Fondé en 2007 par Kevin Parker, le groupe australien fait de la pop-rock psychédélique son cheval de bataille en mélangeant l’aspect hypnotisant de la psyché et l’efficacité tranchée de la pop-rock. Le tout, Tame Impala, le présente dans des shows multicolores façon happenings sixties au cours desquels le quintuor propose une prestation parfaitement équilibrée entre pudeur maîtrisée et dévouement complet à l’art scénique.
Après une période relativement calme en terme de sortie d’album (le dernier opus du groupe Lonerism date de 2012), Tame Impala revient en force avec Currents, réel concentré de tubes* en puissance. Attirant déjà une critique dithyrambique en tout juste un peu plus d’une semaine, Currents s’est déjà fait une troisième place de choix dans le top 10 des sorties d’album en Grande-Bretagne (source : NME) derrière Communion de Years & Years (lisez notre chronique) et l’indétronable X d’Ed Sheeran. Respectant la méthode de travail des précurseurs du genre, les Australiens montre que la qualité prend le dessus sur la quantité de leurs œuvres et on est plutôt heureux d’avoir attendu trois ans pour avoir un album de ce calibre.
Commencer un album avec un morceau de presque 8 minutes, c’est un exercice qui paraît plutôt risqué sur le papier. Et pourtant, avec Let It Happen, Tame Impala effectue un tour de force audacieux donnant un ton magistral d’entrée de jeu. Sur ce titre, le groupe développe un arsenal de techniques musicales qui ont déjà fait leur succès précédemment : cohérence et équilibre parfaits de l’ensemble instrumental (pas question de seulement mettre le guitariste-chanteur sous le feu des projecteurs), parties chantées qui restent scotchées aux oreilles et travail de production irréprochable. Le morceau est un vrai délice tout du long et nous fait presque regretter qu’il ne dure pas le double du temps.
Ensuite, l’ensemble de l’opus continue sur cette lancée-là sans jamais perdre de souffle. Entre tracks pop hautement mémorables, ballades sophistiquées et préludes quasi-instrumentaux, cet album est un véritable voyage à la courbe sinusoïdale qui nous balance d’une émotion à l’autre sans jamais faire dans l’excès d’ethos. Parmi nos coups de coeur personnels, on mentionnera, entre autres, Eventually qui fait décoller de sa chaise (ou canapé, c’est selon) après la berçante ballade qu’est Yes I’m Changing, ou encore Cause I’m A Man, complainte androcentrée mélodique que l’on avait déjà eu l’occasion de découvrir plus tôt cette année.
En résumé, inutile de cacher que, parmi la multitude de très belles sorties cet été, Currents se place d’ores et déjà en tête de liste. En étant déjà/seulement à leur troisième effort, Tame Impala continue de brasser une potion magique dont le potentiel ne semble pas risquer de s’atténuer de sitôt.
*Petit cadeau langagier issu tout droit des années 90
Eternel romantique oscillant entre Belgique et Pologne, il fait de l’electro-pop et de la folk torturée ses crédos majeurs.