Notre programme au Festival Voix De Femmes à Liège
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
12/10/2021

Notre programme au Festival Voix De Femmes à Liège

Le festival Voix De Femmes est un événement biennal et pluridisciplinaire qui propose de voir, entendre et penser les pratiques des artistes femmes (s’identifiant comme telles). Selon le festival lui-même “celles qui explorent et repoussent les limites avec curiosité, audace, respect”. C’est ce qui nous fait instantanément nous intéresser au projet par sa portée féministe, bienveillante et inclusive. Cette année, le festival Voix De Femmes a 30 ans et l’équipe a choisi, pour cette 15e édition, de Dis/continuer. Tout au long de la programmation se posera la question de l’héritage : ce qu’iels veulent chérir, transformer, ou arrêter. Et ce qu’iels veulent, à leur tour, partager et transmettre. Petit tour de ce que nous ne raterions pour rien au monde au sein du line-up.

 

16.10  | Concerts : Michelle Blades & Las Lloronas

On commence le festival sur une note latine avec un concert de Michelle Blades (dont on vous parlait dernièrement ici) suivi de Las Lloronas. Elles ont en commun le goût du voyage et une curiosité apparemment sans bornes, la faculté rare d’agencer des influences et des registres incroyablement larges pour en faire des perles. Et des albums de 2020 qui ont attendu beaucoup trop longtemps pour arriver enfin sur nos scènes !

Michelle Blades

Autodidacte, prolifique et touche-à-tout, la Panaméenne Michelle Blades est issue d’une famille de musicien·nes pionnier·es de la salsa au Mexique. Sa discographie aux sonorités multiples est à l’image d’une vie nomade, passée entre son Panama natal, le Mexique, terre de sa famille maternelle, la Floride où elle a trouvé refuge en fuyant la dictature de Manuel Noriega, l’Arizona où la jeune femme s’imprègne d’une culture underground et alternative, la France depuis presque dix ans. Grande passionnée des seventies, pour ses évolutions politiques (la libération sexuelle, le féminisme, une société en mutation, des idées révolutionnaires) mais aussi musicales, elle s’inspire des vies souterraines, anarchiques, queers et imprégnées d’un esprit DIY.

 

Las Lloronas

Las Lloronas réunit les musiciennes de rue Sura Solomon (BE/USA), Amber in ‘t Veld (ES/NL) et Marieke Werner (DE) à Bruxelles. Elles s’inscrivent à la croisée de différentes pratiques et traditions musicales : musique traditionnelle espagnole, polyphonie, sons klezmer, fado, blues ou encore de slam. Influencées par (entre autres) Lhasa de Sela et Noname et unies par leur passion pour la sociologie, l’activisme et l’art, elles proposent un répertoire qui oscille entre lamentation, rêverie et cri de guerre.

 

 

16 > 17.10  | Atelier : Chants et tambours du Sud de l’Italie

Dans le sud de l’Italie – comme souvent ailleurs – on chante pour le rituel, pour rythmer le travail, pour exprimer ses sentiments, pour maintenir vive la mémoire et le savoir d’une communauté. Pendant les deux jours d‘ateliers, les membres d’Hysterrae proposent d’approcher ces chants de plus près : d’en apprendre sur leurs origines et leur histoire, leur fonction sociale, les légendes qui habitent ces formes d’expressions populaires. En fin d’atelier, les deux groupes initialement séparés se rejoindront autour de “lu tamburreddhu mio“, une pizzica traditionnelle qui se danse dans les rondes des fêtes populaires du Salento. Hysterrae sera d’ailleurs en concert le 15 octobre au KulturA. dans le cadre du festival.

 

16.10  | Rencontre : Le monde c’est les autres ?

Du 16 au 17 octobre, le Festival Voix de Femmes met en place l’atelier “Who runs the world music?” et s’interroge sur la catégorie musicale dite “du monde”. Ce sujet est un ancrage historique du festival et se place parfaitement dans le thème de cette année. Dans le cadre de cet atelier, une rencontre sera organisée au KulturA. pour challenger le genre musical à la lumière de recherches récentes sur le sujet et des expériences du terrain, porter un regard critique et décolonial sur le secteur et nos propres pratiques.

La discussion sera menée par Souria Cheurfi (VICE Belgique, Psst Mlle), avec Marion Schultz (autrice d’un mémoire sur la question), Sika Gblondoumé (artiste), Christine Zayed (artiste) et Sofia Rasquin (Crammed Discs).

 

17.10  | Concert : Christine Zayed

Très répandu au Moyen Orient, le qanoun (“la loi”, en arabe) est l’instrument principal de l’ensemble de la musique orientale. Un instrument ancestral qui en a inspiré beaucoup d’autres depuis sa création, probablement au 9e siècle avant JC, et qui a rapidement fasciné la multi-instrumentiste palestinienne Christine Zayed. Dans son projet solo, elle l’accompagne magnifiquement au chant, et le transporte entre le répertoire classique (palestinien, arabe et turc) et ses propres compositions. Une synthèse de son parcours d’exception et de ses innombrables influences musicales – parmi lesquelles la grande Oum Kalthoum figure en bonne place – , philosophiques et politiques ; une beauté inouïe. En concert le 17 octobre au KulturA.

 

19.10  | Cinéma : Les Nouvelles Guérillères… et quelques autres !

