Alors que la deuxième semaine des Nuits Botanique s’achève, on a des étoiles dans les yeux d’avoir pu (re)vivre une telle expérience. Des vrais concerts, des vraies personnes et des vrais sourires non masqués dans une ambiance des plus revigorantes. Dans le cas malheureux où vous n’ayez pas pu obtenir vos précieux sésames (ou un Covid Safe valable), l’équipe de La Vague Parallèle vous immerge dans l’ambiance si particulière de ces rendez-vous au cœur du Jardin Botanique et entre les murs de ce trésor d’architecture. Récap de la deuxième semaine avec Girls in Hawaii, Ashley Morgan & Band, Antoine Flipo et David Numwami.
12/09 | Girls in Hawaii
Il est 20 h 30 tapantes quand les premières notes des Girls In Hawaii retentissent entre les murs de la scène du Parc, niché pour l’occasion en plein cœur des jardins Botanique. Entre les mains levées et les cris ardents du public, mis en jambe pendant près de trente minutes par le talentueux jeune groupe belge Watchoutforthegiants, les silhouettes des membres de Girls In Hawaii apparaissent. Et si cela faisait près de 18 mois que de la musique live n’avait pas résonné aussi fort dans l’enceinte du Botanique, l’effervescence du public qui se crée au fur et à mesure des premiers riffs de guitare vient donner le ton de la soirée. Les rockeurs de Girls In Hawaii sont bel et bien de retour plus en forme que jamais, et ce, pour notre plus grand plaisir.
Entre les quelques titres à l’atmosphère plus aérienne de leur dernier album Nocturne et les grands classiques issus de leur sublime discographie, la salle s’enflamme sans grande difficulté. Nos têtes se balancent et nos corps se déhanchent sur ces arrangements nous ayant tant manqués ces quatre dernières années. Les titres s’enchaînent et la chance continue de nous sourire quand le groupe décide de nous dévoiler une nouveauté. Pendant plus d’une heure et demie, on redécouvre ce groupe ayant marqué la scène belge de la plus belle des manières. De Misses à Cyclo, en passant par Not Dead, Flavor et Time to Forgive the Winter, les cinq compères arrivent à nous faire oublier nos quotidiens, et qu’est-ce que ça fait du bien. Le temps d’une soirée, la distanciation sociale s’évapore et laisse place à ce que la musique live procure de meilleur : la fusion de centaines de personnes autour d’une seule et même chose, leur passion pour un groupe. Imaginez donc ce que cela donne quand il s’agit des grandioses Girls In Hawaii.
| Photo : Hugo Payen
12/09 | Noannaos Night – Ashley Morgan & Band
Alors que les Girls In Hawaii d’un côté, et Mansfield.TYA concrétisaient leur statut de têtes d’affiche sur les scènes plus importantes du Botanique, en clôture de ce premier week-end, le public en quête d’expérimentation tournait son attention sur la Rotonde. En effet, les Nuits sont aussi et surtout une occasion en or de découvrir des projets jeunes et innovants. Dès lors, rien d’étonnant au fait que l’annonce d’une création originale du collectif Noannaos ait immédiatement piqué notre curiosité.
