Méga love pour le Micro Festival : escapades en niche liégeoise
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
24/08/2021

Méga love pour le Micro Festival : escapades en niche liégeoise

On a tendance à l’oublier, mais au-delà de nos contrées bruxelloises de bobos mélomanes, la musique fait rage. Sorti·es de notre zone de confort nombriliste, nous sommes donc parti·es découvrir ce qui se fait de mieux en termes de programmation. Et c’est à Liège que la musique nous a porté·es. Plus précisément au Micro Festival, vallée belge de la musique instrumentale alternative. Un rendez-vous incontournable qu’on a pourtant contourné toutes ces années, et auquel on dédie aujourd’hui un mea culpa élogieux – à juste titre. Récit photos du Jour 2 au Micro, c’est maintenant.

| Photo : Caroline Bertolini

Muni·es de notre Covid Safe Ticket pour profiter comme si c’était la vie d’avant, sans masques et distanciation, nous arrivons sous une météo incertaine (et typiquement belge), tout en ayant raté le concert de Tukan. Comme arrivée en festival, on a vu mieux. Heureusement, nous avions déjà pu témoigner de la magie du quatuor bruxellois au Volta il y a peu (on vous en parlait ici). On découvre alors l’agencement circulaire du festival qui arbore trois scènes seulement et qui organise ses concerts en quinconce, permettant au public de ne pas devoir se déchirer entre deux coups de cœur. Niveau programmation, on s’attend à en ramasser plein les oreilles, le line up rassemblant la crème de la nouvelle musique instrumentale alternative. On regrettera tout de même le manque de diversité à l’affiche, notamment au vu du (trop faible) nombre de femmes artistes programmées.

Nous voilà sustenté·es d’une Smash (de la brasserie liégeoise Curtius) lorsque l’on met les pieds dans l’antre de l’Oasis 3000. Une scène qui n’a pas volé son nom, tant cet espace couvert et bétonné semble l’hôte d’une effervescence hédoniste qu’on aurait du mal à quitter. D’autant plus quand les ondes électroniques et hip-hop des producteurs Baluum et Johnny Golden, du collectif Golden Globe, nous frappent le corps, ce dernier s’animant automatiquement au rythme d’une setlist aux influences “kaytranadiennes” plus qu’opportunes pour débuter la fête.

Golden Globe (Baluum et Johnny Golden) | Photo : Caroline Bertolini

Au bout de quelques lives au sein de l’Oasis 3000, on se rend rapidement compte de la particularité de cet endroit. Notamment grâce à sa disposition scénique ingénieuse qui permet de vivre deux expériences de live différentes : l’une, classique, avec les festivalier·ères faisant face à l’artiste, et l’autre plaçant la foule tout autour de la performance, façon Boiler Room mais en mieux. Un certain KAMIKAZÉ s’y produit, le public l’entourant. Quelques morceaux lui suffiront pour imposer sa fièvre hardcore et directe – un brin débridée mais absolument jouissive – et réchauffer l’atmosphère pour préparer au mieux le Micro Festival au vu de la soirée qui s’annonce. Une fois la nuit tombée, on s’émerveille à la vue de cet arc de tubes de LED réactifs aux BPMs ambiants, une installation signée Unsigned, qui viennent accompagner le sirtaki électronique du duo HUN HUN, maîtres du synthétiseur aux sonorités arabesques mesmérisantes.

| Photo : Caroline Bertolini

C’est également dans ce cadre unique que l’on assiste à la messe prodigieuse de Bolis Pupul, mieux connu en tant que moitié du duo Charlotte Adigéry. Sans équivoque notre concert clé du jour, avec un set oscillant de l’électronica nostalgique d’un Flavien Berger jusqu’à la hargne techno plus corrosive d’un Boys Noize mâtinée des frappes stratosphériques d’un bon Justice. De quoi vous situer la bête.

