Les Nuits Botanique 2024 : nos highlights de la deuxième semaine !
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Auteur·ice : Rédaction
08/05/2024

Les Nuits Botanique 2024 : nos highlights de la deuxième semaine !

| Photo : Louise Duquesne

Chaque année à la même période, nos oreilles passionnées et nos cœurs de mélomanes endurci·es sont en émoi : les Nuits Botanique lancent officiellement la saison des festivals. Comme à leur habitude, les jardins se transforment en lieu de rassemblement festif. La verrière tremble toujours autant sous les basses de la Rotonde alors que dehors, les marches sont continuellement remplies d’aficionados venu·es se détendre en musique en ce début de printemps. Aussi attendues que palpitantes et éclectiques, les Nuits Botanique sont le lieu de rendez-vous phare de la capitale. Pour vous (et un peu pour nous aussi, on l’avoue), votre rédaction préférée a décidé d’y établir son campement une fois encore.

Récap de la deuxième semaine avec Erika de Casier, Mount Kimbie, Jewel Usain, The Paper Kites, Joanna, Irène Drésel mais aussi Karpe et beaucoup d’autres ! 


30/04 | AIME SIMONE + JOHNNY JANE + EUGENIE 

par Giulia Simonetti et Louise Duquesne

Ce soir-là, c’est la pop aérienne et imagée d’Eugénie qui ouvre le bal. Si l’on découvre en toute intimité le répertoire de la jeune française venue nous raconter qui elle est, elle ne tardera pas à enchanter ce grand chapiteau de sa voix cristalline. Un moment suspendu avant d’entamer la suite dans une ambiance légèrement moins confidentielle.

Le deuxième artiste à se lancer sur la scène du Chapiteau est Johnny Jane. Dès les premières notes de Bbye, les fans commencent à chanter, chanter et chanter. En même temps, comment résister à la fraîcheur d’Attitude ? Dernier album que le jeune artiste venait défendre. Retour en adolescence et c’est bien évidemment avec Normal que Johnny Jane clôture sa soirée et sa première date en Belgique.  

C’est toujours dans une ambiance « adolescence-emoji-cœur-brisé » que nous nous apprêtons à découvrir sur scène Aime Simone et sa pop hyperdramatique. Si l’artiste franco-norvégien avait emporté avec lui une valise de bangers pour âmes en souffrance, on doit bien avouer que l’absence de musicien·nes pour leur donner vie nous a laissé sur notre faim, peut-être sommes-nous trop exigent·es lorsqu’il s’agit d’entendre résonner la musique live. En tout cas, le public semble se délecter de l’énergie du personnage et des histoires sombres qu’il est venu raconter, et c’est surtout ça, la musique. 

| Photos : Giulia Simonetti et Louise Duquesne


01/05 | ISHA x LIMSA + JEWEL USAIN + OKIS

par Charly Galbin 

C’est l’histoire d’un date entre Bruxelles et son fils prodigue. Mais pas tout de suite. Car si on se serait largement contenté·es d’Isha (et Limsa d’Aulnay), le Bota a décidé qu’en ce jour férié nous méritions d’écouter trois des meilleurs albums rap de l’année passée.

Qui aurait cru un jour voir l’autoproclamé rouilleur bosser un 1er mai ? Mais Okis travaille-t-il vraiment, quand le petit public le découvre entre Matox et le producteur Mani Deiz, sans jamais qu’un sourire ne le quitte ? C’est le même visage qu’on lui a rendu à l’écoute de son interprétation impeccable de Rêve d’un rouilleur, kickant si vite que nous n’arrivions même pas à chanter les morceaux qu’on écoute pourtant tous les jours. Sortir d’un concert rap en se sentant respecté·es n’est pas la norme ; avec une larme menaçant de quitter son œil, non plus. Les 4 minutes 30 de J’arrive, averse de mesures qu’un beat n’accompagne qu’à la toute fin, ont formé une ponctuation finale et solennelle parfaite.

La salle est maintenant comble. La température va ne faire qu’augmenter. Personne n’est passé à côté de ce dessin où marchent un homme suivi de deux gamins à la lumière d’un large demi-soleil. C’est la pochette d’Où les garçons grandissent, le dernier album adoré de Jewel Usain, qu’on découvre sans surprise taillé pour le live. Car en vrai, qui s’assoit à la table de la trompette pour autant faire lever les foules ? Alors merci Rémy Béseau et le reste du band, qui nous ont montré que conjuguer sur scène le rap et les vrais instruments, c’est l’assurance qu’il se passe quelque chose. Ici une belle communion humaine. Le concert se termine mais comme Jewel, malgré le temps, Je reste là.

