Love Songs, palme de la plus longue (et plus belle) déclaration d’amour de l’année pour Zimmerman
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Auteur·ice : Hugo Payen
25/02/2024

Love Songs, palme de la plus longue (et plus belle) déclaration d’amour de l’année pour Zimmerman

| Photos : Hugo Payen pour La Vague Parallèle

Dans notre série d’albums les plus romantiques de l’année, Love Songs de Zimmerman se glisse indéniablement en haut du classement. Quelques mois après la sortie de son puissant Wish You Were Here, c’est à travers dix morceaux débordant d’amour que Simon Casier nous revient. Rencontre. 

Réaliser le disque le plus romantique du 21ème siècle : tel était le défi que Simon Casier, l’artiste derrière Zimmerman, s’est lancé. Bon, même si l’on peut dire qu’il a de la concurrence tant l’amour imprègne la plume de nos singer-songwriteur·euses préféré·es à travers le globe, on peut dire qu’il a réussi son coup. Et pas qu’un peu.

Habitué des sorties d’albums entre ses projets avec Balthazar et ses albums en solitaire, l’excitation est au rendez-vous pour Simon en ce début février. Avec ces dix morceaux dégoulinant de tendresse et de couleurs, comment ne pas être exicté·es. Aux antipodes d’un album brise-cœur, Love Songs parvient à nous plonger dans cette attendrissante réalité : celle de l’amour quotidien.

Dans la lignée de son prédécesseur, Love Songs nous invite dans l’intime et le spontané. Une bouffée d’honnêteté envers sa fiancée (Noémie Wolfs) que Simon Casier ne pouvait garder plus longtemps. Quand on voit le résultat, on ne peut que l’en remercier.

La Vague Parallèle : Commencer un album sur une demande en mariage, ça pose le ton dès le départ !

Simon : Et dire que ça devait être un morceau bonus à la base (rires). C’est potentiellement le dernier morceau de l’album que j’ai écrit d’ailleurs. Au fur et à mesure, je me suis dit que débuter l’album sur une demande en mariage, c’était plutôt fort. Après avoir terminé l’écriture, je lui ai demandé de venir l’écouter et me donner son avis – comme je le fais à chaque fois. C’est assez cool de vivre avec quelqu’un qui chante aussi bien qu’elle (rires). Dès qu’elle entend les premières phrases où j’écris que la musique était mon premier amour et le restera, elle se met à rire. « T’es sérieux là ? » qu’elle me dit (rires). Puis la chanson suit son cours jusqu’au moment décisif. Bon, au début je dois avouer qu’elle m’a demandé si c’était une blague, étant donné que ça fait des années qu’on en parle sous forme de petites blagues. Elle a dû mettre dix grosses minutes pour réaliser que c’était tout sauf une blague cette fois. Je suis content que ce morceau ouvre l’album !

LVP : Love Songs parle inévitablement d’amour sous toutes ses formes. À la fois de manière très directe, où les grandes métaphores habituelles sont mises de côté, mais tout en gardant une certaine subtilité dans le choix des mots. Est-ce que c’est compliqué de parler d’amour de manière très directe justement, comme tu le fais tout au long de l’album, sans rentrer dans le cliché ?

Simon : D’une certaine manière oui, c’est compliqué. Après, je n’y ai jamais trop réfléchi non plus. J’ai beaucoup écrit ce que j’avais sur le cœur, sans réellement repasser sur chaque phrase un million de fois. En réalité, les mots sont venus assez facilement. Sur mon dernier album, Wish You Were Here, j’ai commencé à écrire de manière très directe. Chose que je n’ai pas réussi à faire sur mon premier album par exemple. Et ce, parce que je ne vois pas réellement d’autre manière d’écrire sur ces émotions-là. Quand j’ai commencé l’écriture de Love Songs, c’était presque impossible pour moi de revenir en arrière et de reprendre toute l’honnêteté que j’avais à donner.

LVP : Faire un album comme celui-là, c’est quelque chose que tu as toujours eu en tête ?

Simon : Loin de là. Pour ce qui est de la musique, j’ai tendance à ne pas trop réfléchir à l’avance à ce que j’ai envie de faire. Ce n’est pas comme si je m’asseyais derrière mon bureau en ayant en tête « allez, faisons un album qui parle d’amour ». Ça vient très naturellement pour moi : quelques petites notes, des audios sur mon téléphone, etc. Quand je commence à réellement travailler dessus, c’est là que je fais ma sélection et que je construis un peu la chose. J’ai tout de suite compris que j’avais quelque chose de très romantique et de très positif en tête par contre. J’étais en pleine écriture de Wish You Were Here à ce moment-là, qui va un peu dans le sens opposé émotionnellement parlant. Je pense que ça a joué dans le caractère très coloré et positif de Love Songs.

LVP : Avec ce nouvel album, on te découvre également à travers des sonorités différentes que celles dont tu nous avais habitué·es sur ton premier album, The Afterglow.

Simon : The Afterglow était très uptempo, avec pas mal de guitare. Je pense que je m’inspire beaucoup des instruments qui m’entourent, que j’ai chez moi. Depuis The Afterglow, pas mal de choses ont changé (rires). J’ai la chance d’avoir un petit studio chez moi et ça fait quelques temps que j’explore le pan (steeldrum). Quand j’ai entendu cet instrument pour la première fois, je me suis tout de suite demandé quel pouvait être son rôle dans des compositions plus pop. J’en ai rapidement loué un, puis je pense pouvoir dire que je suis tombé amoureux de l’éventail de son qu’il pouvait procurer et de toutes ces perspectives de compositions ! J’ai toujours eu envie de faire quelque chose avec pas mal de cordes aussi. Le mélange de toutes ces choses sonnait pas mal avec les histoires que je voulais raconter. J’adore cette idée de créer un tout et d’expérimenter une multitude d’arrangements en me basant sur un instrument dès le départ.

