14 albums, 1 EP, des compilations et quelques singles en 20 ans d’existence, c’est avec ces chiffres assez hallucinants que l’on se lance à la découverte du nouvel album d’Of Montreal, le joliment nommé Innocence Reaches, qui sort à nouveau sur l’excellent label Polyvinyl Records.
Kevin Barnes , fils spirituel de Bowie et quasi-unique auteur/compositeur du groupe américain, nous revient donc avec un nouvel album sous le bras, rempli de promesses. Les a-t-il tenues ? Oui, et mille fois oui.
Il faut dire qu’avec ses deux précédents albums, Louisy with Sylvianbriar et Aureate Gloom , le groupe s’était offert un son certes toujours reconnaissable mais plus classique et posé, loin des expérimentations et folies qu’on pouvait trouver avant. Mais la folie, cette vieille amie, est revenue frappée à la porte de Barnes.
L’album est toujours autobiographique, comme si le seul moyen pour Kevin Barnes d’exorciser ses démons était de passer par la musique. Il parle donc à nouveau des femmes dans la très féministe Differente For Girls, de relations foireuses dans My Fair Lady ou Trashed Exes , et surtout de lui : son divorce, son envie de se pardonner ses erreurs, le chaos qui l’entoure transparaissent en filigrane dans les 12 chansons du très réussi Innocence Reaches.
Les compositions sont toujours très réussies, la grande nouveauté de l’album résidant dans le fait que Barnes a décidé de cesser de fuir la modernité pour l’étreindre tendrement. En plus du côté retro, l’album berce donc dans une belle bulle actuelle, sur les excellents et très électroniques Let’s Relate, premier titre de l’album et classique instantané, Deft Pacts, Nursing Slopes ou la complètement folle Trashed Exes, l’album se terminant en apothéose avec Chap Pilot.
Le groupe a donc retrouvé sa folie et son envie, nous proposant ici une espèce de mélancolie moderne, mélange assez réussi des influences du passé et du présent de Kevin Barnes. Innoncence Reaches est un album dense, qui pourra déconcerter par moment les néophytes mais qui pour les amoureux du band sonne comme de belles retrouvailles avec un groupe qu’on avait peur de perdre. L’avenir s’annonce donc rayonnant pour Of Montreal et son innocence retrouvée.
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.