Mood Ring est un remède à la dépression générationnelle des Millennials
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Auteur·ice : Valentin Dantinne
19/08/2021

Mood Ring est un remède à la dépression générationnelle des Millennials

Notre prêtresse est de retour avec un troisième single, lui aussi présent sur Solar Power, son troisième album attendu pour ce vendredi 20 août. Restant toujours à l’écart de ses bops électro-pop agrémentés de basses, Lorde nous offre Mood Ring, qui dès la première écoute se présente comme un manifeste destiné à apaiser la dépression des Millennials. Auquel on se montre très réceptif·ves.

Dotée d’une coiffe blonde qui la rendrait facilement familière avec Legolas ou Daenerys (sans qu’on n’en comprenne réellement la raison, mais pourquoi pas), Lorde scande, dans une cinématographie imprégnée de sororité “Can’t seem to find what’s wrong / The whole world is letting me down / Don’t you think the early 2000s seem so far away?”. Cette dernière phrase est, dans le langage 2.0, a “whole mood”. Nombreux·ses sont les Millennials (personnes nées entre 1981 et 1996 – même si l’on n’est pas personnellement rigides à une année près) ayant cette impression d’évoluer encore dans un monde où les années 2010 étaient il y a cinq ans et 2007-2008 dans une temporalité pas si éloignée que ça. Les Millennials, incapables de vieillir ? Peut-être. On se passera de l’analyse sociologique (bien qu’intéressante) du rapport à l’âge de la “Pluto-in-Scorpio generation.

 

Pour autant, Lorde arrive avec une aisance insoupçonnable à capturer l’essence de cette humeur nostalgique qui caractérise beaucoup de jeunes dit·es Millennials. Si les Millennials (et la gen Z, celle juste après) sont davantage affecté·es par la dépression que la génération précédente, Lorde parvient à renfermer cette réalité dans un horcruxe qu’est la “mood ring”, cette bague de notre enfance qui changeait de couleur en fonction de notre supposée humeur du moment (sans qu’on comprenne réellement comment elle décidait de la couleur à afficher).

Le morceau bénéficie toujours, voire de manière encore plus prégnante, de l’influence des guitares qui semble s’installer dans l’ère solaire de la Néo-Zélandaise. Ingrédient qui ne manque jamais à l’appel : la rythmique du phrasé et la diction de l’artiste qui, toujours bien déguisées dans la globalité du morceau, donnent un côté addictif et bien dessiné à ses titres. Pour preuve le pre-chorusLadies, begin your sun salutations / Transcendental in your meditations / You can burn sage, and I’ll cleanse the crystals / We can get high, but only if the wind blows”, clin d’œil à cette génération spirituelle et plus connectée à son bien-être émotionnel que jamais.

On peut regretter l’ère Melodrama ou Pure Heroine. On peut aussi apprécier au fil de ces trois premiers extraits de Solar Power la Lorde apaisée et pleine de sagesse qui s’impose à nous. Elle semble avoir pris du recul sur sa vie (“Take me to some kinda place (anywhere) / Watch the sun set, look back on my life”), cherché à déconstruire et rationaliser ses traumas, revenir à l’essentiel et poser des constats sur ses émotions. Somme toute, soulever des questionnements que lui imposent son esprit, et qui raisonnent tout autant dans le nôtre. C’est comme grandir à ses côtés.