Nos albums coups de cœur de 2022
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Auteur·ice : Rédaction
26/12/2022

Nos albums coups de cœur de 2022

Qu’on se le dise : on ne savait pas trop quoi attendre de cette année 2022. Si 2021 s’inscrivait dans le contexte semi-apocalyptique de la pandémie, cette nouvelle année annonçait un retour à la normale dont personne ne savait de quoi il serait fait. Dans la vie comme dans la musique – les deux ne se différencient d’ailleurs peut-être pas tant que ça. Mais alors, quels albums allaient ponctuer cette année du re-nouveau ? Entre les retours parfois inespérés de certains grands noms, de Charli XCX à Stromae, et une nouvelle offrande des changemakers de notre génération, avec Rosalìa et Steve Lacy en tête de liste, d’autres disques ont marqué notre année 2022. Si certains auront été titiller les dernières larmes qu’il nous restait à évacuer, toute une flopée auront eu à cœur de nous ramener sur le dancefloor pour exorciser nos traumas à coup de groove.  Bref, une année bien généreuse. Petit tour des coups de cœur de la rédaction.


Charlotte Adigéry & Bolis Pupul – Topical Dancer

| Sélectionné par Gaston

Qu’ils parlent de racisme primaire (Blenda) ou de passage violent à l’âge adulte (It Hit Me), Charlotte Adigéry et Bolis Pupul savent comment composer un tube pop électro dansant avec des sujets graves pleins d’ironie mordante. Ils nous envoient leur HAHA à la figure et ne manquent pas de nous épingler nous, critiques, dans leur Thank YouTopical Dancer est mon/l’album belge de l’année !


Wizkid – More Love, Less Ego

| Sélectionné par Laura

More Love, Less Ego est une ode à l’amour sous toutes ses formes. Sexy, envoûtant et ardent, ce cinquième album est une intime déclaration à ce sentiment. Toujours baignée d’Afrobeats, la musique de Wizkid est ici exploitée différemment, mettant l’accent sur des sonorités plus raffinées, plus matures. L’écoute se veut limpide et sans accroc, forte d’une hypnotisante ligne directrice : la sensualité. Un audacieux successeur à Made In Lagos, à savourer à chaque fois qu’une envie d’amour vous prendra.


Pip Millet – When Everything Is Better, I’ll Let You Know

| Sélectionné par Giulia

Élégante est la fusion entre soul et R&B que nous propose Pip Millet. When Everything Is Better, I’ll Let You Know est le titre, certes long mais percutant, du premier album de la jeune artiste londonienne. Le flow, la classe et le groove sont la marque de fabrique de Pip. Comme une compile, le projet regroupe des fragments de vie mêlant souffrance et amour. Chaque instrument est important dans ses compositions. La beauté du rythme et la malléabilité de la voix rendent chaque morceau des pièces uniques à collectionner et préserver. Les textes sont libérateurs, comme dans Heal, où ce titre chasse les pensées noires. La musique joue ici son rôle de catharsis libératrice, comme si elle nous lisait à voix haute son journal intime.


Soccer Mommy – Sometimes, Forever

| Sélectionné par Chloé

Sometimes, Forever reflète cette pureté enfantine, brisée par la dureté de l’adolescence, dont on essaye de récupérer les morceaux à l’âge adulte. À la première écoute, on ne perçoit pas directement la tristesse profonde ancrée dans ses textes. L’album est dark, mais ne contient pas la lourdeur de la déprime. La performance et la voix de Soccer Mommy rendent toutes ses chansons poignantes, mais nous épargnent la dureté des sentiments. Si les ténèbres peuvent nous submerger, il y a toujours de la lumière. Cette lumière, Soccer Mommy la fait flotter sur des nuages mélodieux sur fond de coucher de soleil.


