Macadam Crocodile : “On s’est dit qu’on allait enregistrer notre premier album en live”
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Auteur·ice : Chloé Lahir
10/04/2019

Macadam Crocodile : “On s’est dit qu’on allait enregistrer notre premier album en live”

On a rencontré Xavi Polycarpe, qui compose avec Vincent Brülin le duo Macadam Crocodile qui nous avait juste coupé le souffle lors de l’ouverture de la date de l’Impératrice à l’Olympia en janvier dernier ! Pour l’occasion, on s’est rendu dans le studio de Xavi, fraiche caverne d’Ali baba mais déjà tellement rétro et bien garnie de claviers et orgues en tout genre. J’y ai même pu expérimenter son mythique CP 80 pour le plus grand plaisir de mes petits doigts de claviériste, un pur bonheur.

La Vague Parallèle : Hello Xavi, tout d’abord j’aimerais en savoir un peu plus sur l’origine de ce duo. Vous avez chacun pas mal de projets assez prenants à côté comme Gush pour n’en citer qu’un, est-ce que Macadam Crocodile est votre projet principal actuellement ?

Xavi : Oui on est bien pris, on avait chacun nos carrières. Moi avec Gush, Vince faisait partie d’un groupe qui s’appelait Fortune, il a aussi joué avec Alain Chamfort et avec Izia. En fait on se connaît depuis hyper longtemps tous les deux. On a juste commencé à jouer ensemble de manière récréative et à se voir entre tous ces projets importants justement, qui nous prenaient pas mal de temps. On faisait des heures de studios avec Gush, on était occupés dans la prod, ca réfléchissait etc. On se voyait donc en dehors de tout ça pour souffler, faire un peu de musique à la cool et improviser pas mal. C’est vraiment parti d’impros et de jams à deux dans le studio de Vince sur des vieux orgues un peu seventies, un peu psychés avant d’évoluer vers quelque chose de plus funky et plus électro.

LVP : Donc à la base, Macadam Crocodile c’est plutôt un duo d’amoureux du jam plutôt qu’un projet en lui même ?

Xavi : Oui c’est parti d’une envie de se rafraichir un peu et simplement jouer sans penser stratégie, orientation et toutes ces choses là. On joue simplement et ça nous fait du bien ! C’est comme aller faire un tennis ou un footing tu vois.

LVP : Jamais d’autres potes ont voulu venir jouer avec vous pendant ces jams ?

Xavi : Si on avait quelques potes qui passaient de temps en temps jouer avec nous mais c’était vraiment à deux qu’on faisait ce truc là. Après on a d’autres potes qui nous proposent régulièrement de se joindre à nous si on a besoin d’aide et pourquoi pas, mais pour le moment on aime bien être un duo, ça fonctionne bien comme ça.

LVP : Vous continuez  toujours vos autres projets en parallèle ?

Xavi : Vince a arrêté ses tournées. Moi ces derniers temps je me suis occupé de ma nouvelle maison et aménagé ce studio. Je viens d’avoir une fille donc j’ai dû un peu réduire aussi et mettre en stand-by les autres projets. Macadam Crocodile est le seul que j’ai gardé en ce moment, c’est devenu un peu notre projet principal à tous les deux. Après j’aimerai faire un disque de mon côté aussi, un peu plus pop mais ça viendra tranquillement.

LVP : Quel a été le déclic qui a fait de votre duo, qui à la base était récréatif, un projet à part entière, qui porte un nom et qui tourne ?

Xavi : En fait ca s’est vraiment fait progressivement. Au début moi j’étais en tournée avec Gush, Vince avec Izia donc on se voyait de temps en temps. Puis on a commencé à jouer dans des bars alors qu’on avait pas de morceaux, on improvisait sur des loops qu’on avait un peu trouvé sur nos iTunes ou spotify, qu’on avait un peu traficotées et sur lesquelles on avait rajouté des lignes de basse, des lignes de synthés etc. Les gens kiffaient !  Il n’y avait pas vraiment de chansons ou de titres dans notre truc et l’idée c’était plutôt de faire danser les gens. Par la suite, au fur et à mesure on a eu de plus en plus de propositions et c’est devenu quelque chose qui prenait de la place jusqu’à devenir un réel projet. Pour être programmés souvent il fallait un nom, donc on en a cherché un, c’est venu assez naturellement. Macadam Crocodile ça mélange le côté macadam assez urbain, la ville, les clubs dans lesquels on joue et en opposition le côté un peu animal et reptilien du crocodile. On trouvait que l’association de ces deux mots représentait bien l’énergie du groupe simplement, on aime bien ce nom.

