Maxime Denuc, au nom du père, du fils et du saint-after, amen
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Auteur·ice : Matéo Vigné
25/10/2022

Maxime Denuc, au nom du père, du fils et du saint-after, amen

Le producteur électronique basé à Bruxelles revient avec un album composé à l’orgue MIDI, de quoi donner une touche cléricale à une musique qui secoue bien plus les dimanches matins qu’une sortie à l’église.

Vous me direz église et musique électronique ce ne sont pas forcément des termes qui vont de pair. C’est plus ou moins vrai. Si l’on se penche sur ces dernières années, on a vu de plus en plus de ponts se créer entre la maison du Seigneur et la musique anticonformiste produite par ordinateur. Samples religieux, concerts dans des églises, instruments empruntés au registre sanctifié, tout est bon pour puiser son inspiration ailleurs, et peut être même là-haut, au moment de produire.

C’est le pari qu’a fait Maxime Denuc, producteur compositeur de musique électronique basé à Bruxelles. Son dernier album Nachthorn sorti sur le label Vlek, est entièrement composé à l’orgue électronique MIDI. Ce disque, enregistré sur le grand orgue de l’église St. Antonius de Düsseldorf, a comme particularité d’utiliser l’instrument autrement. Équipé d’un système développé par la société allemande Sinua qui offre la possibilité de contrôler tous ses claviers et timbres via un ordinateur, l’orgue se transforme ainsi en un puissant synthétiseur qui prolonge à foison les notes et exacerbe la sonorité pour lui donner plus de corps, plus de réverbération. Comme une forme d’intervention divine, un filtre venu du ciel.

Selon lui, cette configuration a été révélatrice au moment de produire cet album : « Ce dispositif m’a permis de concrétiser le projet dont je rêvais depuis longtemps : imaginer une dance music totalement acoustique dont l’orgue serait le seul acteur ». On retrouve dans Nachthorn une construction quasi savante, une hybridation entre musique électronique et musique classique. Le morceau Agoraphobia, au tempo plus rythmé, rappelle tantôt une track de house qu’une sonata d’église passionnée. Le morceau introductif, Edo, nous envoie presque dans les pattes d’un Brian Eno, tout en ambient et en contrôle, une maîtrise du son poussée à son extrême, des nappes qui viennent s’ajouter les unes aux autres et qui donnent une sensation de légèreté, d’onirisme, de réconfort. Un truc qu’on pourrait écouter au petit matin pour se remémorer les coquineries de la veille, un lundi matin pour apaiser les ravages du weekend, un jeudi soir pour pimenter un peu sa semaine, un vendredi midi pour anticiper les fêtes auxquelles on va assister. 

Maxime Denuc est le cofondateur du duo Plapla Pinky, avec Raphaël Hénard, qui propose une approche plutôt singulière de la musique électronique : un doux mélange de rave, de contemporain, de baroque. Ils se sont produits dans des festivals pointus tels que le Sonar en Espagne, la Villette Sonique en France, Club Metro Kyoto au Japon ou encore Today’s Art aux Pays-Bas.