Omar Apollo inaugure le Tiny Desk Latinx Heritage Month avec une session fleur bleue
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
19/09/2022

Omar Apollo inaugure le Tiny Desk Latinx Heritage Month avec une session fleur bleue

Le 15 septembre dernier, le format Tiny Desk du média américain NPR a lancé son mois Latinx Heritage, qui met en lumière les talents musicaux de Latinidad en offrant aux artistes descendant·es des peuples latino-américains une tribune musicale de condition. Pour ouvrir les festivités, c’est la nouvelle sensation soul-pop américano-mexicaine Omar Apollo qui nous offre ses morceaux brise-cœurs percutants.

Dans la lignée du Black History Month de Tiny Desk en février dernier, qui mettait en avant les talents afro-descendants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, la série Latinx Heritage Month risque de voir des pointures occuper les bureaux de Bob Boilen, créateur du format de live musicaux le plus aimé des Internets. En choisissant Omar Apollo comme fer de lance de cette nouvelle édition, Tiny Desk se tourne résolument vers l’avenir, en réaffirmant que les sonorités latinos ont trouvé résonance à l’international, sur des sphères bien plus variées que les genres qui lui sont traditionnellement rattachés. Et Apollo est un exemple criant de ce métissage : l’artiste évolue dans un registre hybride de pop, de soul, en osant même s’aventurer sur les terres classiques du corrido mexicain.

C’est d’ailleurs avec ce dernier registre que le chanteur ouvre le bal de sa toute première session Tiny Desk. En El Olvido est un délicieux bonbon intemporel, sur lequel ni les trompettes valeureuses ni les arpèges enjoués de guitarrón ne pourront trahir la mélancolie déchirante des paroles. Le titre est ici réinterprété en mode full band, avec l’aide du collectif Las Mariachis Lindas, et nous plonge directement dans l’ambiance festive et émotive des fêtes de quartier sud-américain. La performance d’Omar Apollo est attachante, son attitude introvertie le rendant plus authentique encore, comme lorsqu’il s’élance dans un grito (“cri” traditionnel repris dans les musiques mexicaines) en fin de morceau et qu’il ne peut s’empêcher de se tourner vers son band pour contenir sa timidité. On y décèlerait presque notre anxiété maladive de tous les jours, et ça rend la performance d’autant plus proche de nous.

 

Le premier album d’Omar Apollo, intitulé IVORY et sorti en avril dernier, racontait les ruptures qui font mal et célébrait la vulnérabilité qui les accompagne souvent. Ici, on fleurit les plaies sentimentales, on leur offre un moelleux écrin soul et coulant, à l’image d’Evergreen, tube imparable du crooner“You know you really made me hate myself/Had to stop before I break myself/Should’ve broke it off to date myself/You didn’t deserve me at all” scande le morceau, avant de revenir sur un refrain planant et réconfortant. Une véritable thérapie musicale qui résonne d’autant mieux dans la configuration intimiste du Tiny Desk.

Coup de cœur de la version studio de l’album, le titre Petrified, plus proche d’un registre pop classique, se voit sublimé dans une version acoustique frissonnante. La voix d’Apollo, souvent mal mise en valeur lors de différents lives, se glisse ici dans des espaces assez larges et aérés pour pouvoir se faire entendre et savourer. Les refrains voient le chanteur voguer de graves en aigus, avec une exécution impeccable qui traduit bien les émotions qu’il a tenté d’intégrer à cet album. Finalement, on se dit que les artifices de ses grands shows en festival ne pourront jamais faire honneur à cet album comme le ferait un set acoustique comme celui-ci. Pour cela, on est bien content·es que les annales d’Internet hébergent précieusement ces dix-huit minutes d’Omar Apollo, tout sourire, qui nous détruit le cœur de ses ballades fleur bleue.


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