LVP : Maintenant il n’est plus question uniquement d’impro, vous composez également puisque vous avez enregistré deux titres sur un disque. Quel est votre processus de composition ?

Xavi : C’est vraiment parti de loops de funk, d’afro funk, d’électro, de sons qui existaient déjà qu’on aimait bien, sur lesquels on a construit de nouveaux trucs, on a supprimé des trucs d’origines et on les a fait évoluer. Donc c’est plus des “tourneries” que des chansons type couplet / refrain. On fait tourner des ambiances et on essaie vraiment de faire danser. On a fait des lives parfois de 3h sans s’arrêter ! Il n’y a pas d’interruption entre les morceaux, on conçoit notre live comme un DJ set, c’est vraiment ça l’idée.

LVP : Vous êtes multi-instrumentistes tous les deux. Est-ce que vous intervenez un peu sur tout ou chacun a son instrument ?

Xavi : C’est vrai que dans notre set c’est vraiment Vince qui est à la batterie et moi au synthé, après on fait tous les deux un peu de tout dans la composition. On a tous les deux joué de la guitare, des petits bouts de piano, un peu de basse etc. On utilise ableton live et ça permet de tester des lignes de basse en direct, de les enregistrer et d’en choisir la meilleure. Donc tout ça est assez instinctif, ca prend forme au fur et à mesure.

LVP : Au final vos sons évoluent sans cesse du coup ?

Xavi : Oui tout ça a pas mal évolué, on était beaucoup plus sur la longueur avant. Puis avec le temps on a commencé à être programmés dans des festivals un peu plus sérieux où il fallait jouer des sets d’1h ou 45min donc on a du soigner les transitions et réduire un peu les morceaux. On a en quelque sorte un peu “formaté” notre truc et c’est pas plus mal car ça a donné quelque chose d’ encore plus efficace !

LVP : Si tu devais me parler de vos influences ? On entend vraiment pas mal de choses très diverses dans vos sons, To the River est très arabisante avec une basse un peu electro même sur le début, alors que From The Dark Night est très funky.

Xavi : Oui c’est vrai que le truc qui relie un peu le tout c’est vraiment la danse. Après on a un amour commun du groove un peu funk. Et tout ça peut ensuite dévier sur des trucs un peu arabisants, planants par moments même. Il y a aussi un côté un peu pop dans ce qu’on fait. On est fans de la pop musique, Gush c’était carrément des chansons pop ! Bon la on ne fait pas vraiment des chansons mais il y a un peu de chant, des mélodies et des paroles quand même.

LVP : Il y a des artistes que tu as en tête qui vous réunissent tous les deux ?

Xavi : Oui on a des artistes qui nous réunissent, qui ne s’entendent pas dans Macadam Crocodile d’ailleurs. On peut êtres fans tous les deux des Beatles par exemple, mais on est aussi fans d’artistes comme Zombie Zombie, des trucs un peu plus dark. Après dans ce qui se fait aujourd’hui on aime bien ce que font l’Impératrice, leur amour du groove est super ! Il y a aussi tout ce qu’on a pu sampler à nos débuts, des vieux James Brown, du Prince, des basiques quoi, qu’on a maniés à notre sauce et emmenés ailleurs ! Il y a ce groupe, Neu!, des années 70 qui nous unissait beaucoup à l’époque de nos premiers jams.

LVP : Ça fait longtemps que vous vous connaissez Vincent et toi ?

Xavi : Oui avec Vince on a fait le collège et le lycée de blues quoi donc ça n’a rien à voir. On a toujours joué de temps en temps ensemble. Je dirai qu’on a commencé à jouer un peu plus souvent vers 2013-2014 et c’est vraiment en 2015 qu’on s’est dit qu’on devait faire le truc un peu plus sérieusement;

LVP : Actuellement il y a donc ces deux titres qui sont dispos sur les plateformes, est-ce que vous avez un projet d’enregistrement d’un EP, un album ou autre ?

