puissantes que raffinées. 

L’histoire de Mild Orange débute sur le campus de l’Université de Otago, sous le soleil de la Nouvelle-Zélande. Originellement formé par Josh Mehrtens et Josh Reid, deux amis d’enfance réunis plus tard lors de leurs études, c’est quelques mois plus tard que Tom Kelk et Jack Ferguson les rejoignent. Le groupe de rock aux mélodies introspectives et aux sonorités chaudes et langoureuses vient alors de voir le jour.

L’orange, une couleur synonyme d’optimisme

Alors que Mehrtens et Reid vivent sous le même toit en plein cœur de Dunedin, seconde plus grande ville du pays, les nuits passées ensemble à élaborer de nouvelles mélodies s’enchaînent. Les premières chansons qui composeront Foreplay, premier album du groupe, prennent vie. Un premier album qui nous sera dévoilé début 2018, où leur quête constante de chaleur et d’optimisme arrive à se faire entendre grâce à des sonorités voluptueuses, gorgées de soleil. Le groupe gagne alors en visibilité, notamment avec des titres comme Some Feeling ou Mysight, qui cumulent à eux deux près de vingt-cinq millions d’écoutes.

On écrit sans cesse. D’ailleurs je dirais qu’on écrit plus des chansons que des albums. Depuis la sortie de notre premier album, on ne se pose plus trop cette question de quel album on fera ensuite. On écrit tous les jours, puis ça prend forme. Chaque album est un mix de tous ces moments d’écritures étalés sur plusieurs mois, plusieurs années parfois. 

Un besoin permanent de composer qui permet à Mild Orange de nous dévoiler, deux années plus tard, un deuxième album qui porte leur nom. Si Mild Orange semble en apparence bien différent musicalement parlant, l’ADN du groupe elle, demeure intacte. Avec ce nouvel opus, le groupe nous emmène dans un univers plus romantique, plus sensible, où certaines sonorités se voient être épurées. L’idée est alors de laisser plus de place aux profondes émotions qui le composent. Une envie qui se ressent sur des morceaux comme Hey, où Mehrtens nous raconte ce côté très mystérieux en début de relation amoureuse où le doute plane quant aux envies de la personne en face de nous.

De nouvelles directions

En ce début d’année, c’est avec Looking For Space que le groupe a décidé de revenir nous émerveiller. Quand on demande à ces quatre crooners néo-zélandais comment ils décriraient ce nouvel album en un mot, impossible de se mettre d’accord. Deux mots semblent pourtant être au cœur des discussions : contemplatif et nostalgique. Après une courte réflexion et quelques rires, le groupe se met d’accord sur ceux-ci. En effet, si ce nouvel album nous semble tout récent, il représente déjà quelque chose de très nostalgique pour le groupe. Sur Looking For Space, chaque morceau correspond ainsi à un moment de vie issu de ces deux dernières années. Des moments qui leur ont fait du bien, sur lesquels ils ont fini par prendre du recul, comme nous l’explique Josh Reid, guitariste du groupe.

Beaucoup de choses se sont passées pendant l’écriture de l’album. Le fait d’écrire un album sur un grand laps de temps permet de comprendre tous ces événements et au final, d’en tirer tout le positif possible. Looking For Space parle surtout de ce pouvoir que peuvent avoir certains moments de nos vies, de la manière dont on les comprend et les accepte.

Le côté rêveur du groupe prend ainsi de nouvelles perspectives sur ce nouvel album. Le lead singer du groupe nous raconte que même si nous pouvons retrouver les sonorités bouillonnantes des débuts, véritable touche Mild Orange, ce sont bien de nouvelles barrières musicales qu’ils ont essayé de franchir cette fois-ci. De fait, Looking For Space a été enregistré en toute simplicité. Enfermé dans des maisons en bord de mer sur les côtes néo-zélandaises, et quelques studios à travers le pays, chaque morceau possède sa propre sonorité, sa propre atmosphère. Ils adoptent ainsi l’isolement comme une voie vers une connexion plus profonde avec la musique. Chaque morceau possède au final sa propre émotion.

Aurora et What’s Your Fire ont été enregistrés pendant l’hiver, alors qu’on était perdus en pleine montagne sous les vents glaciaux. C’est ce moment-là, à cet instant précis, qui nous a permis d’avoir cette intensité. Alors que This Kinda Day a été enregistré en face de l’océan, ce qui joue aussi énormément dans le mood du morceau. Puis d’un autre côté, pour FEAR et Oh Yeah, on était en studio en plein cœur d’une grande ville pleine d’énergie. 

