Nuits Botanique 2022 : nos highlights de la deuxième semaine
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Auteur·ice : Rédaction
10/05/2022

Nuits Botanique 2022 : nos highlights de la deuxième semaine

| Photo : Diego Mitrugno

Les Nuits Botanique sont de retour pour l’édition 2022, du 27 avril au 15 mai. Encore une programmation éclectiquement délicieuse qui va du rap au métal en passant par le jazz et la pop, et on en passe. Vous l’aurez compris, l’équipe de La Vague Parallèle se devait d’être là et vous propose de vous immerger dans l’ambiance si particulière de ces rendez-vous au cœur du Jardin Botanique et entre les murs de ce trésor d’architecture. Récap de la deuxième semaine avec Papooz, Myd, Jonathan Bree, Iliona, Blu DeTiger et beaucoup d’autres ! 


03/05 | Myd + Papooz + Lewis OfMan

Ce soir, le chapiteau qui occupe les jardins du parc a tremblé sous les rythmes déjantés de Lewis OfMan, sous les accords délirants de Papooz ainsi que sous les compositions rayonnantes de Myd. Une soirée qui respire l’été et les bonnes ondes, venue nous rappeler le nombre de talents dont regorge la French Touch. Décrit comme l’une des figures montantes de la scène électro pop française, Lewis OfMan n’a pas hésité à nous en mettre plein les oreilles afin de bien commencer la soirée. Être le premier artiste à passer n’est pas toujours facile : le public arrive doucement, profitant des derniers rayons de soleil. Pourtant, en deux morceaux, le jeune Français a rassemblé. Avec des titres faisant exploser les décibels, celui-ci a véritablement lancé la fête qu’allait abriter le Botanique.

Une fête qui s’est rapidement poursuivie avec les riffs gorgés de soleil de ce duo de crooners qu’est Papooz. Après une première venue il y a quelques années, Ulysse et Armand avaient prévu un retour haut en couleurs. Venus nous présenter leur dernier album en date, None of This Matters Now, le duo a enchanté la salle. Pendant 40 minutes, le Chapiteau s’est déhanché sur les titres phares du groupe comme Simply Are, Hell of a Woman, et Twilight of Your Mind. Si le public voulait plus de Papooz, le moment était pourtant venu pour Myd de clôturer cette merveilleuse soirée. Producteur et composteur lillois, Myd est indéniablement la nouvelle icône pop française. Dès les premières notes, Myd a sans conteste, retourné la salle. Accompagné à l’occasion de son live band, celui dont les succès ne cessent de s’accumuler nous a envoyé dans son univers ensoleillé sans la moindre difficulté. Pendant plusieurs heures ce soir, le public semblait ailleurs, comme hypnotisé par l’ingéniosité musicale qui lui était proposée. Encore une soirée réussi pour le Botanique donc, qui ne cesse de nous gâter.

| Photos : Hugo Payen


03/05 | Jonathan Bree + Amante Amato

Le Grand Salon du Botanique accueillait Amante Amato et Jonathan Bree. Si Amante Amato remplaçait John Moods, sa présence n’en était pas moins justifiée. Un certain esthétisme se prêtait totalement à la soirée et à son compagnon de line up. En arrivant au set, on découvre un rouge atmosphérique qui a plongé la salle dans une obscurité introspective. On y voit le Franco-Italien sur ses genoux, vêtu d’un tulle écarlate, récitant ses paroles avec un romantisme presque spirituel. “Amante Amato“, ça veut dire “l’amant·e aimé·e“, c’est un joli mood pour commencer la soirée, n’est-ce pas ?

Les points communs des deux artistes, ce sont évidemment leur scénographie cinématographique, mais aussi leur capacité à ne pas dévoiler leur visage. Il ne nous arrive pas souvent de croiser le chemin d’artistes qui préfèrent rester dans l’ombre pour signifier leur musique. Pour Jonathan Bree, l’exercice prend un tournant presque glauque. Le dark crooner se joue de l’obscurité et du mystère pour créer son personnage, jusqu’à ses déplacements qui font penser à une panthère noire, sensuelle et dangereuse, sur sa chanson Valentine. Les musiciens et danseuses sont masqué·es elleux aussi, ce qui ne nous permet pas de retrouver une réassurance dans des yeux ou des visages. Tout le show se passe en même temps très proche de nous mais aussi infiniment loin, sans aucun sentiment visible et dans le bleu total. On y voit des images projetées et des danseuses qui reproduisent exactement les pas qui sont montrés au dessus d’elles. Le reste du band est presque stoïque, procédant de façon millimétrée. Les lumières sont tellement tamisées que la pellicule de notre appareil photo nous fait défaut. Le public n’a d’autre choix que de rester statique pour observer le prédateur se rapprocher de sa proie lentement, comme on observerait un film au cinéma.