Xavi : Alors oui du coup on se chauffe à faire un truc ! On a sorti ce disque deux titres que tu connais et qui a été enregistré en studio. On a trouvé ça cool mais on s’est dit que c’était pas vraiment l’ADN du groupe, qui est plutôt vraiment basé sur le live. On fait évoluer les titres avec ce qui se passe dans la salle. Donc on s’est dit qu’on allait enregistrer notre premier album en live quoi et donc sortir notre disque live, sans version de studio, mis à part les deux morceaux du précédent disque. On est en train de taffer le truc pour que ça soit au millimètre et pour pouvoir le réécouter. Donc ça se passera le 11 avril au Badaboum sur invitations. On va vraiment faire participer les gens, qu’ils puissent être sur la scène avec nous, qu’on fasse partie de la fête, que ce soit pas un show classique. On est là, on fait une grosse fête, on enregistre et après on fait un gros mixe pour que ça ait quand même de la gueule et on sort notre disque qui aura été enregistré en live avec les quelques petits défauts live qui feront le charme du truc.

LVP : Génial comme idée, et pourquoi avoir choisi le Badaboum pour cet enregistrement ?

Xavi : On a pensé à plein de trucs, on s’était dit qu’on ferait ça sur un ring de box, dans une salle de sport etc et  on s’est finalement arrêté sur l’idée du Badaboum. On aime bien la salle, on a rencontré les mecs qui la gère, qui étaient à fond pour faire ça avec nous donc il y a eu une sorte de connexion qui nous a paru un peu évidente et on a arrêté de cherché. Le fait de le faire dans une salle de concert au final ça facilite plein de choses au niveau technique, captation donc c’est plutôt cool.

LVP : Pour cet enregistrement d’album vous prévoyez de rester tout de même sur un format DJ set ?

Xavi : Oui pas d’arrêt, c’est nous quoi ! On va pas rajouter des trucs après ou avant tu vois, on va tracer ! Après je pense que les titres seront quand même découpés pour pouvoir les écouter séparément, on va pas faire une longue plage à écouter d’une traite quoi. (rires)

LVP : Et au vu de ce que tu disais sur ce côté très impro, j’imagine que vos live sont tous uniques et ne se ressemblent pas. Ça a pas été trop compliqué pour vous de prévoir cet enregistrement ? Vous comptez garder une part d’impro quand même ?

Xavi : Alors on a fait une console 16 pistes justement car notre projet principal c’était vraiment d’enregistrer notre live. Et on galérait, on écoutait des concerts de 3h avec pleins de pins parce qu’il y a beaucoup d’impro donc on s’est dit qu’il fallait qu’on garde ces plages qui nous font vibrer et qui font vibrer les gens mais en cadrant un peu le truc aussi afin de faire disparaître les côtés relou du live et qu’on puisse en garder que le meilleur. On travaille beaucoup les structures pour que ça soit calé tout en conservant des plages improvisées, on y tient ! Donc voilà ça sera l’équivalent d’un disque de 8 ou 9 titres.

LVP : Un long disque donc si on se réfère à la longueur de vos deux titres déjà sortis ! (rires)

Xavi : Oui on verra ce que ca donnera, en tout cas ça ne sera pas un format pop à passer en radio, c’est pas le but. On se dit surtout qu’on sera content si des gens passent notre son en teuf sur YouTube ou Spotify et qu’ils kiffent  ! (rires)

LVP : En plus ils pourront mettre l’album d’une traite, même pas besoin de transitions !

Xavi : C’est clair !

LVP : J’ai vu que vous avez fait pas mal de dates durant l’année 2018, notamment sur Paris et aussi beaucoup de festivals puisque votre univers s’y prête bien ! Tes ressentis sur l’Olympia dernièrement en première partie de l’Impératrice ? Est-ce la plus grosse salle que vous avez fait avec Macadam Crocodile ?

Xavi : C’est la plus prestigieuse. Après en terme de jauge on a fait des lives plus gros. On a fait le Pete The Monkey où il y avait quand même pas mal de monde aussi, en plus ce n’était pas la même chose car on a joué vers 22h30-23h, c’est différent que de faire une première partie où tu joues 20min.

LVP : Vous l’avez senti comment cette première partie ? Le public de l’Impératrice a été assez réceptif à votre set ?

Xavi : Oui plutôt réceptif après pour avoir fait l’Olympia plusieurs fois ce n’est pas le public parisien le plus réceptif mais c’était cool. L’impératrice nous ont proposé de faire plusieurs dates avec eux et on s’est retrouvé à Bordeaux, Lyon etc dans des salles qui étaient déjà remplies dès la première partie ! On était hyper contents.

LVP : Comment vous vous êtes retrouvés à faire leurs premières parties ? Vous vous connaissiez ?

