Johnny Jane est de retour et c’est sur une pop éclatante qu’il nous promène une nouvelle fois dans ses pensées jusqu’à en traverser les nôtres. Galvanisé par une année chargée, de l’EP JTM à son passage remarqué au MaMA, il a bouclé 2022 comme un roi, sur le parquet d’une Maroquinerie transpirante, scandant son nouveau single Normal alors à peine sorti. Mais surprise, Johnny n’est pas fatigué et le transi d’amour s’est réservé la Saint-Valentin pour offrir au public son nouveau morceau introspectif : Missiles.
C’est toujours le cœur ouvert au papier à musique que Johnny Jane nous entraîne dans une nouvelle aventure avec Missiles. Si son dernier EP JTM avait pour squelette la fin d’une histoire d’amour, contée sur des productions envoûtantes aux instrumentations cycliques, Missiles surprend par ce nouveau chapitre amoureux flânant sur une rythmique cadencée. Serait-ce la fin de la mélancolie brusque et tendre d’un Johnny Jane qui capturait avec justesse l’inconstance ? Pour l’heure, le projet de Johnny ressemble à une affirmation pop rock cohérente, collant à l’esthétique visuelle et aux thématiques qu’on lui connaît. Une des grandes qualités de Johnny Jane est d’avoir su révéler son univers en musique si précisément que toute dose de nouveauté enjolive la formule qui avait pu nous séduire : une voix rocailleuse, un esprit éclairé défendant ses émotions et une musicalité entêtante.
La patte Johnny Jane, il la signe donc d’une main de maître. C’est avec maturité et toujours en pleine conscience que l’artiste-conteur nous livre un récit qui troque les gants de boxe pour une lettre ouverte à la discussion. Là où JTM dépeignait l’ivresse profonde d’émotions versatiles et se lisait tel un purgatoire, c’était également un EP traversant les phases d’une rupture menant à un retour vers soi. Ce dernier on le sent, car l’instant de ses émotions, Johnny le capture, et là où il vaguait dans une conversation incessante avec le passé nostalgique, il semble avec Missiles surfer avec tout autant d’honnêteté sur le présent. La quête de compréhension toujours, mais de soi, avant tout et sans dramatisation. Le bleu du spleen, en 2023, Johnny Jane l’accompagne de rose. Les mêmes thématiques sont abordées mais Johnny avance et nous embarque sur la route.
Il se cache dans la musique de Johnny Jane du mouvement aux airs de cinéma, de la place du souffle dans ses chants empreints de Nouvelle Vague, à la mélodie enveloppante, éveillant l’imagerie, le souvenir et paralysant le temps. Une pop bien placée donc, puisqu’évocatrice. À nos yeux, la force de Johnny réside dans cette balance entre l’instinctif et le réfléchi, dans la sincérité de ses textes miroir d’une liberté d’être, et puis dans son esthétique singulière et brute, aussi.
Plus solaires, les deux derniers morceaux de Johnny Jane nous rappellent la conclusion de son EP qui, avec Zéro comme dernier titre, traduisait cette envie d’avancer, grandement figurée par la réalisation musicale de ce titre, forte de sens et annonciatrice. Ses fidèles acolytes, les frères Amiard, aussi connus comme le duo Jersey, sont d’ailleurs toujours présents et l’accompagnent dans ce nouveau chapitre artistique avec des sonorités encourageantes. En effet, Normal, sorti fin décembre, dessinait déjà une nouvelle perspective musicale avec ce trot de guitares aiguisé. En bon fédérateur de l’intime, Johnny Jane semble porter son regard sur les scènes à venir avec ces deux derniers titres, qui, à nos oreilles, semblent sculptés pour le live.
On s’y voit déjà, et on vous invite à prendre vos places… C’est à la Gaîté Lyrique que ça se passe, le 25 mai prochain ! Et puis en attendant, on vous conseille de garder un œil sur Johnny Jane, sait-on jamais si des surprises se cachent dans ses tiroirs d’ici-là.
Amoureuse de la nostalgie heureuse des morceaux de Joe Dassin, je n’ai rien d’autre à confesser.
