| Article co-écrit avec Coralie Lacôte
Laissez-nous vous présenter Côté Court, un festival faisant la part belle aux courts métrages qui aura lieu à Pantin du 5 au 15 juin. Chaque année depuis 33 ans, le festival présente une large et pertinente sélection de films en tous genres. En musique, les courts sont des clips et vous connaissez notre amour pour les clips.
Nous voilà donc obligé·es de vous partager nos préférés dans la sélection officielle du festival. L’occasion de découvrir quelques pépites passées sous nos radars, tout en retrouvant des vidéos qui nous ont accompagné·es ces derniers mois. Et comme les clips méritent aussi de se regarder sur grand écran, on se donne rendez-vous le 7 juin prochain pour visionner ensemble la sélection au Ciné 104 à Pantin.
Le plus immobilement mouvant : Flavien Berger – Feux follets
| Réalisé par Vimala Pons
Faire défiler le temps dans les artères d’un morceau doux, c’est la magnifique réussite de Vimala Pons à travers ce clip de Feux follets, non seulement à l’image du personnage décalé de Flavien Berger, mais aussi au service d’un titre d’apparence calme mais d’expérience déchirante. On ne saurait décrire, ni illustrer mieux que la réalisatrice “l’idée de ce moment dans sa vie, où l’on existe un peu sans vivre, comme si tout nous filait entre les doigts”, qu’elle raconte dans un making-off des plus poétiques.
Le plus minuscule : Voyou – L’Hiver
| Réalisé par Valentin Pitarch
Voici sans doute l’une des plus belles métaphores qui aient été faites de la dépression. Dans une maison qui rapetisse au fil de la musique, Voyou se retrouve coincé dans un quotidien où chaque geste, même des plus banals, devient une épreuve. Derrière la fenêtre, l’hiver bat son plein, laissant pour seule perspective un paysage enneigé dans lequel on n’a pas envie de s’aventurer. Sans doute, est-ce un peu ça la dépression : quand l’en-dedans devient un Royaume Minuscule auquel on a l’impression de ne pouvoir se dérober mais que la perspective du dehors nous donne nullement envie de faire le pari de l’échappée. Par le truchement de la couleur et de la réalisation, Valentin Pitarch restitue avec justesse les frustrations de la dépression tout en gardant le paradoxe originel du morceau : traiter la gravité avec une apparente légèreté.
Le plus réconfortant : Gaétan Nonchalant – Champs de Blés (Avec Philippe Katerine)
| Réalisé par Martin Schrepel
Une confession dans les blés ou sous la lune entre deux chansonniers atypiques et adorés, il ne nous en fallait pas plus pour aimer. Sous l’objectif de Martin Schrepel, on assiste ainsi à la rencontre évidente entre Philippe Katerine et Gaétan Nonchalant. Avec pour fil directeur l’apparente simplicité qui les lie, le clip illustre les paroles avec minutie. Mais au-delà de cette simplicité presque naïve, une réflexion plus profonde se profile. Si la vie est parfois compliquée, que l’on se sent happé·e par un quotidien qui semble nous échapper, souvenons-nous que l’amitié et les relations sont là pour nous rattraper.
Le plus gonflé à l’hélium : Charles-Baptiste – Deux ou trois choses que je dis à Clara
| Réalisé par Cassandre Lafon
Des ballons, de l’hélium, une balade urbaine et quelques caméos félins ou canins : il ne nous en fallait pas plus pour craquer. Entièrement tourné en pellicule Super 8, le grain, tout comme les couleurs, portent le charme de l’ancien à merveille alors que le morceau interroge sur la transmission parentale. Tout au long du clip, c’est ce ballon rouge et ses contrastes avec le vert des parcs, le bleu du ciel et les gris de la ville qui attire irrésistiblement nos yeux, dans un très bel hommage au court métrage d’Albert Lamorisse, Le Ballon Rouge (1956).
Le plus monochrome : Simeondatrack – FLAMES
| Réalisé par Siméon Poissonet-Maillet
Au rayon des découvertes, on place en pole position ce magnifique clip de Simeondatrack réalisé par l’artiste lui-même. Tout en jeux de négatifs donnant l’impression de regarder une éclipse de 3’43, on navigue entre plans doux et explosifs, immergé·es dans une beauté poétique rendant justice au morceau et à sa voix aux effets de profondeurs abyssales.
Le plus psyché : JB Dunckel – Dolphin
| Réalisé par Andrei Proko
Dolphin, c’est une porte d’entrée dans la tête de JB Dunckel, moitié du duo Air et pianiste d’exception. Le clip propose une plongée immersive dans un esprit au sein duquel les pianos se déroulent à l’infini et les corps fluctuent comme dans un reflet. Dans un hommage délibéré à l’artiste néerlandais Maurits Cornelis Escher et à son univers psychédélique, c’est un effet brillant et magnétique collant à la perfection au titre que nous offre Andrei Proko ici.
Le plus catchy : ELOI – Call Me
| Réalisé par Alexis Langlois
Si on vous dit : réalisation hyperpop qui se joue des codes et des mascu pour faire triompher un monde queer hyper catchy, vous aussi vous êtes séduit·es ? Devant la caméra d’Alexis Langlois, ELOI s’empare du ring pour affronter une adversaire maquillée comme Kiss. Arbitré par Drag Couenne, ce match de catch est un captivant spectacle. À coup de tronçonneuse ou de marteau, on ne lésine pas pour faire le show. Ce clip envoie définitivement valser les codes mais aussi nos cœurs. À bon entendeur.
Et si vous avez l’âme d’un cinéphile, on vous propose une playlist avec nos plus belles découvertes de musiques de films de ces dernières années. De quoi voir sa vie sur grand écran !
En perpétuelle recherche d’épaules solides sur lesquelles me hisser pour apercevoir la scène, je passe mes concerts à faire les chœurs depuis la foule.