| Photo : Caroline Bertolini
Les Nuits Botanique sont de retour pour l’édition 2022, du 27 avril au 15 mai. Encore une programmation éclectiquement délicieuse qui va du rap au métal en passant par le jazz et la pop, et on en passe. Vous l’aurez compris, l’équipe de La Vague Parallèle se devait d’être là et vous propose de vous immerger dans l’ambiance si particulière de ces rendez-vous au cœur du Jardin Botanique et entre les murs de ce trésor d’architecture. Récap de la première semaine avec La Fève, Park, Mitski, VAAGUE, Novo Amor et beaucoup d’autres !
27/04 | OBOY + La Fève + Geeeko
Une première nuit Botanique constellée de trois étoiles du rap francophone. Alors que le soleil se décline derrière la scène du Chapiteau, les yeux plissés du public sont néanmoins rivés vers la scène qui accueille un premier artiste, l’une des figures du rap belge, Geeeko. Étoile montante, le jeune rappeur a conquis le public qui le méconnaissait et confirme à ceux qui le suivent depuis un moment que la scène est son art, affirmant qu’il a clairement sa place auprès des deux autres artistes avec qui il partage la scène ce soir-là.
En attendant de le voir en figurine, La Fève s’est présenté sur scène en chair et en os. Un show rythmé par un public d’une jeune génération sur ressort. À vrai dire, la maman de l’un·e d’entre vous a également été aperçue dans les pogos lancés à la chaîne. Un petit moment de répit pour elle lorsque le rappeur a su calmer cette vague géante d’agitation transpirante d’énergie avec son titre L’APPEL. Le calme n’a tenu que ces quelques minutes avant de faire bouncer la scène au rythme de son titre phare, MAUVAIS PAYEUR. Bien que l’ardeur du public portait très clairement l’ambiance de la performance, le jeune artiste, au début de ses expériences scéniques, a la certitude maintenant que son dernier projet ERRR est pleinement en accord avec le live et que son public est prêt à en découdre. La nuit tombe mais l’ambiance s’élève encore davantage lorsque OBOY fait son apparition sur scène. Étant donné qu’il est devenu l’un des rappeurs le plus mainstream du moment, ce ne fut pas difficile pour l’artiste d’emporter le public avec lui et de faire entendre, via la réplique des centaines de voix confondues, les titres de son album No crari à toute la capitale. La scénographie, quant à elle, était riche de par l’application des jeux de lumières et des écrans, plongeant les spectateur·ices en immersion audio-visuelle totale : un jet de Caprisun lors de son titre aux multiples millions de streams Cabeza et une foule étoilée des flashs pour porter le dernier morceau de son projet Bétoile de la plus mélancolique des façons. Une première nuit qui nous amène à vouloir en vivre beaucoup d’autres.
| Photos : Julien Vermeiren
28/04 | PARK + Gros Coeur
Jeudi, c’est Park que nous sommes allé·es découvrir. Un groupe français aux influences fort diverses, qui a transporté le public du Botanique dans une sorte de 4e dimension. En première partie, ce sont finalement les belges Gros Coeur qui ont mis l’ambiance. Tout droit descendus de leur soucoupe volante, ils ont distribué une énergie à la fois mystique et groovy dans la salle.
L’atmosphère plus intimiste de la Rotonde convenait parfaitement à l’énergie de Park et leurs mystérieux masques de pâte à sel, dont l’un a volé en éclat suite à un riff trop enjoué. On a adoré planer avec eux sur le magnifique Ghost et Upon a Rose aura fait fondre nos petits cœurs tout mous. L’alternance entre les musiciens pour la voix et le mix entre anglais et français pour les paroles texture le set et conserve notre attention. En effet, on aurait plutôt tendance à rêvasser sur ces mélodies rock apaisantes à la Radiohead. On aura eu droit à un grand final énergique et loufoque, matraqué par une batterie puissante et un petit plongeon du guitariste dans la foule. On aurait pu faire ça toute la nuit !
| Photos : Mathieu Golinvaux pour Le Botanique
30/04 | Mitski + Sasami
On l’attendait, elle est venue. La grande prêtresse Mitski a posé ses pieds sur le sol bruxellois pour bénir nos oreilles de sa douce voix. On a rarement vu une file aussi longue devant le Botanique, et on n’a surtout jamais vu autant d’adeptes introverti·es de sa pop mélancolique, rassemblé·es en un même endroit. D’ailleurs, on n’a pas fait exception et on a rejoint le culte. Du coup, on a raté la moitié de Sasami, mais ce n’est pas très grave puisque les 3 chansons qu’on a entendues ont suffi à nous électriser pour le reste de la soirée. Sa performance de Say It nous a donné envie d’investir dans une guitare flying V et des bas résille pour tenter de l’imiter devant un miroir.
