Oh Wonder, reine et roi de la confiance en soi
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
05/03/2020

Oh Wonder, reine et roi de la confiance en soi

Le meilleur ami à qui tu peux parler quand tu ne vas pas bien”, voilà comment Anthony West, moitié du groupe Oh Wonder, définit leur dernier album No One Else Can Wear Your Crown. À travers dix nouvelles pépites composées à quatre mains, les Londoniens à l’électro pop addictive reviennent nous présenter un manifeste de l’empowerment qui fait chaud au coeur. Le temps d’une rencontre, on s’est lié d’amitié avec deux artistes à la créativité débordante et à la bienveillance rayonnante. Les secrets derrière leur nouveau disque, leur folle ascension ou encore leur adorable chien Margot, Josephine et Anthony nous ont partagé quelques bouts de vie dans un entretien solaire. 

© Photo : Téta Blémont

La Vague Parallèle : Hello Oh Wonder ! Nouvel album, nouvelle tournée qui arrive, comment allez-vous ?

Anthony : C’est plus excitant que jamais ! C’est comme un nouveau départ, et ça fait beaucoup de bien.

Josephine : Ça fait longtemps qu’on attend ça, on a pris un an complet pour faire l’album. En un an, tu oublies facilement ce que c’est que de partir en tournée et voyager aux quatre coins du monde. Actuellement, on recommence tout doucement à rejouer quelques petits shows et on se rappelle enfin à quel point tout ça est dingue. L’adrénaline que tu ressens sur scène en face d’un millier de personnes, tu ne la ressens pas forcément dans ton quotidien.

La Vague Parallèle : Vous étiez d’ailleurs de retour sur scène il y a deux semaines après un hiatus de plus d’un an et demi. Quel était votre état d’esprit deux minutes avant le show et deux minutes après le show ?

Josephine : Deux minutes avant le show, on se disait “Ok, un show… Ça va surement être cool, ça peut être bien.”

Anthony : Deux minutes après, t’es juste là en mode “Faites-moi remonter sur scène !” (rires) 

Josephine : Pour l’instant on a seulement joué des petits shows intimistes pour la sortie de l’album. C’était si court, à la fin du set on se demandait comment ça avait pu passer aussi vite !

Anthony : On jouait une petite setlist de 8-9 morceaux, sur la tournée qui arrive on jouera une vingtaine de morceaux. Ça va être énorme !

 

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La Vague Parallèle : Du coup, qui dit voyager à nouveau dit forcément laisser votre adorable Margot à la maison ! 

Josephine : On sait ! C’est si triste de la laisser… C’était la Saint-Valentin récemment et on a reçu une photo d’elle avec une rose dans la bouche. C’était trop mignon !

Anthony : Elle nous manque déjà !

Josephine : On ne la reverra pas avant cinq semaines… Ce sont des amis à nous qui la gardent, on a hâte de l’emmener promener pour s’assurer qu’elle se rappelle de nous. (rires)

La Vague Parallèle : De Soundcloud à Coachella, votre parcours a été plutôt dingue. Si vous aviez l’occasion de remonter le temps et rencontrer Josephine et Anthony à l’époque où ils se faisaient toujours appeler Wonder Wonder, quels conseils leur donneriez-vous ?

Anthony : Profiter du voyage ! Oublier les détails et ne pas trop se prendre la tête. Tout ira bien, tout va être génial.

Josephine : Surtout, je leur conseillerais de ne pas vouloir en faire trop. C’est très facile de se laisser dépasser par tout ça et de se mettre en mode “Oui oui oui, on va faire ça et ça et ça”. Puis tu clignes des yeux, et tu te rends compte que t’es juste exténué·e. (rires)

Anthony : C’est bien d’avoir de l’ambition et de vouloir découvrir le monde au maximum. Mais c’est aussi très important de faire attention à soi, à sa santé.

Josephine : Oui, et c’est un aspect qu’on a un peu négligé pendant quelques années parce qu’on était du genre à s’asseoir dans un avion sans réfléchir et passer d’un continent à un autre sans arrêt. On a dû passer deux ans assis dans des avions (rires) et à un certain point, mon corps m’avait juste abandonnée. On en garde de très bons souvenirs, mais ce n’était peut-être pas la meilleure des idées.