La Fronde, Laisse les Filles Tranquilles, les Déchainé·es, Noms Peut-être, les Bledarte, Mémoire Coloniale et Lutte Contre les Discriminations, Imazi·Reine, Apolline Vranken (l’Architecture qui dégenre), Manon Brulard (HackYourFuture Belgium) : dans son premier documentaire, Elisa Vdk donne la parole à la quatrième vague de féministes bruxelloises et leurs combats pour une ville plus égalitaire, où nulle n’est invisibilisée ou dénigrée. Un documentaire qui met en lumière celles qui dénoncent le patriarcat ambiant et proposent des solutions concrètes, pour que plus jamais une sœur ne soit seule dans l’espace public.

La projection sera suivie d’une rencontre animée par Héloïse Husquinet (chercheuse indépendante), avec : Elisa Vdk (réalisatrice), Irène Kaufer (militante de la 2e vague féministe et blogueuse), Selemani Gloria Djemba (militante afroféministe liégeoise et réalisatrice du documentaire “Sirop de Liège”), et le GlueGang Liège (collectif de collages féministes).

 

20.10  | Tiens ta garde – Collectif Marthe

« Désapprendre à ne pas se battre », c’est le drapeau que brandit le Collectif Marthe (Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Aurélia Lüscher et Itto Mehdaoui) avec son théatre d’auto-défense féministe au Manège Fonck.

Au départ du très attendu Tiens ta garde, il y a l’ouvrage philosophique d’Elsa Dorlin : Se défendre, une philosophie de la violence, publié en 2017. La philosophe française et professeure à l’université Paris VIII y dresse une généalogie de l’autodéfense à travers différents mouvements politiques, différentes périodes historiques, différents groupes d’individu·es pris·es dans des mouvements de résistance. Elle met en lumière quelques questions fondamentales : qui peut légitimement exercer la violence? À quelles fins et avec quels moyens?

Avec le Collectif Marthe, le plateau devient le lieu de tous les possibles. Et on se convainc que si la vie est aussi une lutte, l’autodéfense est un art nécessaire, et le théâtre un sport de combat. Un atelier est également organisé le 21 octobre à la Chaufferie Expression théâtrale : la force et la violence.

 

20.10  | Atelier : Répondre aux violences sexistes et racistes  – Initiation à l’autodéfense verbale

Atelier en non-mixité femmes* racisées, immigrés-descendantes ou issue de l’immigration. A partir de 18 ans.

Tshinguta Sarah Mussenge mène un atelier de réflexions sur la sécurité, destiné aux femmes* vivant le racisme. Au travers de théorie, de jeux et de partages d’expériences, nous échangerons nos petits “trucs” pour nous sentir plus à l’aise, chez nous ou dans l’espace public. Quelques stratégies mises en place et des techniques de défense verbale en cas de discriminations sexistes et/ou racistes y seront abordées.

*personnes se reconnaissant dans cette identité de genre

 

20.10  | Atelier : Violences sexistes, ripostes féministes ! Initiation à l’autodéfense physique

Atelier en non-mixité de femmes*. Pas besoin d’être sportive.  A partir de 16 ans. 

Bien que l’initiation à l’autodéfense verbale soit de la plus grande importance, l’initiation à l’autodéfense physique se pose aussi.  Ces ateliers sont mis en place pour renforcer nos capacités à nous protéger, et de ce fait, notre confiance en nous, avant, pendant et après une agression ou une transgression de limite. En tant que femmes*, nous sommes confrontées régulièrement à la violence sexiste. Cette violence peut être verbale, physique, psychologique, économique.

Cet atelier est une introduction à l’autodéfense féministe Seito Boei. Parfait pour celles qui n’ont jamais participé à un stage d’autodéfense, et celles qui voudraient se rafraichir la mémoire. Mené par Pascale Botilde, formée en autodéfense féministe, l’atelier est aussi interactif : il se construit aussi grâce aux expériences et ressources de chacune. Des informations sur les associations qui proposent des stages d’autodéfense plus complets vous seront données en fin d’atelier !

*personnes se reconnaissant dans cette identité de genre

 

29.10  | Concerts : Mansfield TYA & Françoiz Breut + afterparty with VICE

C’est une messe explosive qui réunira Mansfield.TYA (qu’on a pu voir aux Nuits Botanique 2021 et dont on vous parlait ici) et la chanteuse, poétesse et bricoleuse Françoiz Breut au Manège Fonck suivie d’une afterparty de VICE.

Mansfield.TYA

Mansfield.TYA, c’est la rencontre volcanique de Julia Lanoë (Rebeka Warrior, Sexy Sushi & KOMPROMAT), poète la nuit et productrice le jour, et de Carla Pallone (VACΛRME), compositrice, violoniste baroque devenue multi-instrumentiste. Formé à Nantes il y a plus de 15 ans, le duo propose dès le départ un univers minimaliste, teinté de punk, d’électronique et de classique tout en suivant le fil rouge (ou noir) de la poésie.

2021 signe leur retour avec l’arrivée du majestueux Monument Ordinaire, un disque aussi envoûtant qu’entêtant, aux teintes électroniques mais pas que.

 

Françoiz Breut

Son nouvel album, le septième, s’appelle Flux flou de la foule et raconte sa colère, sa curiosité et son appétit. Françoiz Breut y convoque Fela et Sun Ra, évoque la space pop seventies tout autant que le dub profond et fait danser sur des boucles obsessionnelles et électroniques. Elle y dénonce un monde pris dans un mouvement (vicieux) perpétuel fait de remous et d’explosions à répétition. Minimaliste dans la forme, complexe et vivant sur le fond, il invite à rire – plutôt fou – pour traverser les champs de bataille.

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