Loyle Carner nous revient avec l’engagé Yesterday
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
13/11/2020

Loyle Carner nous revient avec l’engagé Yesterday

“Fuck it, new music next week. Who’s here?” C’est par ces mots doux que l’un des kickeurs les plus bouillants de l’Outre-Manche nous a teasé son retour début novembre. Plus d’un an et demi après la sortie de son second album Not Waving, But DrowningLoyle Carner semble enfin décidé à nous dévoiler la nouvelle ère de sa musique. En compagnie du producteur de légende Madlib, il dégaine Yesterday et sa verve imparable par la même occasion. 

Le prince des rimes n’a plus besoin de le prouver : poésie et rap sont synonymes, et chaque morceau du rappeur semble le clamer. On se souvient ainsi avec nostalgie (et une vive envie de replonger dans sa riche discographie) la finesse avec laquelle il parvenait à appliquer des sujets personnels, intimes, identitaires (bref : touchants) à des instrus toujours plus efficaces. Son flow froid et minutieux, souvent technique, n’enlève ainsi rien à la ferveur de ses textes et les émotions qu’ils renferment. Pour Yesterday, il réitère cela en associant un sample de génie à un texte poignant à l’encontre des discriminations sociales et politiques. Des lignes qui résonnent avec hargne au triste contexte actuel en matière de discriminations raciales.

It’s really just about what it is to be black and white,

in a world where you pretty much have to be one or the other.

It hurts the way I felt about my race back then, is the same way I feel now.

 

Le sample en question puise sa force soul dans l’excellent This Is The Ending Of Our Love du groupe The Si-Berians. D’abord revisité par Madlib à la sauce funk en 2014 sur Cue 1, l’extrait semble avoir trouvé en Carner le partenaire idéal pour accompagner ses cuivres imposants et son esprit old school délicieux. L’alchimie est électrisante. Le clip est signé par le tandem Coyle-Larner Brothers (composé de Loyle lui-même et de son frère Ryan) dont on avait pu apprécier l’approche sur un visuel de la chanteuse britannique Arlo Parks pour son excellent Eugene. Comme le nom du morceau l’indique, on a ici affaire au fil rouge de la temporalité, et c’est donc dans un timelapse autobiographique que l’on suit les années écoulées du rappeur.

Vers la fin de la séquence apparaît un poster imprimé du visuel accompagnant la sortie (représentant une fusion abstraite des visages de Loyle Carner et Madlib) couronné de l’inscription MADLOYLE. Titre d’un prochain album à venir ? Début d’une collaboration sur la durée entre les deux artistes ? Quoi qu’il en soit, à l’écoute de ce Yesterday, l’une ou l’autre de ces propositions nous comble de joie. Vivement la suite.

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