Moji x Sboy dévoilent leur Temps d’aime
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Auteur·ice : Giulia Simonetti
20/06/2021

Moji x Sboy dévoilent leur Temps d’aime

À mi-chemin entre l’amour et la haine, Temps d’aime est le tout premier projet du duo liégeois sorti le 11 juin dernier. Influencé par la culture urbaine américaine, leur style et leur sens esthétique se démarquent de ce qui est présent pour le moment sur la scène hip-hop belge. Nous avons eu l’occasion de discuter avec eux de cette sortie et de les accompagner à un pop-up store à Liège ce samedi 19 juin.  

C’est sous un beau soleil bien belge que nous avons rencontré les deux artistes qui nous ont aussitôt plongés dans leur mixtape. Composé de douze titres, le projet est un beau cadeau qui parle des déclinaisons possibles de l’amour : tantôt tout rose, tantôt tout noir. Rien n’est figé et stable dans une relation.

Au cours du temps on voit que ça peut être tout rose, plus intense encore, puis plus froid ou carrément très froid comme avec ROCKSTAR. L’amour peut entraîner la haine, mais ce n’est pas le premier point qu’on veut montrer avec le projet. Par contre, on veut montrer que ça en fait partie aussi parce qu’en vrai de vrai, la réalité n’est pas toujours toute rose. Par exemple tu peux aimer quelqu’un et ce n’est pas réciproque. Il y a plein de situations différentes où les personnes peuvent s’identifier et se retrouver dans un son plus que dans un autre. Ce qu’on a voulu faire c’est justement d’avoir un aperçu des situations par lesquelles on est passé, et avoir une bonne palette de différentes interprétations. 

| Photo : Guillaume Scheunders   

La solitude, l’addiction, l’excuse, ce sont des feelings et des actions que l’amour peut provoquer, s’ajoutant à ces différentes déclinaisons de couleurs. Montrant de cette manière que l’amour n’est pas quelque chose de stable et de tout droit, il est presque inévitable de passer par différentes étapes.

Quelquefois tu dois t’excuser, parfois t’as la haine, t’as donc des sentiments universels et qui touchent un peu tout le monde. Parfois tu ne ressens même plus rien, t’es là tu te laisses vivre, tu te laisses emporter. Puis, après tu te rends compte que tu as fait des erreurs, tu t’excuses. On est passé un peu par toutes ces étapes-là, et forcément il faut du temps pour aimer. C’est pour ça Temps d’aime.

 

Pour saisir le projet, plusieurs degrés de lecture s’offrent à nous. Parfois nous avons l’impression que les deux artistes nous parlent directement, comme s’ils étaient à côté de nous, en nous racontant quelque chose d’assez intime et profond. Puis, dans d’autres sons, on ressent une certaine distance, un recul.

Agir et avoir écrit ce projet de cette manière est un choix artistique. On avait aussi des collaborations dans certains morceaux, comme dans CHIMIQUE, et ce n’était pas possible de se dévoiler de A à Z. Donc c’était important pour nous de faire un son qui sortait un peu de l’ordinaire. Tandis que sur les autres sons, qui sont plus intimes, c’est vraiment notre but de faire passer nos émotions et qui nous sommes, sans filtres. 

 

Temps d’aime recueille des états d’âme différents pour former une histoire où les paroles sont choisies et posées au bon moment. Dans Les larmes des étoiles par exemple apparaît toute la difficulté de dire « je t’aime » à quelqu’un, par manque de réciprocité ou à cause de sentiments qui restent bloqués dans les limites de l’amitié. Puis arrive Milla, le huitième titre :

C’est un son important pour nous, on écoute beaucoup de XXXTENTACION, et de tout ce qui est un peu fait aux US. La prod est assez contrastante par rapport au texte. Pour l’écriture, on voulait parler de quelque chose de plus large que de l’amour. C’est plus un son de récit, dans lequel on décrit comment une fille qu’on peut trouver belle peut vivre des choses en interne qui sont tellement fortes qu’elles peuvent mener jusqu’à la mort. C’est ça qu’on voulait raconter. On ne sait pas ce que cette personne vit intérieurement. Les mélodies et la prod sont hyper joyeuses et les paroles sont vraiment terre à terre, on retrouve une histoire sombre. On aime beaucoup ce morceau-là pour ce contraste. 

| Photo : Kelvin Konadu

L’influence américaine tout au long de la mixtape est donc palpable. En plus de cette influence, on retrouve à plusieurs reprises des ambiances Lo-fi et acoustiques comme dans Medecine ou Ma Go et puis d’autres titres plus emo-rap. Ce qui montre la polyvalence et les grandes capacités de ce si jeune duo qui ne s’est pas privé de deux belles collaborations.

Avec Geeeko, on s’était croisé il y a très longtemps à une soirée. On avait déjà énormément kiffé son attitude, ce fait qu’il soit plus dans un style américain que français. Et on s’était toujours dit que, si un jour on allait faire un projet, on l’inviterait. On a suivi ce qu’il faisait, et encore une fois on était dans le même mood, exactement dans les mêmes périodes de nos vies, et donc le son est sorti naturellement. Pour Luv Resval c’est plutôt le confinement. Initialement, on n’était que nous deux sur ce titre, puis on avait l’impression que c’était un peu court, il fallait quelqu’un et on a contacté Luv. Il a répondu présent, on s’est vu à Paris au studio et on a fait ça correctement ! 

 

Des noms comme Ozhora Miyagi, Chuki Beats ou encore Louis Dureau ou Skuna sont présents dans la réalisation de ce projet, qui montre toute la qualité que les deux rappeurs veulent diffuser, tant d’un point de vue musical qu’esthétique. Avec un style assez unique, on ressent que Moji x Sboy ne veulent ressembler à personne. « C’est un peu notre combat, on veut vraiment s’habiller et être comme on le sent. C’est un souhait, on ne se force pas ». Comme on ne force pas l’écoute du projet, elle se fait naturellement, en boucle et en prenant le temps d’aime(r).


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