| Photos : Caroline Bertolini


04/05 | Iliona + JANIE + ML 

C’était mercredi, en milieu de semaine, que l’on retrouvait sous le chapiteau du Bota, avec un soleil bas aux couleurs rosées d’une soirée estivale, le gratin 100 % féminin du futur de la chanson française : ML, Janie et puis surtout Iliona. Il faut dire qu’on était intrigué·es par le projet de ML après Nuit Noire et heureux·ses de la voir programmée une deuxième fois dans le festival, en ouverture surprise de la soirée (suite à l’annulation de Marie-Flore). Même chose pour Janie, qui s’impose avec justesse et singularité sur la scène francophone comme la digne héritière de la pop-piano de chanteuses françaises comme France Gall ou Françoise Hardy.

Mais on est à Bruxelles, et on peut pas nier l’attachement tout particulier du public pour Iliona, présente aux Nuits pour son premier festival et seulement son troisième concert. Malgré un début un peu timide, où sa voix était trop légèrement couverte par les instrus qui l’accompagnaient (c’est son troisième concert, on lui pardonne tout), c’est sur des titres tels que Si tu m’aimes demain où toute sa prestance flegmatique et hypnotique d’une popstar des 70s fait son effet. Et puis, Iliona c’est surtout le piano-voix ; rien besoin de plus que ces moments suspendus où la chanteuse bruxelloise démontre toutes ses capacités musicales et émotionnelles par cette voix rayée, mais lisse. Pour un début scénique, Iliona apparait dans son élément face à un public sensible à ses propositions, l’acclamant pour un rappel dès la fin du concert. Au final, le trio de chanteuses programmé ce mercredi semble être un pari sur l’avenir qui nous replonge il y a trois ou quatre ans quand Juliette Armanet, Angèle ou encore Clara Luciani débarquaient sur la scène à coups de synthé, de références 70/80s et de fraicheur.

| Photos : Laura Franco


05/05 | Blu DeTiger + Anna Majidson

De la pop funk édulcorée, ça vous dit ? Un des concerts qu’on attendait le plus sur la scène de la magistrale Rotonde était celui de la déesse de la basse, Blu DeTiger. Vous reconnaîtrez peut-être l’artiste via TikTok ou par ses nombreuses vidéos de chansons dont elle modifie ou reprend la ligne de basse. Si ce n’est pas encore le cas, on vous conseille très certainement d’aller faire un tour dans son monde vintage haut en couleur qui slap autant que son instrument sur Hot Crush Lover. Il émane une positivité contagieuse de la musicienne. Elle n’a point besoin d’en faire trop, elle tient les rennes de son show d’une main de maîtresse, elle s’amuse et amuse la salle qui, malgré son pourcentage faible en êtres humains, ne manque pas de chanter sur Figure It Out avec elle.

Elle nous sert trois covers à la ligne de basse populaire (oui 3 covers c’est beaucoup). D’abord Feel Good Inc. de Gorillaz qui nous fait plaisir parce que c’est la première chanson que nos petits doigts apprennent sur cet instrument incroyable. Une sympathie énorme s’en dégage parce qu’elle n’essaye pas de nous impressionner par des solos ou des moments instrumentaux où elle se sert de son instrument pour assoir son autorité comme beaucoup d’hommes musiciens pourraient le faire. Comme quoi, il n’y a pas que les mecs pompeux qui ne jouent que de la musique alternative qui peuvent être des dieux de la basse.  Blu DeTiger a choisi le chemin populaire pour exercer ses talents sur son instrument. Elle joue des morceaux qui se chantent aussi, comme Ms. Jackson de Outkast, ou encore Paper Planes de MIA. La salle se prend au jeu et chante à l’unisson, mais on sait très bien qu’elle attend surtout de pouvoir crier sur Vintage. Les salles de Paris et d’Amsterdam étaient remplies de fans de Blu DeTiger, donc Bruxelles, on te pardonne pour cette fois si tu vas écouter de ce pas son dernier EP en date.