L’avantage de cette soirée, c’est que nous n’avions globalement qu’une très vague idée de ce à quoi nous pouvions nous attendre. C’est donc avec une ouverture totale que nous nous sommes laissé·e·s embarquer dans les univers respectifs des quatre artistes qui se partageaient la scène. Démarrage en douceur avec Pippin. Jusqu’alors inconnu de nos services, le jeune producteur nous enveloppe rapidement dans son cocon ambient pour un set aussi sobre qu’hypnotisant. Une expérience mise sur pied exclusivement pour l’événement, s’inscrivant dans une performance mêlant art plastique, danse et musique pour un résultat onirique et envoûtant. Mais pas le temps de niaiser. À peine le temps de passer au bar et d’apprécier le DJ set de Susobrino, reconverti en maître de cérémonie en charge d’assurer les transitions, qu’il est déjà l’heure d’accueillir Dushime. L’artiste aux multiples facettes n’a pas son pareil pour nous faire perdre la notion du temps. Ses vocalises envoûtantes et sa scénographie mystérieuse nous plongent instantanément dans un état de transe très particulier. L’important ce n’est plus de voir l’artiste, mais de laisser sa musique habiter nos corps. C’est ensuite au tour d’Ashley Morgan de prendre possession des lieux. Fini les nappes électroniques envoûtantes, place au live. En effet, l’instigateur de cette soirée avait, pour l’occasion, mis les petits plats dans les grands. On s’attendait à un set hip-hop alternatif et minimaliste, nous voilà face à une formule full band aux tendances jazz pour un concert qui s’annonce grisante dès les premières minutes. Autant dire que le garçon s’est bien entouré, chaque musicien se donnant la réplique avec une alchimie déconcertante. Une prestation électrisante qui n’est pas sans faire écho à des pointures telles que Tom Misch ou Oscar Jerome. 23h15, les autres salles se sont vidées depuis un moment lorsque Nah installe sa batterie au milieu du public de la rotonde. L’heure est au défoulement. Seul au centre de la fosse, le batteur fou semble bien décidé à extraire les dernières goutes de sueur des quelques irréductibles qui ont eu la bonne idée de rester pour l’occasion. Une clôture cathartique pour une soirée qui aura apporté son lot de surprises et de moments de grâce.
| Photo : Caroline Bertolini
13/09 | Antoine Flipo (Glass Museum)
Le savant fou dans son laboratoire. Voilà la première image qui nous vient en tête à la vue de cette performance effervescente, pleine de génie et de diligence. Antoine Flipo, moitié du duo belge Glass Museum, a pensé cette création comme un véritable lâcher-prise, un élan sans bornes de créativité et d’inventivité matérialisé en un live unique. Fruit d’un travail d’une longue année passée dans l’antre déserte de la Rotonde du Botanique et dans la solitude de son studio, l’idée du multi-instrumentiste était de dépouiller un majestueux piano à queue de sa noblesse en répertoriant et ré-articulant les différents sons produits à partir de celui-ci. Claquements, frottements, grincements, tout y passe et donne lieu à une symphonie tantôt étourdissante, tantôt berçante.
Pleine de tension et de vie, cette performance aura eu le mérite de de placer Antoine Flipo hors de sa zone de confort, s’essayant à l’exercice périlleux du looping et de la reproduction live de ses compositions étriquées. Essuyant quelques petits accrocs avec un sourire et une légèreté attachante, il insuffle à cet instant unique une touche d’humanité et de transparence bouleversante, surtout lorsqu’elle est couplée à la musicalité si fine de ses arrangements.
| Photo : Caroline Bertolini
19.09 | David Numwami + Saint DX
Il ne faut pas s’attarder trop longtemps sur les morceaux de Saint DX et de David Numwami pour s’apercevoir que les deux crooners ont le love dans les veines et dans la voix. Et du love, ce n’est pas ce qu’il manquait dans la salle de l’Orangerie du Botanique ce dimanche. Premier acte – et malheureuse victime de soucis techniques – Saint DX aura su gratifier le public d’une langoureuse enfilade de ballades vaporeuses sur fond de synthétiseur, de saxophone et de batterie. Venu présenter quelques nouvelles pépites de son projet à venir Unmixtape, dont l’excellent Can’t Get You.
Deux salles, deux ambiances : si Saint DX sera parvenu à faire planer l’assemblée en premier temps, David Numwami va la faire décoller vers d’autres cieux avec un set éclectique et hyper-énergique. Sautillant et virevoltant de part et d’autres de la scène, tantôt pour embrasser son musicien, tantôt pour choper la dernière gorgée de bière d’une des spectatrices, le nouvel incontournable de la pop belge est ici comme chez lui. L’antre du Botanique se fait alors l’écrin idéal pour abriter ses déclarations d’amour musicales emplies de second degré et de malice, nous offrant par la même occasion notre live coup de cœur du festival.
| Photo : Giulia Simonetti
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.