Avec Looking For Space, le groupe laisse indéniablement plus de place à la musique, prend le temps de nous conter ses nouvelles histoires. L’authenticité musicale du groupe reste ainsi immuable à travers ces onze titres qui le composent. Sur la forme, le pari est donc bel et bien réussi.

 

Si Mild Orange arrive toujours à nous impressionner avec ses arrangements aussi naturels que captivants, le fond, lui, n’en est que sublimé. Sans grande surprise, la plume sincère du groupe qui nous a fait chavirer dès le début continue de nous envoûter à travers des textes remplis de sens et d’espoir. Comme nous l’explique Josh Mehrtens, le thème central derrière Looking For Space est tout simplement la relation qu’on entretient avec nos vies, la place qu’on y occupe. La manière dont nous arrivons tous à les gérer au final, et à en tirer parti malgré les nombreux obstacles que l’on peut y rencontrer.

Trust the waves
And where you’ll go
‘Cause you never know
What it may hold

(Colourise)

Après avoir écrit Aurora et What’s Your Fire lors du premier confinement, la production d’un nouvel album était plus qu’évidente pour Mild Orange. Looking For Space débute avec panache sur Colourise et F.E.A.R, deux titres gorgés de cette énergie et de cette intensité dont Josh Mehrtens nous parlait plus tôt. Les arrangements nous prennent par la main et nous font (re)découvrir cet univers où chaleur et optimisme se mélangent, et nous font oublier nos quotidiens. Le temps d’un instant, on s’imagine allongé sous le soleil le long de ces côtes neo-zélandaises. Après six minutes, on peut dire que le pari du groupe est déjà réussi.

 

Par la suite, pas de grande surprise, étant donné que nous connaissons déjà les quatre morceaux qui nous arrivent dans les oreilles. Afin de nous mettre l’eau à la bouche quant à ce nouvel album, certains morceaux nous ont déjà été dévoilés. C’est le cas pour The Time of Our Lives, This Kinda Day, Oh Yeah et What’s Your Fire?. Quatre morceaux connus certes, mais au sein desquels on aime toujours autant se plonger.

J’ai écrit Oh Yeah en sachant que je ne voulais pas parler de quelque chose en particulier. Mais au final, cette décision a quand même sa signification. J’aime ce côté ironique, et je trouve ça assez comique qu’on ne puisse jamais vraiment s’échapper des significations qu’on donne aux choses qui nous arrivent. C’est pour ça que pour une fois, j’ai voulu écrire à propos de rien. Ce qui à ce moment-là représentait juste un pur moment de plaisir pour moi.

Ce nouvel album semble alors se diviser en deux parties grâce à Take a Moment, un interlude au titre révélateur, qui nous permet de reprendre notre souffle entre toutes ces envolées de couleurs. L’accumulation d’émotions en tous genres redescend et nous laisse découvrir avec quiétude le titre suivant qu’est Aurora.

Après les riffs effrénés de Reid et Mehrtens qui composent ce neuvième titre des plus pénétrants, Looking For Space arrive doucement à sa fin. On retrouve ainsi la douceur de Hollywood Dreams, sorti il y a de ça quelques mois, avant de nous plonger dans ce petit chef-d’œuvre qu’est Music. Avec cet avant-dernier titre aux arrangements fulgurants, le groupe nous explique qu’il a voulu aborder cette idée de persévérance envers toutes ces choses qui nous font du bien mais qu’on finit par abandonner, qu’on finit par oublier sans raison.

Music. est potentiellement notre morceau préféré de l’album. Pourtant, on a eu du mal à l’enregistrer au début. À un moment, il a fallu s’y mettre sérieusement et se remonter les manches. On était à la moitié de l’album, il était tard et on avait déjà bu quelques verres pour célébrer tout ça (rires). Là est venu l’idée de peut-être l’enregistrer d’un seul coup, en live du coup. On a commencé à jouer ensemble, très naturellement. On s’est juste amusés au final, d’où les rires à la fin de la chanson ! 

Après plus de quarante minutes aussi intenses que délicates, Photographics vient clôturer le dernier chapitre en date du groupe neo-zélandais. Sur fond d’arrangements voluptueux, Mild Orange nous donne une dernière lueur d’espoir en nous disant que «  If there’s a will, then there’s a way / To make life look like a movie with you ». De quoi fermer avec beauté la porte d’un troisième album indéniablement réussi.

2022 c’est l’année de quoi pour Mild Orange ? Eh bien ça risque d’être une assez grosse année je pense. Pour nous en tant que groupe, mais aussi en tant qu’individu.


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