Xavi : Je crois qu’il nous avait vu une première fois quelque part et certains d’entre eux nous ont revu une deuxième fois à Pantin et en fait ils sont venus nous accoster. Ils connaissaient bien Gush et même d’autres trucs qui dataient d’avant Gush, quand j’avais un autre groupe, qui ne sont jamais sorti d’ailleurs et ça faisait hyper plaisir ! Et voilà ils nous ont demandé si on était partant pour faire leur première partie sur leur tournée d’automne et on a été super chaud surtout qu’on les suit et qu’on adore ce qu’ils font, c’est hyper funky et bien fait, donc parfait quoi !

LVP : Un concert ou un festival qui t’as marqué plus que les autres ?

Xavi : Justement Pete The Monkey, La Douve Blanche ou encore un autre truc à Paris qui était super qui s’appelait Les Grands Voisins. C’était vraiment des lives d’1h – 1h30 où on a vraiment l’occasion de prendre les gens, c’est différent d’une première partie. Après même en une demie heure on a l’occasion de faire kiffer les gens, tu l’as vu à l’Olympia, ça marche quand même !

LVP : Mis à part l’enregistrement de l’album live, est-ce que vous avez d’autres projets à venir ? Des dates ?

Xavi : Oui on a de nouveaux des festivals qui tombent et justement pour ne pas refaire ce qu’on a fait depuis 1 ou 2 ans déjà il y aura la sortie de cet album qui va permettre de graver dans le marbre ce qu’on a fait jusque là. Donc c’est cool et ça permettra d’être écouté un peu ailleurs qu’en live et pouvoir faire autre chose maintenant. On va donc tourner un peu cet été et partir un peu sur d’autres boucles, insérer d’autres parties, d’autres trips.

LVP : Souvent les gens aiment bien ressentir cette petite différence qu’il y a entre l’enregistrement studio qu’ils écoutent et le live auquel ils vont assister, ce petit plus qui donne envie justement d’aller voir le groupe en concert !  Avec un album live qu’est-ce qui selon toi pourrait être le plus à apporter à vos futurs concerts du coup ?

Xavi : En effet j’entend souvent des gens dire d’un groupe qu’il pète plus en live. Après des fois j’adore aussi entendre un truc en studio que j’entend pas forcément lors du live, je peux être déçu aussi dans ce sens là. Donc nous c’est simple on va enregistrer notre live et ce qu’il y aura de moins quand t’iras l’écouter c’est qu’il n’y aura pas le visu et l’énergie qu’il y aura dans la salle, donc forcément ça sera moins bien quelque part, même si on va le mixer pour que ça soit le plus kiffant possible ! Mais il y aura donc toujours un petit plus à venir nous voir en concert. (rires)

LVP : Une chanson à écouter en tournée ?

Xavi : Il y a tellement de trucs ! Je dirais un bon Dire Straits, classique, ou un bon vieux Eddy Mitchell ! (rires)

LVP : Pas de trucs récents ?

Xavi : Si j’écoutes plein de choses qui sortent en ce moment, Pépite, Fishbach, Cléa Vincent, Juliette Armanet, Clara Luciani… Tout ça j’écoute et je trouve ça hyper cool. Quand tu me posais cette question je pensais plutôt à un bon vieux truc de tournée à écouter en camion. (rires) Mais on écoute tout ces sons là en tournée, toute la scène française actuelle. Je trouve qu’il y a plein de trucs vraiment bien qui sortent en ce moment, je suis assez curieux des ces sons là même si ça n’a pas forcément de rapport avec Macadam Crocodile. Bon Voyage Organisation c’est cool, Papooz aussi c’est des potes ! Un groupe aussi qu’on adore qui s’appelle Poudre Noire, ils n’ont encore rien sorti par contre. Donc voilà, j’ai fait la pub de tous les groupes du moment. (rires)

LVP : Pour finir, j’allais demander si tu avais une découverte récente à faire partager, mais vu que tu en as déjà dit beaucoup … (rires)

Xavi : Je t’ai déjà tout sorti (rires). Non en découverte je propose d’aller écouter La Chica. C’est une copine qu’on aime bien Vince et moi ! Un autre artiste que j’ai beaucoup aimé dernièrement c’est Muddy Monk avec cette fameuse chanson, Baby.

 

Vous l’avez donc compris, le live de Macadam Crocodile à ne pas manquer c’est celui de demain 11 avril au Badaboum pour l’enregistrement de leur album ! Allez vite vous inscrire sur l’évènement si ce n’est pas encore fait : MACADAM CROCODILE REC PARTY 1ST ALBUM. Une chose est sûre : ce live restera gravé dans vos mémoires et sur les sillons !