L’atmosphère est plus irrespirable que dans une Clio 4 enfumée, on dirait que toute la région bruxelloise est contenue dans l’Orangerie, irrationnelle et fière, comme un parent devant le spectacle de fin d’année de son enfant. L’enfant a bien grandit, il s’appelle Isha et est né à Woluwe-Saint-Lambert. Avec l’aulnaysien Limsa, il a sorti Bitume Caviar (Vol.1), une collaboration qui a fait du bien au rap, à en voir le public récitant sa leçon par cœur en même temps que les deux rappeurs. Chanter ensemble un album qui depuis sa sortie s’est fait une place privilégiée sous les capuches solitaires, quoi de plus beau ? Le rap ? Bruxelles ? Nous avons assisté à une sacrée cérémonie.

| Photos : Adèle Boterf pour Le Botanique


01/05 | JOANNA + ANGIE & LAZULI

par Mathilde Vanderweyen

« Dans la vie on est copines et là, on a l’impression d’être en soirée avec nos potes », voici comment les deux nouvelles chipies du rap francophone résument elles-mêmes leur passage aux Nuits Botanique 2024. Une soirée sans retenue, où les basses l’emportent et font bouger les moindres parties de nos corps. De la tête aux pieds, et surtout ce qu’il y a entre les deux. Alors oui, Angie & Lazuli, accompagnées de leur DJ Yasmine, sont venues interpréter leur projet commun ANGILINAZULI sur lequel elles ne font qu’une. Mais les deux rappeuses ont également tenu à nous présenter leur facette artistique individuelle. Et là encore, elles sont complémentaires. Lorsque Lazuli nous montre toute la vulnérabilité de son titre Gasolina « ce son je l’ai fait quand j’étais amoureuse, j’avoue » se confie-t-elle, Angie rétorque par solidarité féminine avec Méchant. Finalement, pour clôturer leur performance et rendre cette petite teuf entre potes plus concrète, elles n’ont pas hésité à faire monter quelques personnes du public sur scène pour interpréter Casse Tos Dos

Dans le Museum ce soir-là, il n’y avait pas que des fêtard·es et danseur·ses endurci·es. De belles âmes plus sensibles ont été mises en lumière pendant la prestation suivante, celle de Joanna. Pour celleux qui l’ont vue aux Nuits Botanique 2021 et qui se sont arrêté·es à l’époque de son projet Sérotonine, la chanteuse est à présent sortie de sa chrysalide. Poussée par son band et une scénographie envoûtante, elle nous a confirmé que nos larmes sont belles, qu’on est sujet et non objet et qu’il est parfois bien de balayer son égo. Elle est également revenue sur son titre Démons, qu’elle partage avec Laylow, pour lequel on est toujours autant convaincu·es. Joanna, c’est également une totale bienveillance. Avec CE N’EST PAS SI GRAVE, elle confie « j’ai toujours peur de chanter ce titre sur scène. Je ne sais pas ce que je vais ressentir moi-même ni si ça peut bousculer certain·es ici ».

Entre le premier et le deuxième concert, bousculé·es on l’était, pour des raisons bien différentes mais tout aussi précieuses.

| Photos : Pauline Arnould


02/05 | JACQUES + IRÈNE DRÉSEL + DOROTHY GALE

par Chloé Merckx et Giulia Simonetti 

Si vous vouliez observer La Vague Parallèle se déhancher, il fallait se retrouver avec nous jeudi sous le Chapiteau. La programmation très électro nous a tellement fait danser les yeux fermés qu’on en a presque oublié de regarder ce qu’il se passait devant nous. Ce qui aurait été une grave erreur, au vu des scénos délirantes qui nous ont été présentées. Au programme : Dorothy Gale, Jacques et Irène Drésel, trois noms très différents qui nous ont séduit·es à cette édition des Nuits. La soirée commence avec Dorothy Gale, gagnante du concours circuit 2023, qui nous embarque dans un voyage sonore et onirique, dans un style mêlant pop, punk, et productions électroniques.

Puis, c’est au tour de Jacques de nous offrir une véritable performance extra-terrestre. Jonché derrière sa machine à tout-faire, mi-scientifique et mi-alien, il nous parle à travers un tube à l’allure de poulpe qui donne à sa voix une allure métallique. Sa scèno ressemble à un mix entre le Centre Pompidou et le cockpit d’une soucoupe volante. Derrière lui, des écrans géants projettent des scènes politiques de la vie. Entouré de ses objets particuliers : rasoir, sonnette et cet objet avec des clous que tout le monde connaît mais que personne ne sait nommer. Jacques crée devant nos yeux un concert de bruits qui n’a rien d’une cacophonie. Le chapiteau s’est très rapidement mis à danser sur ses sonorités fantasmagoriques. Entre ses expériences sonores, nous avons néanmoins eu droit à quelques uns de ses titres chantés/parlés comme Ça se voit. Pour s’excuser d’avoir annulé sa dernière venue à Bruxelles, l’artiste nous a même chanté une chanson désormais disparue de son line-up : Kick ce soit, derrière laquelle ont défilé une centaine de photos d’identités.