| Photos : Caroline Bertolini


05/05 | Andy Shauf + Helena Deland + Leith Ross

Au cours des derniers jours, les salles du Botanique ont accueilli énormément de personnes, venues pour la majorité se remuer et donner de leur voix sur les rythmes énergiques de leurs artistes préféré·es. Alors que le Chapiteau nous accueillait lors d’une soirée des plus dansantes pas moins de quarante-huit heures plus tôt, le maître mot de ce soir en est bien différent. En effet, les amateur·rices de folk en tous genres semblent ravi·es de pouvoir venir se réfugier dans cette bulle de douceur le temps d’une soirée. Soirée durant laquelle les guitares acoustiques vont pouvoir, à leur tour, résonner à travers les jardins. Il est encore tôt lorsque la première artiste à monter sur la scène du chapiteau fait son apparition, armée de sa seule guitare. La dizaine de personne présente à ce moment-là l’applaudit. Une situation qui ne perturbe pas Leith Ross, jeune singer-songwriter canadienne, découvrant l’Europe pour la première fois de sa vie. Fort heureusement, la douceur de celle-ci attire les foules. La soirée commence à merveille.

Une soirée qui se poursuit peu de temps après sur les notes de guitares d’Helena Deland. La Montréalaise nous captive avec sa voix angélique, et nous plonge dans une atmosphère des plus mélancoliques en nous présentant une version épurée de son premier album, Someone New. Comme hypnotisé·es par ces prestations intimistes, nous ne voyons pas le temps passer. Soudain, la foule arrive en nombre et se tient prête à accueillir celui que tout le monde attend. Andy Shauf arrive ainsi sous les applaudissement et les cris. Cette figure canadienne emblématique du singer-songwriting est là pour nous présenter ses deux derniers albums en date sortis lors des deux années de calme que nous venons de traverser. Pour la troisième fois de la soirée – et sans aucune surprise -, Andy Shauf et ses musiciens régalent leur public. Nous voyons alors les têtes se remuer, et les sourires s’afficher. Le temps s’est de nouveau arrêté sous les lumières du Chapiteau. De quoi conclure à une énième nuit réussie pour le Botanique.

| Photos : Hugo Payen


08/05 | Sega Bodega + BBY ECO

Pour clôturer cette deuxième semaine de festival, quoi de mieux qu’une programmation électro-pop pointue avec un doublé expérimental : BBY ECO et Sega Bodega ? Le premier est un artiste-musicien installé à Amsterdam qui développe une musique eco-pop où s’unissent nature et poésie sonore. Dès ce premier concert, une ambiance électro douce et légère de club s’installe et réchauffe la salle de l’Orangerie. Avec ses propositions pop agrémentées de sonorités expérimentales issues de l’environnement naturel, BBY ECO exécute parfaitement l’exercice de conquérir un public plus C12 ou Fuse qui se serait trompé de lieu et d’heure, préparant parfaitement le terrain à la tête d’affiche.

Le deuxième est l’artiste et producteur écossais le plus en vue du moment. Salvador Navarrete de son vrai nom, c’était un peu celui que l’on attendait au tournant. Tout le monde en parle et en parle bien (il a attiré l’attention de Rihanna et a déjà collaboré avec Arca et Charlotte Gainsbourg sur deux titres de son dernier album Romeo, oui rien que ça) ! Et en live, Sega Bodega sait comment capter l’attention de son public : une entrée de jeu timide sur fond d’une scénographie minimaliste on point avec trois rideaux d’un tissu cristallin qui ne dévoile que les formes imprécises du chanteur. Esthétiquement, l’ambiance presque sous-marine, entre drapés flottants et formes floues légères, vient soutenir l’électro-pop déstructurée de l’artiste, où se forment et déforment des sonorités ectoplasmiques singulières. Cela laisse la douce impression que l’artiste est entouré de méduses, sortes de doux fantômes opalescents des amours perdues qui enveloppent d’une mélancolie la musique du chanteur de Glasgow. Rien à redire, c’est réussi visuellement. C’est également réussi au niveau de la réception du public Berliner-ish euphorique. Petit regret, on aurait voulu que la prestation vocale puisse se détacher davantage de la version studio des enregistrements, paramètre qui fait peut-être défaut à la proposition live et qui nous fait même demander si au final on ne devrait pas retrouver Sega Bodega directement dans un club plutôt que dans une salle transformée en club le temps du concert.

| Photos : Diego Mitrugno