Crooner mélancolique aux airs d’enfants, Chelou poursuit doucement l’exploration de son univers personnel et universel. Nouvelles sonorités, nouveaux thèmes, charme et grâce intactes. Le musicien louvoie depuis ses débuts dans un monde musical étendu, sans se soucier des prétendues barrières. Chansons dépouillées et magnifiquement nues sur The Quiet, mélodies mélancoliques amplifiées par des nappes de synthés entraînantes sur son premier album Out of Sight. Folk brut et sobre, complaintes électroniques léchées, ballades psychédéliques… Peu importe le genre et peu importent les qualificatifs pour le musicien. Seules comptent la sincérité de la musique, sa force d’inertie et sa force vive.
Appréciant donner les clés de son univers à d’autres artistes chargés de mettre en image ses compositions, Chelou confie Not The Man I Thought à Gilbert Bannerman. L’imaginaire prend alors vie sous la forme de modélisations 3D aussi grossièrement taillées que captivantes. Le musicien erre dans ce monde fantastique et psychédélique inspiré des peintures de William Blake, fils déchu d’un roi mort. Jeté et coincé dans la peau et le corps d’un adulte sans avoir pu prendre le temps de regarder avec du recul le chemin l’ayant mené à ce point, Chelou s’interroge. Il questionne les attentes que chaque enfant projette consciemment ou non sur son futur et les répercussions lorsqu’elles ne sont pas au rendez-vous.
Fidèle à l’optimisme désabusé qui colore sa musique depuis toujours, Chelou refuse de subir l’angoisse qu’essaye de nous imposer une société toujours plus omniprésente.
La fougue des accords électriques et l’assurance nonchalante de la batterie prennent le relai pour la seconde partie du morceau. En quelques mesures la nostalgie et le doute sont mis à la porte. Puisqu’au fond rien n’est si important, pourquoi s’en faire, chante-t-il ? “Don’t go making a big deal about anything // Don’t go making a big deal about me”.
Philosophie de la mesure, de la patience et d’une relativité toute puissante. La justesse des mots résonne comme une constante des pérégrinations musicales de Chelou. Et de sa musique s’échappe toujours la vie, le feu, son pouvoir, ses étincelles d’où jaillissent la joie et les sourires éphémères.
Essaye de faire de ma surdité rythmique un atout.
