Il y a 10 jours, on a foulé les terres de Saint Cloud pour débarquer à la seizième édition de Rock En Seine. Auréolée d’une polémique un peu stérile sur l’apparation de groupes de rap dans sa programmation (comme si c’était une nouveauté…), cette édition a eu son lot de moments de grâce et de beauté. On aurait pu vous parler de la jeunesse fougueuse de The Orielles, du talent incandescent de Black Star ou de la classe toute américaine de Théo Lawrence and The Hearts. Mais au final, on a gardé six concerts qui nous auront marqué au cours du festival.
Charles :
Die Antwoord
“Oui oui mon ami oui oui”. Autant l’avouer de suite, la perspective de retrouver le trio le plus cinglé d’Afrique du Sud fut en grande partie responsable de notre envie d’aller à Rock En Seine. Et encore une fois, ils ne nous ont pas fait regretter le déplacement. Contrairement aux grincheux de Konbini, qui ont tout vu, tout vécu et qui se permettent de descendre un concert en une phrase sentencieuse, on va essayer de vous expliquer pourquoi on a une nouvelle fois pris une tarte devant le show de Die Antwoord. Bon tout d’abord, et ça va sembler évident, on adore leur musique, ce mélange des genres explosifs, même si par moment ça ressemble un peu à une musique de fête foraine on s’en fout royalement tant la musique des gaillards est une excuse parfaite pour faire la fête. On a aussi particulièrement aimé leur nouveau set up live. Si les vidéos à base de dessins obscènes sont toujours aussi présentes, la mise en scène est, elle, de plus en plus ambitieuse avec une ambiance bidonville sud-africain du plus bel effet et qui fera passer les deux pauvres écrans de PNL pour une vaste blague. Enfin, si on aime Die Antwoord, c’est pour Ninja et Yo Landi, et autant le dire clairement, ils n’ont pas failli à leur réputation. Généreux, occupant la scène d’un bout à l’autre, courant, sautant, dansant… Bref un spectacle total (même si on en est venu à se demander si la part féminine du duo ne chantait pas en playback). Au final on pourra dire qu’un concert de Die Antwoord c’est un peu le cirque du freak, c’est divertissant, gentiment subversif et joyeusement bordélique. Bref, un moment parfait de festival.
Fat White Family
Le punk anglais n’est donc définitivement pas mort. Alors que Slaves et Idles prennent ces derniers temps une place importante dans nos petits cœurs de rockers (coucou Julien Clerc, on se retrouve à la Fête de l’Humanité?), on était à la fois très curieux et un peu inquiet d’aller découvrir leur confrère Fat White Family. Leur réputation live, c’est souvent tout ou rien, c’est un pari, un pile ou face musical. Et on dirait que ce samedi soir à Rock en Seine, on a tiré la bonne face tant les anglais nous ont donné une leçon de classe et de puissance sonore. Alors oui, ça ne joue pas tout le temps juste, ça chante souvent faux, mais n’est ce pas là l’essence même du punk? Un charisme de tous les instants, une joie communicative, de l’humour, un poil de violence et surtout du gros gros son. Bref, le genre de concert qui rend heureux et qui donne envie de sauter partout.
The Black Angels
Et en parlant de gros son, comment ne pas citer les américains de The Black Angels? Alors que la moitié de la team allait se déhancher sur les tubes de Justice, la seconde à pris la direction de la petite scène du Bosquet pour retrouver le gang d’Austin. Et autant le dire, les bonhommes avait mis le psychédélisme au placard ce soir là. Si les vidéos en fond de scène faisait leur office et rappelait brièvement que les garçons sont connus pour être les fers des lances du renouveau rock psychédélique, c’est bien un véritable concert de gros rock brutal auquel on a eu droit. Cette veine musicale développée sur leur dernier album Death Song a donc dirigé de manière assez logique la couleur musicale du groupe ce soir la. Une heure, c’était sans doute trop court, mais comme le groupe parle peu, voir pas du tout entre les chansons, l’enchainement des titres nous a offert une vraie claque musicale, sonore et visuelle et des titres comme Currency, Medicine et Comanche Moon qui prennent une vraie ampleur en live. Bref, une belle manière d’offrir un enterrement de viking à cette seixième édition de Rock en Seine. Texas Forever !
Adrien :
Casual Gabberz
C’était le moment le plus chaleureux du festival. Le collectif de techno hardcore était programmé samedi soir en clôture de la scène de l’Industrie (qui n’a d’ailleurs jamais porté aussi bien son nom) et a réussi l’exploit de décoincer la grosse machine un peu austère qu’est Rock en Seine. Littéralement une heure de folie brute à coups de hits dévastateurs : le public était en feu, ce qui contraste énormément avec la mollesse générale qui se dégageait du parc de Saint Cloud. Pogos, déconne et efficacité monstrueuse : ça n’a pas rattrapé les faiblesses du samedi (Liam Gallagher et Thirty Seconds to Mars, quels moments de gène), mais on repart du site regonflé à bloc. On a par ailleurs eu la chance de rencontrer tout le crew quelques heures avant le show, l’interview est à retrouver d’ici peu sur La Vague Parallèle !
Confidence Man
C’est la meilleure surprise de ce festival. Le groupe de pop en provenance de Brisbane a en effet livré une prestation mémorable sur la grande scène dimanche après-midi. Ce mystérieux quatuor est en fait un supergroupe composé de deux musiciens masqués (batteur et claviériste) et de deux chanteurs – une vraie blonde et un faux blond – sortis tout droit des formations Australiennes Moses Gunn Collective, The Belligerents et The Jungle Giants. Impossible de rester statique devant un tel spectacle : on prend part à l’euphorie générale devant le grand n’importe quoi de chorégraphies bordéliques et de costumes complètement surréalistes (ils en changent tous les deux morceaux en moyenne). Véritable festival de punchlines débiles (« I’m a cool party girl in a cool party world », rien que ça), Confidence Man nous a mis de bonne humeur pour le reste de la journée.
Justice
Il faut vraiment le voir pour le croire. Le show du troisième album du duo Français est absolument époustouflant et une description écrite ne suffira pas à vous l’imager. Pour la dernière date de leur tournée mondiale, Gaspard et Xavier ont mis le paquet : une vingtaine d’écrans géant disposés en ligne de part et d’autre de la fosse, une scène secondaire au milieu de la foule uniquement pour une version (magnifique) de Stop, des jeux de lumière tentaculaires et un bain de foule final de 20 minutes : ça fait beaucoup quand même. À part quelques passages un peu moches (le sample vocal de DVNO nous a vraiment pétés les oreilles), le live est d’une efficacité incomparable musicalement. Le meilleur moment ? Le combo Alakazam / Waters of Nazareths / We Are Your Friends qui a mis une claque à tout le public. C’était d’ailleurs la foule la plus dense de tout le festival, il faut croire que l’histoire d’amour entre le public Parisien et le duo Français n’est pas prête de s’arrêter.
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.