Le temps de revenir sur nos pas pour aller s’abreuver de l’autre côté du festival que l’on tombe sur le Malibu Circus, pierre angulaire de l’esprit fantaisiste et déjanté du Micro Festival. Cette scène colorée est dédiée à des dj sets éclectiques, parmi lesquels celui du tandem liégeois JAY & SLITE nous aura particulièrement marqué·es de leur electronica expérimentale.

Outre la qualité des sets qui s’y déroulent, ce lieu aura attisé notre curiosité pour les légendes gravitant autour. Cloisonnée d’une série de skis et bien gardée par Jabba Le Hut et un éphèbe à la peau disco, cette scène polyvalente dispose d’une plaine de jeux en récup’ ainsi que d’une petite entrée secrète menant au Pays des Merveilles – pour petit·es et grand·es. Un emblème du festival qu’on espère retrouver l’an prochain.

| Photo : Caroline Bertolini

Lorsque l’on prend pour la première fois la direction de la Circus Stage (main stage du festival), c’est pour assister au concert des The Brums. Plutôt connu du biotope musical bruxellois, mais pas encore de nos oreilles, le band arrive avec les meilleures armes : saxophone, trombone et trompette. Le set-up du groupe nous donne confiance en leur pouvoir, à raison puisqu’une fièvre communicative s’en dégage instantanément. Un savant mélange de cuivres et d’ondes électroniques capable de secouer les esprits encore endoloris par la veille dès le milieu de l’après-midi. Et ça, c’est beau.

The Brums | Photo : Caroline Bertolini

On retrouve aussi sur la scène principale le band bruxellois ECHT! et leur nu jazz imparable. Si on attendait beaucoup des quatre gaillards, c’est que leurs premiers singles avaient fait mouche en incorporant les codes des musiques électroniques dans leurs compositions organiques détonnantes. Et le résultat en live offre une vraie claque. Le band sait faire crier les instruments à cordes comme personne, tandis qu’une batterie frénétique s’assure de dynamiser le show de tout son long. Tout en synchronie et communion, les quatre instrumentistes se donnent la réplique avec une finesse à savourer sans modération. Coup de cœur pour leur voluptueux CHARLIER qui infuse une véritable atmosphère au chapiteau dès les premiers coups de basse.

ECHT! | Photo : Caroline Bertolini

Derrière L’Eclair se cache un sextet suisse à la musique plurielle et au groove absolument enivrant. Fruits d’une multitude d’instruments aux origines diverses, les sonorités qui s’échappent de leurs performances viennent instantanément titiller les fièvres dansantes qu’on a gardées trop longtemps en nous cette dernière année. Maîtrisant la philosophie progressive avec brio, c’est à coups de boucles et de répétitions instrumentales que leurs morceaux feront se soulever le public entier pour un instant d’effervescence collective mémorable.

L’Éclair | Photo : Caroline Bertolini

C’est finalement avec YĪN YĪN que l’on finira la soirée. Et on n’aurait pas pu rêver mieux pour dire se dire au revoir. Figures emblématiques du label Bongo Joe aux côtés de pointures telles que The Mauskovic Dance Band ou encore Altin Gün, c’est grâce à leur disco rétro aux saveurs sud-asiatiques que les quatre instrumentistes nous feront décoller tout droit pour le pays des roulements d’épaules et de fracas de nuques incontrôlables. De la double guitare électrique du leader Yves Lennertz au kimono pourpre du bassiste, on en a pris autant dans les tympans que dans les rétines.

Yin Yin | Photo : Caroline Bertolini

On se souviendra longtemps de cette visite au Micro Festival qui – on peut désormais l’affirmer – se dresse comme le rendez-vous belge estival de cette nouvelle scène niche alternative à garder à l’œil. Mêlant scénographie éco-responsable, tarifs abordables, décors DIY absolument délirants et une programmation en laquelle on peut vraiment avoir confiance (mais qui y gagnerait à inclure plus de femmes artistes), c’est en grandes pompes que ce petit calibre niché en terres liégeoises s’offre un retour réussi, qui ne laisse présager que du bon pour les éditions à venir.

| Photo : Caroline Bertolini

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