Porte fermée devant le Cirque Royal, je passe par l’arrière, on me demande d’attendre et puis on prend la direction de la scène. Il est environ 14h, le concert est programmé à 21h, la scène est encore en train d’être montée. “Il est en essayage, il arrive” me dit-on. Ce “il”, c’est Thomas Mustin, Mustii en scène. Un jeune gars de 25 ans (même s’il en fait 3 de moins), qui a plutôt bien réussi au jeu de la vie. Acteur de base, chanteur ensuite, il semble bien se débrouiller. La preuve en est, ces The Golden Age et Feed Me catchy que vous avez certainement entendus passer à la radio, dans les suggestions Spotify, ou sur le Facebook de votre cousine de 14 ans qui le trouve trooooooop mignon.
Effectivement, il arrive. Il se place devant la scène, regarde tout ça d’un air à la fois satisfait et inquiet. Il est nonchalant, tant mieux. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais avoir son nom à l’entrée du Cirque Royal, ça doit être – un peu – anxiogène. C’est sa première fois dans une grande salle “à lui tout seul”. Certes il y a eu les festivals cet été, certes il y a eu ces autres concerts au Bota et ailleurs, mais c’est la première fois que Mustii sera devant autant de gens, là pour lui.
En attendant, la scène continue de se monter. Je retrouve quelques éléments de ses précédents concerts, notamment son logo au fond de la scène et ce pied de micro tout droit sorti d’un vide-grenier. Le reste, tout est nouveau. Le décor a grandi, prend de la place, s’installe sur scène et occupe bien l’espace. Mustii, maintenant, c’est dans les grandes salles.
Son logo qui prenait la moitié du fond de la scène à la Rotonde est là, tout perdu au-dessus d’un mur de spots. Signe d’une ascension rapide. Mais le gars semble bien le vivre, on sent de la fierté, une sensation d’accomplissement.
Les répétitions commencent, et là revient cet élément qui s’était complètement effacé quand je le regardais errer dans la salle vide : sa voix. Grave et puissante, elle contraste avec son physique de jeune premier mignon comme tout. Pourtant, tout matche, ça fonctionne. Son esthétique particulière, qui allie des costumes noirs et dorés à un éclairage assez sombre, rajoute un côté très théâtral à sa musique. En fait, le tout forme un ensemble assez singulier, d’unique, il y a quelque chose qui se passe.
Au fur et à mesure que les heures passent, l’équipe commence à s’organiser assez bien, tout est prêt. Il n’y a pas eu d’accrocs visibles, pas de panique de dernière minute. L’équipe qui entoure l’artiste roule bien. On n’est clairement pas dans l’amateurisme, tout cela est très pro, et me laisse entendre que ce Cirque Royal marque la fin d’une période de lancement. Parce qu’au final, Mustii n’a sorti qu’un seul EP pour le moment. Et remplir une telle salle avec un EP, c’est pas mal.
H-1 : Blague de cul et Madonna
Avant les concerts, il y a toujours cette heure de flottement. Le repas est passé, la première partie va commencer à jouer. Et là, on attend. Tout est prêt, “y a plus qu’à”. Les artistes que j’ai vus dans ce moment si particulier étaient généralement très enthousiastes, un enthousiasme qui tentait de masquer un stress très présent. Là, j’ai juste vu une équipe s’amuser.
Dans la loge principale : le chanteur, le manager, un ou deux amis qui trainent par là, les musiciens qui passent de temps en temps. Mustii semble le plus détendu d’entre tous. Ça parle de la carrière de Madonna, sa dernière période qui n’est plus trop ça, mais pourtant on continue à l’aimer pour ses grandes heures, vous savez, tout ça. Quelques blagues de cul passent également par là. Globalement, tout le monde est content, détendu, ça va bien se passer.
Et puis, le “il faut y aller”. J’entends chantonner au loin, les respirations sont plus courtes, c’est le moment.
Le show
L’entrée en scène est très étudiée, mouvements lents devant un mur de spots, le public réagit très bien, les premières basses arrivent et déjà, tout le monde bouge, tout le monde chante.
Le public est très éclectique. Entre ceux “du milieu” qui sont venus jeter un oeil, les fans acharnés qui étaient déjà devant les portes à 16h, et le reste, ça faisait une salle bien remplie. Une salle qui avait envie d’être là. L’audience réagissait au moindre de ses gestes, ça saute, ça danse, ça chante (vraiment fort et très aigu, la tranche des gamines de 15 ans est sous le charme, ça doit être la mèche).
Sur scène, Mustii est à l’aise. Plus à l’aise. La première fois que je l’avais vu en live, au Botanique, j’avais eu une impression de mouvements très mécaniques, comme si les moments où il devait pointer le public du doigt étaient écrits à l’avance. Tout ça est aujourd’hui effacé, il est plus naturel, semble plus spontané, occupe définitivement l’espace et est très proche du public. On l’a d’ailleurs perdu plusieurs fois dans la foule, avec une certaine Dominique qui semblait beaucoup (beaucoup) l’apprécier.
Il enchaîne les potentiels tubes, tout sonne très pop catchy, avec des mélodies efficaces, des basses puissantes. Les nouvelles chansons sont dans la continuité des premières, avec ce style qui colle si bien au personnage.
On passe par la reprise -désormais obligatoire- de Bowie, on fait un crochet par une ballade plus calme accompagnée au piano et déjà, la dernière chanson. Evidemment, Feed Me conclut parfaitement le show, le public a définitivement perdu pied, tout le monde s’emballe dans un nuage de serpentins. Un rappel et clap de fin.
A la sortie de scène, tout le monde s’enlace en coulisses, le show s’est bien passé, tout le monde est content, souriant. Je demande comment cela s’est passé, la seule réponse que j’ai eue était un “wouuuuuuu” très expressif.
“Il arrive, il arrive !!!!!”
La séance de dédicaces à la fin du concert, évidemment. Sauf qu’il y avait du monde qui l’attendait, peut-être un peu trop. Il passe les portes des backstages, ça se passe bien pendant environ 2 minutes, les fans l’aperçoivent au loin, courent, et voilà. Séance de selfies géante (avec une coque licorne, s’il vous plait). En l’espace d’un instant, il se retrouve au milieu d’une foule compacte, tout le monde veut sa photo avec la star du jour.
Mustii au Cirque Royal c’était bien, définitivement un moment charnière dans sa carrière, un moment où on a pu le voir comme il devait l’être, à l’aise au milieu d’une grosse production, à tous les niveaux.
Entre deux guilty pleasures, j’écoute de la pop, un peu de folk et d’autres trucs sympa. Je fais des photos pendant les concerts pour avoir l’air occupé.