Mosaïque #69 : Bleu Tonnerre
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Auteur·ice : Charles Gallet
22/05/2019

Mosaïque #69 : Bleu Tonnerre

Dans Mosaïque, La Vague Parallèle explore les multiples aspects et facettes cachés de ses artistes favoris pour en dresser un portrait original, esquissé à petites touches. Ils viennent de dévoiler leur premier album L’Amour Sans Venin et ont accepté de se prêter à nos questions musicales, bienvenue dans la mosaïque de Bleu Tonnerre.

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Un morceau qui représente ton esthétique ?

Mon dieu… aucune idée… je ne suis pas sûr d’avoir “une” esthétique, et en plus c’est encore nos débuts. La panne… Mmmm…. Un morceau à tiroirs alors, voyons voir… Paranoid Android de Radiohead, ou Happiness is a warm gun ou A Day in the life des Beatles, ou Calling occupants of interplanetary craft de Klaatu, ou Starless de King Crimson. Mais je dis ça sans avoir aucunement la prétention d’atteindre leur niveau, ou d’être dans leur(s) esthétique(s). C’est l’approche du morceau quoi : des ambiances pour une seule ambiance, un agencement savant, mais qui coule tout seul.

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Un morceau récent que vous auriez voulu écrire?
A peu près tout ce que sort Suuns, sauf que là ils n’ont pas sorti de trucs vraiment récemment. Cactus de Teleman, Recall de Chloé feat. Ben Shemie, Brean Down de Beak… purée je ne sais pas il y a plein de chouettes trucs sortis, mais comme il me faut beaucoup de temps pour assimiler, je ne retiens qu’au bout d’un bon moment… Ah : “Rêveries” de Lomastatic, avec Jull (qui a écrit les textes de notre album) et l’inégalable Gontard, un duo de rêve, moi qui adore tellement leurs voix et leurs textes.

 

 

 

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 Un morceau plaisir coupable ?

Il n’y a pas de plaisir coupable, mais si par là tu entends le morceau qui peut couler ta street-indie-credibility-crypto-underground-typiquement-française, j’en ai un paquet ! Pfffff je sais pas moi, Le Chasseur de Michel Delpech par exemple. Mais note que je pense que c’est réellement une très belle et bonne chanson. (On est bien d’accord)

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Un morceau qui te rappelle ton enfance ?
Incontestablement We won’t get fooled again de The Who. Dans la voiture de mon père, en allant aux tournois de foot avec mes deux frangins : à fond la caisse ! J’adorais, ça me transportait. Encore un morceau à tiroirs d’ailleurs. Je mimais Keith Moon (dont je ne savais même pas le nom, on avait juste une vieille cassette) en essayant de deviner comment il faisait. J’ai beaucoup appris en écoutant “comme on décortique un moteur“, parce que je n’avais pas d’autre école. C’est d’une puissance inégalée (sauf par AC/DC période Bon Scott, ou par Slayer). C’est vraiment brut, ça joue trop bien. Bref, je peux l’écouter en boucle, et dès qu’il passe quelque part, je suis en mode air guitar, air drums, air vocals, air bass, air keyboards ! Ce morceau me rend DINGUE.

 

 

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Un morceau que tu écoutes en tournée ?

En général des trucs ultra relaxants. Ça peut aller de la musique hawaïenne à Beethoven, mais là comme ça je dirais Caramel Prisoner de Air.

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Un morceau pour convoquer le bleu tonnerre?
J’aime bien l’idée d’une musique pour “convoquer”, une musique connectée à quelque chose de spirituel. Convoquer un ou des esprits… J’imagine quelque chose de lancinant, de répétitif, de chamanique. National Anthem de Radiohead pourrait faire l’affaire. Ou Hands around my throat de Death in Vegas. Mais je vais dire Eisbaer de Grauzone parce qu’on commence nos répétitions et concerts avec ça, pour se “mettre dedans”. Donc c’est avec lui qu’on convoque le Bleu Tonnerre, de fait inquiétant, hypnotique, dénudé, hallucinatoire, écorché à l’os.

 

 

 

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Un morceau qui représente ta personnalité ?

N’importe quelle réponse serait prétentieuse (sauf peut-être Tata Yoyo) donc je ne sais pas trop…Tant qu’à se la péter je dirais la sonate pour piano n°14 de Beethoven (dite Clair de lune). Parce qu’il y a un peu de tout dedans. Je ne sais pas trop cerner ma propre personnalité, elle est assez mouvante, avec par contre un certain fond mélancolique, qui traverse le morceau, même dans ses passages joyeux. Et c’est pas évident de sublimer la mélancolie, sinon ça devient du pathos pénible. Et puis c’est le morceau qui m’a fait découvrir la musique classique. En première année de fac, en rentrant de soirée raide jointé, je me suis affalé dans mon lit en mettant la radio (j’ai toujours adoré écouter la radio). Il y a ce truc qui a joué. J’étais au paradis, c’était une révélation, quelqu’un me parlait directement, quelque chose traversait le temps, l’espace. Bref j’étais super loin. Le lendemain j’ai appelé la station de radio pour savoir ce qui était passé à 3h du matin, genre “je dois savoir, ma vie en dépend !!!” : j’ai eu ma réponse, j’ai couru à la Fnac. Et j’ai usé le disque jusqu’à l’os. Les seules huit première mesures me font instantanément monter les larmes aux yeux.