La Vague Parallèle : Vous parlez de l’importance de prendre soin de soi et c’est quelque chose que l’on retrouve beaucoup sur ce nouvel album (paru le 7 février dernier, ndlr). Comment avez-vous réussi à infuser autant de sentiments d’émancipation et d’estime personnelle dans ce disque ?

Josephine : Pendant cette année de break, j’ai suivi une thérapie et c’était juste la meilleure chose qui ait pu m’arriver. Je me suis retrouvée à tout simplement raconter ma vie à un·e inconnu·e. C’était vraiment bénéfique, j’ai appris tellement de choses. Avant ça, je n’avais pas confiance en moi, j’avais le sentiment de ne pas mériter ce qui m’arrivait dans ma vie. Après cette thérapie, j’étais capable de me dire “Evidemment que je le mérite, parce que je suis géniale.” (rires) Et je ne me disais pas ça de façon arrogante, j’ai juste appris à m’aimer. J’avais envie d’incorporer ce processus et ce sentiment dans notre musique. Cet album, c’était juste quelque chose que nous avions personnellement besoin d’entendre : croire en soi et s’aimer, il n’y a rien de plus important.

La Vague Parallèle : Sur Dust, le premier titre du disque, on retrouve la phrase “No One Else Can Wear Your Crown” qui est en réalité le nom du projet. Quelle est l’histoire derrière cette phrase et pourquoi l’avoir choisie pour illustrer l’album ?

Anthony : Je pense que cet album est extrêmement réconfortant, c’est un peu comme le meilleur ami à qui tu peux parler quand tu ne vas pas bien. La première ligne du morceau dit “When people try to get you down, remember that I’m here for you” et c’est certainement ma préférée car c’est la plus réconfortante. Ça fait du bien de savoir qu’on peut être présent·es pour des personnes qui en ont besoin à travers notre musique, et c’est ce qu’exprime cette phrase : cette idée de dire à celles et ceux qui écoutent le disque que personne d’autre qu’eux·elles ne peut porter leur couronne. C’est la leur, ils·elles la méritent.

Josephine : On aime aussi beaucoup cette idée de couronne, d’être le roi ou la reine de nos propres existences. Aujourd’hui, plus que jamais, avec l’ère numérique, les gens ont tendance à être de plus en plus isolés et ça joue sur la confiance en soi. Sur internet, les gens sont méchants. Ils sont méchants avec les autres et surtout avec ceux·elles qu’ils ne connaissent pas. Toute cette culture du jugement que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, c’est totalement dingue. Une fois perdu·es dans ce tunnel de critiques, c’est très facile d’oublier que tu as des ami·es sur qui compter et à quel point la bienveillance est essentielle entre chacun et chacune.

La Vague Parallèle : Assez dingue quand on sait que ces choses (réseaux sociaux, smartphones, etc.) sont censées connecter les gens entre eux.

Anthony : Et finalement, c’est l’effet opposé ! Les humain·es sont bien plus humain·es sans toutes ces choses.

Josephine : J’ai cette passe une fois tous les deux mois durant laquelle je me dis que je devrais me débarrasser de mon téléphone, que je n’ai pas besoin de tout ça. Et puis, cinq secondes après je me dis “DamnI need it !” (rires) 

La Vague Parallèle : L’importance des réseaux sociaux reste majeure pour les artistes d’aujourd’hui. Est-ce primordial pour vous d’entretenir ces relations virtuelles avec votre public ?

Anthony : Comme tu le dis, c’est devenu une nécessité pour les groupes musicaux d’utiliser ces plateformes à bon escient. Cependant, on reste formel par rapport au fait qu’on ne veut pas tout montrer sur les réseaux. C’est important de garder certaines choses pour soi-même, et j’imagine que c’est cela qui nous a poussés à garder notre relation privée pendant si longtemps.

Josephine : On est vraiment pas au point avec les réseaux sociaux. (rires) D’ailleurs, on doit souvent nous rappeler qu’on est censé·e prendre en photo ce qu’on fait et on est là en mode “Ah oui, c’est vrai !” 

Anthony : C’est important de vivre pleinement le moment. Avec cette nouvelle ère des réseaux sociaux, beaucoup pensent qu’un moment n’a pas véritablement été vécu à moins d’avoir une photo de cet instant. C’est assez triste, et j’espère que ça va changer.

La Vague Parallèle : Sur les morceaux I Wish I Never Met You et Happy, vous confrontez deux façons totalement différentes d’appréhender vos relations avec vos ex. C’était facile pour vous de partager ça ? 