Pour finir cette soirée en beauté, c’est l’artiste électro Irène Drésel qui nous a offert une dernière danse. Pour sa venue, le Chapiteau s’est carrément transformé en club berlinois underground à 22h et on n’était pas contre l’idée. On a adoré l’ambiance plantes et jardin/petite fée des bois amenée par l’herbe et les fleurs sur les tables de mix. Si jamais vous prévoyez d’organiser une rave ambiance sabbat de sorcière au milieu des bois, on a la personne qu’il vous faut. À la fin du concert, c’est simple, on n’avait pas envie de partir, on serait bien resté·es danser encore un petit moment !

| Photos : Giulia Simonetti


02/05 | MOUNT KIMBIE + JOHN GLACIER + LAUREN AUDER

par Hugo Payen

On ne va pas vous mentir, cette soirée aux Halles de Schaarbeek, on l’attendait depuis un moment. Sous cette pluie battante de mai, c’est le corps trépignant d’impatience qu’on fonce rejoindre toutes ces personnes bien décidées à fêter le retour de Mount Kimbie. Sept ans ont passé depuis la sortie de leur remarquable Love What Survives et son lot de tubes à profusion comme Marilyn, Blue Train Lines ou encore Delta, sur lesquels on aura la chance de se déhancher toute la soirée aux côtés de ces deux mille corps venus renouer avec le groupe britannique. Le duo nous avait manqué, on doit bien l’avouer.

Venu nous présenter leur dernier chef-d’œuvre en date qu’est The Sunset Violent, la soirée commence crescendo. La voix puissante de Lauren Auder ouvre le bal, venue nous présenter son premier album the infinite spine et faire bouger les premières têtes sur quelques lignes de basses. John Glacier est la suivante, la magie opère en un instant. Gros nom de la scène rap londonienne, la plume poétique de l’artiste subjugue autant qu’elle chamboule. Son phrasé nonchalant et les productions profondes de son nouvel EP Like A Ribbon envahissent les Halles. Quelle soirée. Et c’est que le début.

Il est 21h30 et la salle est en ébullition. Il fait déjà bien chaud ici, ce n’est pas prêt de se calmer. Les lumières s’éteignent, Four Years and One Day retentit entre les murs du bâtiment. Les sourires se voient sur toutes les têtes, les premiers cris de joie prennent vite le pas. Le moment que tout le monde ici attendait est enfin arrivé. Ce soir, on fait la fête. Pendant près d’une heure et demie, les corps auront bougé au rythme des grands classiques du groupe, entremêlés de leur dernier The Sunset Violent. Un retour haut en couleur marqué par ces nouvelles sonorités toujours aussi acclamées mais surtout, par l’arrivée d’Andrea Balency-Béarn venue habiller ces nouveaux morceaux de sa voix envoûtante.

Mount Kimbie ne cesse d’évoluer, et c’est bien ce qu’on adore avec eux. Accoutumés des collaborations avec le maître du genre qu’est King Krule, son retour sur l’album était presque inévitable. Empty and Silent vient d’ailleurs clôturer la soirée. À défaut d’être là ce soir, la foule prend le relais, les flammes émanant des briquets. Made To Stray marque la fin de la soirée. On a eu chaud, on s’est déhanché·es sur ces sonorités qui nous avait pas mal manqué. Quelle soirée, en effet.

 

| Photos : Hugo Payen


05/05 | THE PAPER KITES + WILLIAM FITZSIMMONS + BENNI

par Hugo Payen

Deux semaines de festival plus tard, c’est (déjà) la fin. Bon, à défaut d’avoir passé plus de temps sous la verrière du Botanique que dans notre propre maison ces derniers jours, le premier coup de nostalgie se fait déjà ressentir. Un peu de douceur et quelques solos de guitares enflammés dont seul The Paper Kites a le secret : c’est bien ce qu’on est venu·es chercher ce soir.

La soirée commence bien. Le soleil nous donne ses derniers rayons alors que Benni rentre sur scène. Nouvelle sensation de notre jolie scène folk belge, Benni en a des histoires à nous raconter. Accompagnée de musiciens pour l’occasion, les murs du Chapiteau résonnent sous ces nouveaux morceaux prometteurs. Son premier EP arrive, autant vous dire qu’on a hâte.