 

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Un morceau qui te rend heureux ?

Land of a Thousand Dances de Wilson Pickett. Sur ce live, c’est encore mieux, et à voir, et à écouter. De la joie pure. Comme tout le catalogue de Stax de l’époque d’ailleurs. On écoutait beaucoup de soul aussi dans la voiture du padre.

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Un morceau rempli d’amour sans venim?

Un morceau des Carpenters. Pour certains ça doit être à ranger dans la catégorie “plaisirs coupables” j’imagine ! Mais perso j’assume totalement. Les seules orchestrations sont des cas d’école, notamment la reprise de Klaatu, Calling occupants of interplanetary craft. Pour ce qui est d’amour, allons-y pour Close to you. Karen était une batteuse hors pair et une chanteuse fabuleuse, c’est ma voix féminine préférée. Elle me parle toujours instantanément, me remplit de sourires ou de larmes. Ça donne vraiment envie de prendre quelqu’un dans ses bras, tout de suite. Et mate un peu la prestation en direct (la voix est bien en direct), même dans un sac à patates elle aurait la classe.

 

 

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Un artiste ou une chanson qui t’a donné envie de faire de la musique ?

Ringo Starr.

J’avais 8 ans, et un soir de réveillon, pendant que les grands étaient dans les desserts et les digestifs sans fin, j’ai vu Yellow Submarine suivi d’un documentaire sur les Beatles. J’ai instantanément voulu devenir Ringo. Il était rigolo, c’était celui que tout le monde aimait, il avait une voix chelou mais sympa, une attitude spéciale, des bagues, un magnifique sourire. J’étais fasciné. Donc merci Ringo. Mon premier instrument est d’ailleurs la batterie. C’est la meilleure école, tous les musiciens devraient apprendre la batterie. C’est aussi pour ça que j’adore James Brown, qui demandait à tous ses musiciens d'”être” des batteurs, de “penser” batteur. Je me permets ce lien d’une interview tardive où il retrouve George. Il est bourré, mais toujours tellement drôle et plein d’à-propos. J’adore Ringo.

 

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Un morceau pour se lancer dans un rodéo ?
King of the Rodeo de Kings of Leon. Il est fou ce morceau. Tout l’album est fou. Ils ont fait des albums extraordinaires. J’ai pas pu caser leur chanson Charmer quelque part. Zut.

 

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Un morceau pour plonger dans les limbes ?

Discreet music ou Thursday afternoon de Brian Eno. J’ai beaucoup écouté ses morceaux “planants et ambiants” l’année dernière pendant la composition du disque, car j’étais dans des insomnies maladives, et ça m’a bien aidé. Je crois que la musique peut soigner, dans une certaine mesure, même physiquement. J’ai un projet de disque là-dessus, j’ai déjà beaucoup travaillé dessus, pour les textures de son, qui me passionnent, je peux passer des heures et des heures sur mes synthés à chercher LE son que je veux. Je voudrais pouvoir présenter ce projet particulier seulement dans le cadre de “siestes musicales” dans des lieux pas possibles, avec les gens confortablement installés, et tout un attirail vidéo. Ce projet me passionne vraiment.

 

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Un morceau qui te rend fort comme un Fakir ?

Riff Raff d’AC/DC, et version live s’il vous plaît ! Ça recharge toujours mes batteries. J’ai appris la guitare avec AC/DC. Je veux dire, vraiment, je ne jouais que ça, il n’y avait que ça qui m’intéressait à 13 ou 14 ans. J’ai appris tous les titres de High Voltage jusqu’à Blow up your video. AC/DC a un groove irrésistible (quand c’est Phil Rudd à la batterie) et Malcolm Young est sûrement l’un des plus grands guitaristes et chef d’orchestre de tous les temps. Il est la quintessence, l’élément atomique premier, la monade chimiquement pure, la pure moelle de l’os originel.

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Un morceau pour vivre aux éclats?

Do like you de Stevie Wonder ou Don’t stop ’til you get enough de Michael Jackson. Personne ne peut résister à ça non ? Mais bon on a déjà parlé de musique black et de Stax/Motown. Un bon truc dansant qui sent la nuit sans fin alors mmm… Daft Punk, Soulwax, Chemical Brothers, 2 Many DJs, LCD Soundsystem… Faisons donc honneur à Grenoble, tiens, avec Frank Sinatra, un truc décadent de The Hacker & Miss Kittin.

 

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Un.e artiste avec qui tu voudrais collaborer ?

Paul Mc Cartney, évidemment.