Beyoncé – RENAISSANCE

| Sélectionné par Flavio

Avec son album Renaissance, Queen B a relevé le défi de la réinvention, tout en rendant hommage à la culture du sampling. Manifeste de ce que la superstar appelle “disco trap”, ces seize titres métissent des sonorités intemporelles à la crème du monde club d’aujourd’hui : de Honey Dijon au leader iconoclaste du prolifique collectif PC Music, à savoir A. G. Cook. Cuisiné en pleine pandémie, le septième album studio de Beyoncé aura su la débarrasser d’un perfectionnisme superflu pour remettre le fun au centre de son univers, et ainsi délivrer une musique qui sonne comme un galvanisant cri du corps, groovy et suant.


Warhaus – Ha Ha Heartbreak

| Sélectionné par Joséphine

Il aura fallu patienter jusqu’à l’automne pour prêter nos oreilles au disque le plus élégant de l’année. Album de rupture aux allures de classique avant même sa sortie, Ha Ha Heartbreak sublime la voix de Warhaus et les cuivres qu’on lui connaissait tout en offrant toujours plus de piano, cordes et percussions en tout genre. À travers des arrangements délicats et des codas infinies d’une beauté écrasante, Maarten Devoldere y navigue ingénieusement entre les différentes étapes de la séparation amoureuse, de la tension contenue dans Time Bomb à la douceur de When I Am With You et Batteries & Toys, en passant par la folle ligne de basse et les cuivres de Shadow Play – clin d’œil délibéré à l’atmosphère de ses deux premiers opus. En interview comme sur la scène du Point Éphémère le mois dernier, Warhaus n’a de cesse de nous conquérir davantage avec ce troisième album en fissurant minutieusement la façade de son personnage ténébreux. Composé en huis clos dans une chambre d’hôtel à Palerme, Ha Ha Heartbreak est définitivement le bijou qu’il manquait à cette fin d’année pour lui rendre son éclat.


Ry X – Blood Moon

| Sélectionné par Hugo

L’ineffable dernier album de Warhaus ayant déjà été abordé, il nous était presque impossible de ne pas écrire quelques mots à propos du dernier Ry X. En effet, le temps nous ayant manqué, il nous était impossible de pouvoir souligner la beauté et la pureté qui se dégage de cet album ayant indéniablement marqué l’année. Du moins notre année. En véritable recueil sur l’amour sous toutes ses formes, Blood Moon n’a pas hésité à chambouler nos émotions et à mettre nos petits cœurs en émoi. Entre une écriture sensible, des productions entièrement réalisées dans sa maison de bord de mer et un univers visuel renversant, Ry X a tout du génie artistique. Un génie que l’on admire depuis ses débuts et que l’on a hâte d’admirer dans les prochains mois avec le retour de The Acid dont le prochain album est, selon notre petit doigt, en pleine préparation.


Wet Leg – Wet Leg

| Sélectionné par Philomène

La quintessence de la magie Wet Leg : l’art de dire fuck it avec l’aplomb d’une laitière qui battrait bien autre chose que du beurre. Comme des grandes sœurs arrivées à la fin de la puberté, Rhian Teasdale et Hester Chambers transmettent ce qu’elles ont appris, à savoir que grandir fait peur, que l’anxiété déguisée règne et que les meilleures choses se font avec effronterie et spontanéité. Wet Leg est une claque de sincérité fleurie, frappante de vérités immuables racontées dans une langue qu’on a l’impression de mieux comprendre que le reste.


Black Country, New Road – Ants From Up There

| Sélectionné par Augustin

Limpide et assourdissant à la fois, empli d’optimisme et pourtant terriblement mélancolique, l’écoute de ce projet est une expérience singulière. En effet, toutes les compositions transpirent l’intensité des événements vécus par le groupe depuis leur montée en puissance l’année dernière. L’excitation, le doute, l’isolement, les désillusions… Tous ces éléments se retrouvent ici digérés et retranscrits à travers cette fameuse analogie du Concorde, cet avion destiné à révolutionner le monde pour finir tragiquement sa course dans une explosion meurtrière pour ses passagers. Un destin funeste que les membres de BCNR sont bien décidés à éviter. Dès lors, plutôt que de s’engouffrer tête baissée dans la brèche formée par For The First Time, les sept compères ont eu l’intelligence de prendre de la hauteur tout en gardant les pieds sur terre.