Tout droit venu des grands espaces américains où le songwriting règne en maître, William Fitzsimmons est le suivant à faire fondre nos cœurs. Et quel honneur. Longtemps attendu dans notre belle capitale, c’est toute notre attention que l’auteur-compositeur capte ce soir à l’occasion des 15 ans de son mythique The Sparrow and the Crow. « There’s gonna be a lot of sad songs tonight, I hope you’re ready”. Et comment qu’on est prêt·es. C’est d’ailleurs un peu pour ça qu’on est là, on doit bien l’avouer. Quarante minutes de chansons crève-cœur plus tard, c’est déjà l’heure de passer à la suite. Décidément, cette soirée passe un peu trop vite à notre goût.

Bon, l’excitation est à son paroxysme. Le Chapiteau est plein, les cœurs prêts à se prendre des coups. Venu nous présenter leur dernier chef-d’œuvre en date, At The Roundhouse, The Paper Kites sait comment nous faire chavirer. En permanence à la recherche de nouveaux univers à explorer, le groupe australien fort de six albums a de quoi nous faire tenir toute la soirée. Entre la tendresse des grands classiques comme Between The Houses, Tenenbaum, Bloom ou Paint, et les envolées survoltées de leur dernier album, le groupe comble la salle et réchauffe les cœurs des centaines de personnes présentes ce soir. Une heure plus tard, les riffs reconnaissables d’Electric Indigo envahissent la salle sous son jeu de lumières éclatantes. Un tube qui marque la fin de la soirée, passée en effet, beaucoup trop vite. Comme ces deux dernières semaines finalement.

 

| Photos : Hugo Payen


05/05 | ERIKA DE CASIER

par Charline Gillis

Artiste danoise d’origine portugaise, Erika de Casier navigue entre du RnB old school et contemporain, puisant ses influences dans le hip-hop, le jazz, l’électro, la pop, et même le G-funk (sous-genre du hip-hop associé à des beats lents et funky). Son nouvel album Still, paru en février, est une ode aux années 2000 et au courant musical de l’époque qui revient en force ces dernières années. Jonglant entre synthés grinçants et des batteries groovy, l’opus aborde avec amertume les enjeux des relations contemporaines. 

Véritable coup de cœur général de cette nouvelle édition des Nuits, Erika de Casier a conquis les cœurs ce soir. Il faut dire qu’avec un troisième album à la hauteur de Still, c’est rempli·es de promesses et d’excitation que nous nous sommes dirigé·es vers l’Orangerie ce soir aux côtés d’un public prêt à se déhancher sur ces productions léchées.

Malgré sa timidité des débuts, son talent a rayonné pendant tout le concert, captivant le public dans une ambiance mystérieuse créée par la salle plongée dans le noir. En toile de fond, un écran géant diffusait des parties de ses clips vidéo, renforçant cette atmosphère envoûtante et nous permettant même de passer un petit moment virtuel avec Shygirl, présente sur le titre Ex-Girlfriend. Et puis, il y avait le batteur présent sur scène dont le jeu complétait parfaitement la performance d’Erika. Sa silhouette se reflétait sur l’écran, rendant le concert esthétique à tous les niveaux.

| Photos : Pauline Arnould


05/05 | KARPE : OMAR SHERIFF

par Giulia Simonetti

C’est la larme à l’œil que l’on se dirige vers les Halles de Schaerbeek pour assister à l’un des derniers concerts de ces Nuits 2024. À la surprise générale, ce n’est pas n’importe quel concert ! Venu tout droit du grand nord, le duo (rap) Karpe se produit pour la troisième fois en Belgique en moins d’un an. Nous avions raté les deux dates de 2023, pas question de ne pas être présent·es cette fois-ci. Pour celleux qui ne les connaîtraient pas, Karpe est le projet de deux artistes audiovisuels basés à Oslo : Chirag Rashmikant Patel et Magdi Omar Ytreeide Abdelmaguid. Une heure trente de concert, de voyage sonore et visuel. On entre dans un show de danseurs (le collectif Quickstyle) et de musicien·nes avec en arrière-plan des extraits audiovisuels.

Karpe vient défendre le projet Omar Sherif, sorti en janvier 2022. Cet album retrace l’histoire des racines des deux artistes, leur appartenance, leurs traditions et le mélange des langues. On passe par le norvégien, l’arabe, le gujarati, l’hindi et l’anglais : la musique de la diaspora. Les succès musicaux PAF.no, Dowain Narnia ou encore Visit Norway sont portés par l’hymne de Diaspora Dreams. Le public chante et danse, sans tout comprendre, mais le message est universel : diversité et interculturalité dans une langue qui rassemble les peuples depuis toujours : la musique.

 

| Photos : Giulia Simonetti


On se retrouve l’an prochain pour une nouvelle édition des Nuits Botanique !

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