Josephine : Je me sens mal pour mes ex ! En écoutant ce titre, ils ont dû se dire “Et merde…” (rires)

Anthony : Pour ma part, c’était super de partager ce sentiment d’empathie envers mon ex-copine. Cette bienveillance qu’on peut étrangement ressentir envers son ex-partenaire a su trouver écho dans le public. Une spectatrice m’a d’ailleurs fait part, lors du dernier show, qu’elle avait beaucoup de mal à exprimer cette joie qu’elle avait pu ressentir en voyant son ex-mari refaire sa vie avec une autre. Finalement, aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est une émotion que beaucoup de personnes ressentent.

Josephine : Oh, je n’ai jamais ressenti ça ! (rires) 

La Vague Parallèle : D’ailleurs, Josephine, était-ce thérapeutique d’envoyer se faire voir tous ces garçons qui t’ont brisé le cœur ? 

Josephine : Totalement ! Je me suis sentie comme si je m’étais purifiée de toutes les mauvaises ondes, tous ces hommes toxiques qui m’avaient poursuivie toute ma vie. Ils sont partis, bye, bon vent ! (rires)

La Vague Parallèle : C’est quoi l’histoire derrière le clip totalement fou de Happy ?

Anthony : On a affiché notre relation publiquement depuis cette année seulement. On voulait s’inspirer de cela pour ce clip. On a eu la chance de travailler avec Thomas James, un incroyable réalisateur. On lui a fait part de notre idée, qui était tout simplement d’imaginer ce qu’il se passerait si Josephine et moi nous séparions. À partir de ça, il a écrit ce script totalement dingue. J’ignore comment fonctionne son cerveau ! (rires)

Josephine : C’est un vrai génie, ses idées sont si bizarres et si géniales ! Dans ce clip, on imagine que nous devenons chacun et chacune un·e artiste différent·e. Du coup, Thomas a été jusqu’à créer un merchandising spécifique pour chacun des univers vers lesquels on se dirigeait : des t-shirts pour Anthony & The Sound (faux nom de l’alter ego d’Anthony, ndlr) et des bougies, des posters, des stickers et des badges pour moi. Tout ces petits détails, il était si impliqué. Je n’avais jamais vu ça auparavant. Je le répète : c’est un génie !

La Vague Parallèle : La plupart des morceaux de ce nouvel album sont très smooth et dreamy, sauf Drunk On You et son refrain très énergique. Quelle était l’intention sur celui-là ?

Anthony : J’imagine cette pulsation sur les refrains comme les battements d’un cœur lorsqu’on se retrouve à un premier rendez-vous et qu’on ressent le feeling, quand tout se passe bien. Ce qui est drôle, c’est que de base c’était un morceau très lent. Ce titre devait être une balade plutôt mélancolique. Finalement, on a décidé d’y injecter un shot d’adrénaline. C’était très drôle de produire ce morceau.

La Vague Parallèle : Quel était le morceau le plus compliqué à produire ?

Josephine : Hallelujah était assez compliqué à créer. Nous avons joué en boucle les accords de base du morceau en se disant “Ça va être un gros morceau, un morceau important” mais sans savoir comment il allait sonner. Ça nous a pris tellement longtemps de tomber d’accord sur la bonne version. On a dû produire cinq versions de Hallelujah en tout.

Anthony : On pouvait passer des heures sur ces premières versions, persuadé·e qu’on produisait quelque chose de génial et finalement arriver en studio pour l’enregistrer et se rendre compte que c’était minable. (rires) Du coup, on recommençait ! C’était compliqué car on a pas vraiment réussi à accrocher avec le morceau jusqu’à la toute dernière minute. Mais c’est ça qui est intéressant, le fait que certains sons nous parviennent instinctivement et que d’autres demandent plus de travail, comme celui-ci.

La Vague Parallèle : Au long de ces dix nouvelles compositions, on ressent cet esprit d’espoir plutôt que de tristesse. Better Now retrace le parcours compliqué d’un de vos proches qui a dû traverser la mise au monde compliquée de son enfant. Même sur ce morceau au sujet douloureux, vous préférez une narration pleine d’espoir plutôt que d’user de mélancolie. Pourquoi ce choix ?

Anthony : Je pense qu’avec de l’espoir il y a forcément de la lumière. En l’occurrence, la fin de l’histoire de Better Now est positive.