LVP : Un peu comme la colonne vertébrale sonore de l’album ?

Simon : Tout à fait. Entre le pan et le flugelhorn qui sont à la base des arrangements, je pense que c’est ce qui crée toute l’identité sonore très chaude de l’album. Le pan est en majorité utilisé dans la musique caribéenne, qui est très dansante et chaleureuse. L’utiliser dans un contexte plus mélancolique était une expérience super intéressante !

LVP : Comme tu nous l’as expliqué, tu essayes de ne jamais sur-réfléchir la musique que tu crées. Tu es d’ailleurs partisan du « faire la musique qu’on veut faire, quand on veut la faire ». Tu dirais que c’est la base de ton processus d’écriture, cette idée de liberté musicale permanente ?

Simon : Je commence toujours sans avoir d’idée bien cousue. Partant d’une idée, je modèle ce que j’écris jusqu’à obtenir quelque chose qui fait sens avec ce que j’ai envie de proposer sur le moment. J’ai pas de plan, je ne me pose aucune deadlines. Je compose quand je sens que c’est le bon moment. Ce que j’adore !

LVP : L’expérience en studio doit être différente différente aussi. 

Simon : J’adore enregistrer chez moi ! Imagine : tu te réveilles, tu prends ton café et tu pars enregistrer sans même devoir t’habiller (rires). C’est clairement un luxe. Tu dois réfléchir en permanence sur chaque détail, chaque petite chose technique.

LVP : Est-ce que c’est parfois compliqué à gérer, le côté très solitaire de la chose justement ?

Simon : Je fais pas mal de démos, où je suis seul à tout jouer. Puis j’envoie ces quelques idées aux personnes qui vont pouvoir m’aiguiller, qui vont pouvoir me dire les points forts et les points faibles tout en oubliant le fait que oui, c’est une démo. De ça, je commence le réel enregistrement avec les autres musiciens du groupe. Je n’aurais jamais cru pouvoir enregistrer ma musique chez moi, ça change pas mal de choses. On n’a évidemment pas pu enregistrer toute la partie orchestrale dans mon minuscule studio (rires), mais le reste du processus en lui-même est très intime. Ça a un certain côté un peu plus paisible, tu peux te laisser un peu plus de temps pour digérer ce que tu composes.

LVP : Pas mal d’artistes se nourrissent de l’amour dans leur musique. Avec Love Songs en véritable hymne à l’amour, est-ce tu dirais qu’écrire toutes ces choses te permet de laisser passer et de comprendre certaines de tes émotions, de manière plus cathartique ?

Simon : Je pense que si ce n’était pas le cas, je n’écrirais pas toutes ces choses. Sur Wish You Were Here, c’est clairement ce qu’il s’est passé. Mettre certaines émotions en mots, puis en musique, c’est un processus bien cathartique. Avec Love Songs, l’idée était de crier tout mon amour justement.

LVP : Tu penses qu’écrire Wish You Were Here a influencé, d’une certaine manière, l’écriture de Love Songs ? D’un côté, tu abordes la perte d’un amour et de l’autre, tu abordes ton désir constant pour que l’amour demeure.

Simon : C’est sûr même. Wish You Were Here est tout autant que Love Songs, un album qui parle d’amour. De manière très différente, on s’entend, mais le cœur de la musique est le même. Je dirais qu’écrire Wish You Were Here a initié cette honnêteté que l’on retrouve sur Love Songs. Comme si ça avait débloqué quelque chose.

LVP : Ces deux albums sont aussi personnels et vulnérables l’un que l’autre, mais en même temps bien différents quant au message. Se mettre à nu comme tu l’as fait sur ces deux albums, c’est quelque chose de compliqué quand on n’en a pas l’habitude ?

Simon : Ça n’a jamais été quelque chose de voulu ou de réfléchi. Je pense d’ailleurs que si je n’avais pas sorti Wish You Were Here juste avant, Lovesongs n’aurait pas résonné de la même manière. C’est les retours que j’ai reçus qui m’ont permis d’avancer dans ce processus de mise à nu et d’honnêteté complète. Quand les personnes qui écoutent ta musique comprennent chaque chose que tu as voulu y dire, y mettre comme émotion, ça te motive à continuer.

LVP : Tu seras sur la scène de l’Ancienne Belgique le 13 mars prochain, je suppose que vous êtes excités ?

Simon : Évidemment ! Après, c’est un sacré casse-tête de jouer un album rempli d’arrangements orchestraux, de couches et de drumsteel (rires). Il y a une certaine relation que les artistes entretiennent entre les lives et les versions studio. L’un doit être meilleur que le deuxième mais l’autre doit être meilleur que le premier. On joue quelque chose de différent mais qui reste dans la même atmosphère, la même dynamique et les mêmes couleurs. Les morceaux sont les mêmes, mais on est obligé d’apporter quelque chose de nouveau aux arrangements. C’est ce que j’adore à propos des lives, tu peux faire vivre tes morceaux différemment sans jamais les dénaturer. C’est différent mais ça se complète tellement. Les premières dates qu’on a fait nous ont vraiment motivés pour la suite !

LVP : Est-ce qu’on peut dire que Love Songs est la plus longue déclaration d’amour jamais écrite ?

Simon : Je pense bien (rires). Peut-être même qu’elle n’est pas assez longue ! On m’a récemment demandé ce que j’allais écrire pour mes vœux de mariage du coup. Je viens d’écrire un album entier ! Ça compte comme vœux de mariage non (rires) ?

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