On a croisé Amadou & Mariam à Pete the Monkey
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Auteur·ice : Victor Houillon
06/08/2022

On a croisé Amadou & Mariam à Pete the Monkey

Pete the Monkey, c’est un peu un endroit magique où l’on fait des rencontres inattendues. Parmi elles, celle d’un duo malien appelé en catastrophe pour remplacer au pied levé Orchestra Baobab, dont les tubes nous ont accompagné·es pendant toute notre scolarité : Je pense à toi, Dimanche à Bamako, Sabali… Quelques heures après leur concert à Lollapalooza et quelques minutes avant celui de Saint-Aubin-sur-Mer, rencontre avec Amadou & Mariam.

La Vague Parallèle : Bonjour Amadou & Mariam ! On se retrouve à 21h à Pete the Monkey, alors que vous jouiez il y a quelques heures à Lollapalooza Paris et que vous vous apprêtez à monter sur scène ici à Saint-Aubin-sur-Mer. Vous avez toujours la pêche ?

Amadou : On a toujours la pêche, effectivement, oui.

Mariam : On a la pêche (rires). On a bien voyagé, ici l’accueil est chaleureux et on mange bien.

LVP : Vous avez accepté au dernier moment de faire cette date supplémentaire en remplaçant au pied levé Orchestra Baobab. Qu’est-ce qui vous pousse à faire toujours plus ?

A : C’est le besoin. Quand les gens veulent nous voir et nous entendre, ça nous fait extrêmement plaisir de partager ce moment.

M : On est très fiers de pouvoir faire cela aujourd’hui. Nous sommes artistes, musiciens. Les gens ont besoin de nous, il n’y a pas de problèmes.

LVP : Vous parlez de cette notion de partage. Il y a quelques semaines, on vous a vus à Aubervilliers…

M : Ah ! Avec les enfants !

Rassembler tout le monde autour d’une musique très abordable.

LVP : Oui, avec ce chœur d’élèves qui vous accompagnait de manière magnifique. Aujourd’hui, il y a également beaucoup de familles. Cette notion de transmettre vous touche particulièrement ?

M : Ça fait plaisir.

A : Le fait qu’il y ait les enfants, les parents, on arrive à rassembler tout le monde autour d’une musique très abordable. Ce n’est pas trop compliqué, tout le monde peut se mettre dedans, même les enfants.

M : Chanter avec les enfants nous a fait très plaisir. Ils ont bien chanté, leur famille était là, ça s’est vraiment bien passé.

LVP : Vous étiez très connus en Afrique, puis vous avez travaillé avec de nombreux producteurs européens. Manu Chao, Damon Albarn, Bon Voyage Organisation. Qu’avez-vous appris en travaillant avec ces musiciens de différents horizons ?

A : En Afrique, nous écoutons beaucoup de musique anglaise, américaine ou française. On voulait faire une musique qui ressemblait à cela, et ils ont répondu à ce besoin musical. Aussi, ils nous ont appris à raccourcir les morceaux de douze minutes à trois ou cinq. Penser à l’essentiel (rires).

M : En Afrique, lorsque nous faisions des cassettes, les morceaux étaient très très longs.

A : Faire des changements, des breaks…

M : Voilà, tout ça, là (rires) !

@Clémence Trebosc

LVP : C’est vous qui choisissez vos producteurs, ou eux qui vous contactent par rapport à votre univers ?

M : Manu Chao a entendu notre morceau dans sa voiture, a contacté notre manager et est venu chanter avec nous au Mali. Puis, nous sommes venus en France pour l’album Dimanche à Bamako.

A : Damon Albarn, on s’est retrouvé·es en Angleterre, là où on faisait beaucoup plus de shows qu’en France. On s’est vu·es à l’occasion de son Africa Express, il était très intéressé par la musique malienne. Et finalement, il est venu sur un autre album. Généralement, ces rencontres sont spontanées. Par exemple ici en festival, si un artiste entend notre musique et vient nous rencontrer, on peut faire quelque chose ensemble.

LVP : Il y a un autre artiste avec lequel vous aimeriez travailler ?

M : La porte est ouverte. On aime faire les featurings. Artistes, venez vers nous !

A : On en a beaucoup fait, notre premier ami musicien, c’était -M-.

LVP : En écoutant votre musique depuis longtemps, on est marqué·es par la diversité entre les morceaux énergiques comme Bofou Safou et les morceaux mélancoliques comme M’Bife ou Sabali.

M : Ah, M’Bife, ça veut dire “je t’aime“, c’est une chanson d’amour (rires). Bofou Safou raconte qu’il ne faut pas venir dans ce monde pour partir sans laisser de trace. Il faut travailler dans la vie.

LVP : Il y en a un de vous deux qui est plutôt responsable d’un style, et l’autre de l’autre ?

A : Ça dépend, c’est une histoire d’inspiration. Mariam et moi pouvons faire des morceaux chauds.

M : Lui, il fait sa composition le matin de bonne heure, et moi c’est la nuit. J’apprécie le calme, quand il n’y a pas de bruit.

LVP : Sabali est une chanson qui a été énormément reprise par les rappeurs US. Qu’en ressentez-vous ?

M : Oh ! Ça nous a fait énormément plaisir. C’est Damon Albarn qui a fait la musique au Mali, et j’ai composé Sabali là-dessus. Ça a plu à tout le monde, jusqu’au fils de Bob Marley avec qui on a fait le clip. Tant mieux, car je l’aime vraiment aussi.

LVP : Pete the Monkey est un festival relativement petit, avec 4 000 personnes. Tout à l’heure, vous jouiez devant 80 000 personnes. Comment ressentez-vous cette différence ?

A : Nous n’avons pas forcément de préférence, mais on a besoin de l’énergie.

M : Que le public soit chaud !

A : C’est ça, la chaleur des gens, leur motivation, nous intéresse beaucoup. On préfère un petit public en forme, qui chante, danse, applaudisse plutôt qu’un grand public désintéressé.

LVP : On va les motiver, alors !

M : Avec plaisir (rires) !

LVP : Blagues à part, sur ce festival avec une programmation émergente, on sent une vraie attente autour de votre concert.

M : C’est vrai ? S’ils sont chauds, ça nous donne du courage.

LVP : Chauds bouillants, même. Merci beaucoup à vous deux, et bon concert !

A&M : Merci, à tout à l’heure.


 

Interview co-écrite et réalisée avec Joséphine Petit.