Un premier album doit marquer les esprits. On en parle souvent comme de la première porte vers un univers propre, souvent intime. Et ça, Edouard Van Praet semble en avoir fait son leitmotiv pour son nouvel album Mascarades. Un premier album fracassant, aussi contrasté qu’audacieux, qui casse les codes et fait tomber les masques.
Étymologiquement, les mascarades sont ces faux-semblants qui nous permettent de cacher quelque chose, mais aussi d’en révéler une autre. Si, quotidiennement, beaucoup se cachent derrière des masques avec l’idée de plaire au plus grand nombre, d’autres choisissent au contraire de s’en défaire.
Pour son premier album, c’est vers la seconde option qu’Edouard Van Praet a décidé de se pencher. Et quel bon choix. On peut dire qu’il en a fait du chemin depuis la sortie en 2021 d’un premier EP coloré, aux contours anglo-saxon affirmés. Avec Is This Over ou Doors dans les oreilles, dur de ne pas succomber à cette voix profonde, déjà marquée par la vie. Une voix qui en a des choses à nous raconter et qui, finalement, nous rappelle sans vergogne celle d’un Pete Doherty sur Grace/Wastelands.
Une époque révolue à en croire son nouvel éventail de productions toutes aussi pêchues et profondes les unes que les autres. Car oui, par-delà les genres musicaux, c’est un Edouard Van Praet à cœur ouvert que l’on découvre sur les quelques morceaux qu’habillent Mascarades.
Un cœur aux extrêmes bien définis qui rejoint cette folie créatrice qu’il n’a cessé d’explorer au fil du temps. Tel un explorateur du son, l’artiste bruxellois oscille en permanence entre douceur et violence. Une exploration de la diversité des styles qui l’habitent depuis des années, poussée par ces sonorités électroniques initiés sur son précédent Cycles.
Deux extrêmes qui arrivent finalement à créer un son bien précis, aux sonorités variées mais qui nous invite dans un univers presque anti-rock où les carcans rigides du genre s’envolent.
Mes heures s’épuisent
À éjecter mes crises
À déverser mes crises
Je cherche à bercer mes nerfs
Cherche pas à percer mon faux mystère
Un premier opus réussi qui brise les codes, marie les genres et surtout, nous dévoile qui se cache derrière le masque d’Edouard Van Praet. Long de ses douze titres fracassants, Mascarades pousse les barrières et propulse son auteur vers de nouvelles perspectives. Pour la première fois, Edouard Van Praet est lui-même. Et on va pas se mentir, ça se sent et s’entend.
Du folk rock de ses débuts aux productions transe aux bpm exponentiels, tout en passant tant par le jazz que la pop : Mascarades est un voyage qui en son cœur se cache un artiste qui est parvenu à absorber ses multiplicités pour les régurgiter en une synthèse stupéfiante.
Et si l’effervescence d’une release party des plus réussies entre les murs du Botanique peine encore à retomber, la suite de l’aventure ne risque pas de nous apaiser. Au contraire. Cette fois-ci, Edouard Van Praet n’a plus peur. Il ose, le crie haut et fort, se déchaine et finalement, reste lui-même.
Toujours au premier rang d’un concert par amour mais surtout parce que je suis le plus petit. Je fais de la mélancolie mon principal outil.