Josephine : Il y a aussi un morceau sur l’album qui s’appelle How It Goes. On pourrait l’appréhender comme une composition triste alors que c’est surtout un titre qui parle d’acceptation : certains jours, tu vas te réveiller du mauvais pied et c’est totalement ok. Du coup, c’est un peu une chanson triste mais avec beaucoup d’espoir dedans car le message majeur, c’est que tout le monde traverse ce genre de choses. Des hauts et des bas, c’est comme ça que ça marche. Et je pense que c’est nécessaire, car si on se focalise sur les choses négatives, on tourne en rond.

Anthony : On tente de toujours garder cette once d’espoir et de se libérer des choses tristes le plus possible.

Josephine : Mais c’est compliqué, parfois.

La Vague Parallèle : L’album se termine par cinq versions acoustiques de quelques uns des nouveaux titres. Plutôt que de simples reprises, vous avez choisi de complètement restructurer les mélodies comme sur la version acoustique de Hallelujah.

Anthony : La plupart de nos morceaux sont tout d’abord créés au piano. Pour les auditeur·rices, c’est intéressant de découvrir la base, l’essence même de nos compositions.

Josephine : Sur Hallelujah, on s’est dit que ça pouvait être sympa de réinventer la mélodie avec de nouveaux accords. C’est ça qui est magique avec certains morceaux : si tu gardes les paroles, tu gardes le morceau. Du coup, tu peux complètement le changer mais ça restera le même morceau, d’une certaine manière. Les deux versions de Hallelujah sont deux titres totalement distincts pour moi et j’ai adoré relever ce petit défi.

La Vague Parallèle : Il y a une grosse tournée qui arrive. Doit-on s’attendre à quelques surprises ?

Josephine : Oh oui ! On travaille sur ce show depuis cinq mois pour construire un spectacle visuel qui soit le plus stimulant possible. On a fait appel à notre ami Casey qui s’occupe aussi de tout notre merchandising, de nos couvertures d’albums, tous nos posters. Il ne s’était jamais essayé à la vidéo et on s’est dit qu’il fallait qu’il se lance là dedans. Du coup, il a réalisé un court-métrage pour chaque morceau de l’album qui se retrouveront sur scène pour accompagner nos performances. Et puis, on a la chance d’avoir trois albums maintenant pour composer la meilleure setlist qui soit !

Anthony : C’était compliqué de choisir parmi tous ces morceaux qui ont marqué le groupe. C’est pour cela qu’on a décidé d’intégrer des medleys qui regroupent plusieurs morceaux.

Josephine : Le show commence par une succession de tubes, ça part dans tous les sens ! Puis, au milieu, on arrive à la partie émotions, sortez les mouchoirs. (rires) Puis ça reprend de plus belle avec tout un tas d’autres bangers. C’est vraiment cool, on a vraiment hâte de commencer ça.

La Vague Parallèle : Vos coups de cœur musicaux du moment ?

Josephine : Dizzy est l’un de nos groupes préférés actuellement. C’est un collectif canadien qui va d’ailleurs nous accompagner sur la tournée. Si talentueux·ses et si jeunes, dans la vingtaine je pense ! On a tellement de chance de les avoir avec nous comme première partie.

Anthony : L’un de mes albums préférés découverts en 2018 était celui de D.D DumboUtopia Defeated qui est sorti en 2016. C’est un artiste australien qui manie les instruments comme personne, avec notamment du hautbois ou d’autres instruments que l’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre. Et le résultat est juste génial.

Josephine : Dernièrement j’ai beaucoup écouté Changes, le nouvel album de Justin Bieber. Il est vraiment bien ! J’aime beaucoup Justin Bieber, même si je trouve sa moustache un peu bizarre. (rires)

La Vague Parallèle : Si vous deviez décrire votre musique en un seul plat, ce serait lequel ?

Josephine : De la purée ! (rires) Parce que c’est réconfortant et chaud. Miam !

Anthony : Je pensais plutôt à de la soupe à l’oignon. C’est encore plus réconfortant.

Josephine : Oh, c’est fancy ça ! C’est trop compliqué la soupe à l’oignon, avec la cuisson des légumes à feu doux et tout ça. Puis tu dois rajouter du fromage, faire griller des toasts. Trop compliqué !

Anthony : Ok, la purée du coup. (rires)


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