Et puis Mitski est arrivée, effleurant la scène de ses petits pas de danse, emportant avec elle une foule en transe. Il nous aura fallu le temps de Love Me More et Should’ve Been Me pour se rendre compte que c’était bien elle devant nos yeux. Ce qui est bien avec Mitski, c’est que la brièveté de ses chansons permet un set très rempli, pour le bonheur de toustes. Le coucher de soleil qui transperçait le chapiteau ce soir-là a donné aux singles joués au début, Francis Forever, First Love/Late Spring, une touche de magie dorée. Puis, le bleu de la nuit tombée a sublimé le reste, et on a eu droit à cet aura de cathédrale pour Geyser, Working For The Knife et Heat Lightning. Malgré un contact timide avec le public, on a adoré sa somptueuse présence sur scène et l’énergie qu’elle a réussi à communiquer à ses fans. Il y a eu un petit twist dans son interprétation, for attendue, de Washing Machine Heart pour en faire “un karaoké géant” : quel plaisir de hurler “why not me” avec elle. La soirée s’est terminée avec un slow entre Mitski et le public pendu à ses lèvres lorsqu’elle a chanté Two Slow Dancers. Elle nous a fait ses adieux en partageant ses roses reçues de la foule. Nous, nous sommes rentré·es, encore confus·es par cette soirée un peu magique.
| Photos : Caroline Bertolini
01/05 | Novo Amor + Cate Bug
Après un premier report de date, cela faisait plus d’un an que nous attendions le retour de Novo Amor sur la scène de l’Orangerie. Afin de clôturer cette première semaine des Nuits haute en couleurs, nous ne pouvions rater l’occasion de nous laisser emporter par l’univers onirique du singer-songwriter britannique. Abordant ces notions d’espoir et de désir de manière singulière, celui que l’on compare souvent à Bon Iver n’a pas hésité à chambouler nos émotions.
L’espace d’une soirée, l’Orangerie s’est habillée de verdure afin de s’accorder à l’atmosphère romantique de l’artiste. Une demie heure durant, la douceur folk de Cate Bug est venue nous enivrer. Rapidement, c’est au tour de Novo Amor. Venu nous présenter son dernier album, sorti en 2020, Novo Amor a enchanté son public en lui proposant un éventail de sa lumineuse discographie. Entre des titres comme Anchor et Carry You, issus de l’EP ayant fait sa renommée, et des morceaux comme State Lines ou Terraform, nos oreilles ne pouvaient être que comblées de douceur. En comparaison à ses deux premiers albums, Cannot Be, Whatsoever vient mettre une dose d’énergie et d’optimisme dans la salle grâce à ses envolées. Une soirée hors du temps venue mettre un terme à notre semaine de la plus belle des manières.
| Photos : Hugo Payen
01/05 | VAAGUE + Edouard Ferlet
Le dimanche appartenait à l’expérimentation avec les concerts de Edouard Ferlet et VAAGUE. Une Rotonde assise pour le maestro Edouard Ferlet qui nous a ébloui·es par sa maîtrise du piano. Jazzman à l’origine, il nous a présenté un show qui s’éloigne de ses racines pour naviguer entre du classique, de la pop et de l’électro à la pointe de jazz. Nul besoin d’autres musicien·nes pour réaliser cette performance, l’artiste préfère s’entourer de deux pianos dont un piano fantôme. Vous avez bien lu, un piano jouait tout seul une partition programmée sur des machines. Edouard nous raconte que s’il a lancé l’idée par souci pratique, il a vite apprécié la poésie de la chose. Un robot, une machine qui donne du sens au geste humain, et non l’inverse. Magistral à regarder, la pièce en était bouche bée du début à la fin.
Encore un jazzman qui utilise sa formation pour mélanger des styles et en ressortir une pièce de musique aux influences multiples, c’est VAAGUE, que nous connaissons bien en Belgique comme le talentueux batteur Antoine Pierre. Le producteur se sert de samples électroniques et organiques pour donner à chaque morceau une atmosphère intensément unique. Pour ce projet, il met son instrument au centre d’une musique expérimentale dont la scénographie immersive est créée par Nils Houtteman, armé de leds et de projections. Pas de grande démonstration de solos de batterie, VAAGUE s’inscrit dans une intention d’utiliser l’instrument pour élever la musique qu’il produit, et ainsi rythmer chaque track pour lui donner une signature unique. A l’occasion, il s’entoure d’autres musiciens talentueux ; Sysmo, groupe de percussionnistes, et Dorian Dumont, pianiste qu’on a pu observer dans le projet nu-jazz de ECHT!. On en est toustes ressorti·es avec un gout de trop peu et une envie d’acheter “La batterie pour les nuls”.
| Photos : Fabian Braeckman pour Le Botanique
On vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau récap de ces magnifiques Nuits !
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.