Il y a des concerts qu’on attend plus que d’autres. Celui de Muddy Monk était noté en lettres d’or dans notre agenda depuis un moment déjà. Son album Longue Ride est de ceux qui obsèdent et qui laissent dans nos oreilles une trace indélébile. Alors quand on marche sur les pavés du Quai De Valmy vers la petite salle parisienne, on s’attend à vivre un moment de beauté. On n’a pas été déçu.
Une chose qu’on a découverte, et qu’on regrette un peu pour tout vous dire, dans les concerts parisiens, c’est que la plupart des gens se moquent des premières parties. C’est souvent injuste car ceux qui ouvrent les soirées sont souvent les têtes d’affiche de demain. Heureusement ce soir la faisait exception à la règle et c’est devant une salle déjà bien pleine que Lonely Band faisait son apparition sur scène. Une découverte et une belle pour nous. Accompagné d’un musicien ce soir-là, ce groupe à lui tout seul était venu présenter son projet passé au français après avoir joué à la langue anglaise. Une musique à la cool, au chill évident, vaporeuse et rêveuse et surtout portée par une voix incroyable qui sans forcer se pose et en impose. Une voix de crooner tranquille qui captive une audience réceptive et enjouée pour un artiste qu’on suivra désormais avec intérêt.
Une petite pause et puis débarque sur scène le héros de la soirée. Muddy Monk arrive en toute sobriété, presque en cachette et l’air de rien, il est là. Il y a des artistes qui ont du charisme et d’autre qui ont une aura. Muddy Monk fait partie de la seconde catégorie, de ceux qui n’ont pas besoin de grand-chose pour montrer leur présence, qui hypnotise en toute simplicité. Le suisse n’a pas besoin de beaucoup parler, n’a pas besoin de grand geste, presque stoïque, le synthétiseur en bandoulière, il développe tranquillement un style qu’il représente presque physiquement : tout en intériorité, tendre, rêveur et qui nous emmène ailleurs. Le genre qui se susurre à nos oreilles pour s’y coller à jamais. Le tout porté par une voix, mouvante, vibrante, toujours juste et diffuseur parfait d’une musique qui joue le rôle de réceptacle à émotions.
Habillé de sa veste de motard Muddy Monk envisage sa musique comme il envisagerait une longue ride : il se laisse porter par elle. Par la nuit, par les virages et les émotions. Il n’interprète pas ses titres, il fait corps avec eux. Un moment hors du temps, renforcé par des lumières qui soulignent le trait d’une musique vaporeuse, entre rêve et réalité.
On se retrouve ainsi emporté par des titres fous, aussi intense qu’ils peuvent sembler calmes. Comment ne pas vibrer face aux interprétations de Yunko Tabei ou En Léa ? Comment ne pas danser sur Boy et ne pas planer sur Si L’on Ride ? Comment ne pas pleurer face à cette version presque possédée de l’exceptionnel Splash qui se transforme en live en véritable uppercut émotionnel ? Comment ne pas être charmé par la simplicité d’un mec qui se pose en bord de scène pour nous livré une version aussi dépouillée qu’impressionnante de son Baby. On ne s’est pas vraiment posé la question et on a juste ressenti, on s’est laissé porté par les émotions qui affluaient en nous pour vivre un moment, un instant entouré mes seuls ou chacun a ressenti à sa manière les sensations qui nous étaient offertes.
Muddy Monk a pensé son set comme un voyage et on est parti avec lui. Ce jeudi soir on a ridé sur le Point Ephémère. C’était beau, c’était tendre et surtout c’était la confirmation que Muddy Monk deviendra grand. Il l’est sans doute déjà d’ailleurs.
Bonus : les photos de leur concert au Point Éphémère par Alphonse Terrier
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.