On a assisté seules au concert de Great Mountain Fire au Botanique
"
Auteur·ice : Caroline Bertolini
01/12/2020

On a assisté seules au concert de Great Mountain Fire au Botanique

L’hiver se présage. Le gris s’accompagne d’un climat de restrictions et de fermetures. Au sein de la culture, ce qui nous manque beaucoup, c’est la musique live. C’est vivre les choses en vrai, et non virtuellement. Cette situation de proximité avec d’autres âmes qui viennent chercher 1h de bonheur pour tenir des jours et des jours. Mais c’est bientôt l’hiver et le manque de concert se fait ressentir. C’était sans compter Great Mountain Fire, qui vient administrer sa dose de joie et de bonne humeur au monde avec son nouvel album Movements. Le quintet bruxellois nous a alors invitées à assister à son concert de fin de résidence au Botanique ce 28 novembre dernier. Une journaliste et une photographe dans une salle vide. Récit de 40 minutes de bonheur pour tenir 30 jours.

En rémission de lendemain de veille, le début du mal de ventre mensuel qui s’annonce, je rejoins Giulia pour me diriger vers le Botanique. Une sensation bizarre de faire ce chemin qui nous est familier, mais plus tellement finalement. On arrive, la porte à moitié fermée, le Botanique complètement vide. Un gentil gardien nous accueille et nous demande de remplir la “fiche Covid”. On retrouve Julia du Botanique, qui nous accompagne jusqu’au concert. Toutes masquées, on véhicule notre joie par les yeux. Un peu de parlote avec l’équipe (des vraies personnes), masquées certes, mais des vraies personnes à qui faire de mauvaises vannes auxquelles on va rire de toute façon parce que : confinement quoi. Trêve de plaisanterie, on veut voir de la musique live.

© Photo : Giulia Simonetti

On commence avec The Way, doucement mais sûrement. Un titre délicatement psychédélique, dans la veine de Unknown Mortal Orchestra, Tame Impala, etc. Les lumières s’éteignent, une transition nous emmène sur un nouveau titre, familier pourtant. Le dansant Look Up, vient chauffer l’Internet (la salle 2.0). Des airs de Parcels, mais pas totalement. Des sonorités de Phoenix, mais pas totalement. La puissance des deux, c’est sûr. Tout est très bleuté dans la salle. On découvre le nouveau titre, No Matter, doux et apaisant. Le calme avant la tempête, puisqu’on passe à Caroline. L’aisance du groupe se fait sentir sur ce morceau. Des riffs qui ne demandent qu’à être marmonnés, et un single qui a fait fureur dans toute la Belgique. Les harmonies nous emmènent doucement sur la fin de la chanson. À temps pour What You Want Me To Be, l’hymne à la bonne humeur. Là le groupe se libère et mon envie de me lever de ma chaise est forte. Je tiens bon en tapant du pied sous le son du premier solo de la soirée.

© Photo : Giulia Simonetti

L’intensité va crescendo sur Waves, avant de se finir sur la guitare maîtrisée d’Antoine. On a ensuite droit au sensuel Wide Unknown, qui nous emporte sur les vagues de la voix de Thomas, sous une production qui fait danser des épaules. D’abord mes pieds, puis mes épaules, l’envie de se lever se fait sentir. Les moments d’intensité se mélangent aux moments de douceur et créent une impatience. Le groupe est à fond dans son show, et moi aussi. Move On arrive et tout ce qu’on retient c’est « move ». L’entrain est présent et je me rends compte de la chance que j’ai d’être là, et de la nostalgie d’avoir d’autres personnes à mes côtés pour partager ce moment. Je sors de mes pensées grâce au groove de No Reason et sa puissante ligne de basse. Entre les lumières, la musique, l’alchimie du groupe, c’est une joie extrême qui se fait sentir. De celles qu’on a presque oubliées. Le rouge domine maintenant et on se fait emporter sur un troisième moment instrumental, encore un solo enflammé sur lequel les musiciens finissent synchro – bien vu. Wait a minute, et on oublie tout, on veut juste devenir membre du groupe en fait. On ne va pas se mentir, je chantonne, mais heureusement le remplissage de la salle me permet d’éviter que quiconque s’en rende compte. Pieds, épaules, guitares, synthés, batterie, basse – un ping pong dansant pour le coup. Heureuse de voir ce moment de lâcher prise dans un instrumental maîtrisé suivi de quelques rires de fin.

© Photo : Giulia Simonetti

Un bien fou. J’ai oublié mes douleurs et je suis apaisée. Toute ma frustration de ces derniers mois sans concert est partie pour quelques temps. La bonne humeur dégagée par le groupe, c’est tout pile ce qu’il nous fallait. On sent l’amitié dans ce disque, la joie et l’envie d’être ensemble. Thomas, Antoine, Alexis, Tommy et Morgan comme les cinq doigts d’une main qui produit un album cohérent et éclectique à la fois. C’est léger et dansant, et en même temps on y parle de choses importantes, sous une fine couche de mélancolie. La maturité leur va bien, comme on dit. Heureusement qu’il existe des albums pareils pour passer les moments difficiles que nous vivons. Pour ça, merci Great Mountain Fire. Le soleil de 2020 est arrivé, et on l’attendait celui-là. On a hâte de pouvoir sauter et danser au live, accompagnées de plein d’autres âmes en peine avec un sourire jusqu’aux oreilles.


@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@