Jockstrap – I Love You Jennifer B

| Sélectionné par Mathias

Après un premier EP réussi en 2020 (le morceau Acid est tellement bien !), le duo anglais Jockstrap a sorti I Love You Jennifer B. cette année. Il y a eu de très bons albums en 2022, mais celui-ci, par sa virtuosité, son éclectisme et sa puissance en font pour moi l’album de l’année !


Rounhaa – MÖBIUS

| Sélectionné par Mathilde

L’audace artistique. Le paramètre essentiel à proposer pour marquer cette année 2022. Rounhaa vous en donne sous 12 échantillons avec MÖBIUS, la première signature du label Sublime de Disiz. Le Big R est le maître du jeu, MÖBIUS est son mode d’emploi. Une compile de désillusions sur fond de lucidité qui nous accompagnera encore toute une année, toute une vie.


Cate Le Bon – Pompeii

| Sélectionné par Coralie

Comment pourrions-nous terminer cette année sans vous parler de Pompeii ? S’il est de ces albums qui sonnent comme des défis, celui-ci s’annonçait en énigme. Après le sublime disque Reward, c’est donc le magistral Pompeii que nous livre la mirifique et magnétique Cate le Bon. Tandis que la première écoute peut nous cueillir de surprise, on se laisse aisément happer par la singularité et l’étrange efficacité de ses mélodies. Sans chercher à nous séduire, la musicienne nous ouvre les portes d’un paysage que l’on ne saurait circonscrire. Comme la cité enfouie, Pompeii cultive notre curiosité, avive notre imaginaire et se révèle hautement addictif.


Djo – DECIDE

| Sélectionné par Caroline

Peut-être n’avez-vous pas encore entendu parler de Djo. Peut-être ne connaissez-vous pas encore l’enfant spirituel de Justice et Tame Impala. Bien plus qu’une direction artistique calée et des influences notables, Joe Keery a façonné son bijou DECIDE via beaucoup (beaucoup) de synthés répétitifs, des riffs de guitares électrisants et pas mal de sarcasme. Ce deuxième album le place sur un tout autre niveau, lui permettant de jouer dans la cour des grand·es avec autant de nostalgie que de réinvention. Il présente le chemin parcouru par Djo, qui passe par 3 phases distinctes : l’immaturité, le doute et enfin, le changement. Le tout avec une esthétique digne de mauvais plateaux tv des années 80 et un certain goût pour la critique de la société numérique actuelle. Bref, vous y retrouverez tous les ingrédients du trip psychédélique d’un gars à la santé mentale titubante qui navigue dans une société condamnée – avec en bonus : beaucoup d’ingéniosité musicale, de l’auto tune mais surtout, la classe intersidérale.


Fontaines D.C. – Skinty Fia

| Sélectionné par Léa

Retour fracassant pour Fontaines D.C.. Après l’obscur A Hero’s Death, sorti en juillet 2020, le groupe dublinois nous offre un mélange entre tradition et modernité, entre la fougue de Dogrel (2019) et la noirceur de A Hero’s Death. Une nécessité de renouer avec la mère patrie depuis qu’ils sont sous le feu des projecteurs, de reconnecter avec leur identité irlandaise et surtout depuis qu’ils se sont installés à Londres. D’où ce nom de disque : Skinty Fia, traduisez « la damnation du cerf » qui n’est autre qu’une référence au cerf géant irlandais, espèce éteinte aujourd’hui.


Disiz – L’Amour

| Sélectionné par Paul-Louis

À l’inverse de ses précédents albums, dans lesquels l’artiste flânait autour de différents états d’âme, sur L’Amour, Disiz ne se concentre que sur un seul et même concept. L’accumulation de ses souffrances, ses peines mais aussi de ses joies l’amènent à sa définition et perception la plus complète mais complexe de l’amour : « L’amour est une folie socialement acceptée ». À présent, le rapport au sujet qu’est l’amour a bien changé. Peu d’artistes s’autorisent à montrer leur vulnérabilité, mais avec ce projet Disiz casse une nouvelle fois les codes, car non seulement il s’autorise à parler d’amour sans aucun filtre mais, au-delà de ça, il le fait sous des sonorités pop.