On a essayé de vous teaser Nuits sonores 2022 de Bruxelles en 10 tracks
"
Auteur·ice : Matéo Vigné
11/10/2022

On a essayé de vous teaser Nuits sonores 2022 de Bruxelles en 10 tracks

C’est pas qu’on essaye d’être radin·es en suggestions, mais si l’on devait vous citer nos morceaux préférés pour chaque artiste, le festival serait fini avant même que vous ne puissiez tout capter.

Nuits sonores revient enfin à Bruxelles pour redonner une place centrale à la capitale européenne. On le sait très bien que Bruxelles est une ville qui ne meurt jamais, qui peut te traîner jusqu’au fin fond de la nuit, en passant d’une boîte surréaliste dans une galerie marchande à des happenings dans des galeries d’art, sans oublier ces lieux occupés temporairement qui font le charme du système D bien rodé. Ah Bruxelles, Bruxelles et son lot de propositions musicales à ne plus en finir. L’une des villes qui vibre autant pour de la techno que de la house, qui se couche tard pour des raves hardcore et continue l’after avec de la UK Break, qui n’a pas peur d’inviter au sein de grandes institutions des grands noms d’une scène jadis méprisée, qui peut se targuer de rendre l’art en fête et la fête en art.

Ça tombe bien parce que justement, toute cette richesse musicale, la troupe de Nuits sonores vous la propose condensée en une semaine professionnelle, festive et éclectique. Des rendez-vous à ne pas manquer du 12 au 16 octobre, aux quatre coins de la ville, dans des cadres et des ambiances très (très) différentes.

Du coup, pour les féru·es de musique, comme pour les amateur·ices du dimanche, et histoire de vous faciliter la tâche, on vous a concocté un petit cocktail totalement subjectif des meilleurs morceaux à s’écouter avant d’aller sur le site de Nuits sonores et d’acheter vos places. Car oui, c’est ce que vous allez faire.

Jeff Mills – On The Run

Mercredi 12 octobre Bozar / Palais des Beaux-Arts

 

On aime bien quand le sens des choses s’inverse. En général un festival garde ses meilleures cartes pour la fin, pour clôturer en apothéose. Et bien non. Cette édition démarre sur les chapeaux de roues avec un dieu vivant de la musique électronique. Celui qui l’a découverte sous ses plus beaux angles, en a fait ce qu’elle est aujourd’hui et continue à la faire frémir sans modération aux rythmes des mélanges, des nouveautés et des désirs encore inexplorés, voire loin d’être imaginés. 

Jeff Mills nous honore de sa présence quasi galactique pour présenter son dernier album, Tomorrow Comes The Harvest, avec le regretté Tony Allen, autre dieu mais celui-ci tourné vers l’afrobeat et parti bien trop tôt. On the run est une exploration spatiale qui a bien les pieds sur terre, un doux mélange de ce que l’on connaît et ce que l’on aimerait connaître davantage. Une belle mise en bouche du mercredi, dans un Bozar qui, j’en suis sûr, saura se métamorphoser à l’image de la divinité qui s’y produit.

Choolers Division – Ou poser les yeux

Jeudi 13 octobre à LaVallée

https://www.youtube.com/watch?v=grfRH4tCECo&ab_channel=lasgrandatelier

 

Gros coup de cœur pour Choolers division, ce groupe rempli d’amour, de passion et de fougue traverse les styles pour proposer leur vision de la musique. Entre chant, rap, distorsions et tonalités disruptives, Choolers Division propose une musique différente et pourtant incandescente avec toute une multitude de niveaux sonores captivants et décalés.

Une espèce de machine hors de contrôle, que l’on aime voir s’éparpiller créativement, produisant un mélange de styles musicaux qui marche très bien.

Une énergie contagieuse qui s’inscrit dans le programme In.Out.Sider, une initiative qui met à l’honneur des personnes qui n’ont pas forcément la même validité que tout le monde mais qui sont avant tout des artistes au talent débordant et à la créativité génialissime. On veut plus de Choolers Division dans nos vies, dans nos progras, dans notre environnement musical.

Binker and Moses – After the machine settles

Jeudi 13 octobre à Bozar / Palais des Beaux-Arts

 

Qui s’attend à un simple festival de musique orienté uniquement vers la musique électronique se met le doigt dans l’œil, jusqu’au coude. Comme nous d’ailleurs avant de découvrir cette programmation riche et variée. Le rythme, le rythme et le rythme. Voici comment on pourrait décrire (sommairement) cette date. De la black music sous des formes hybrides, un peu de jazz, un peu de trip-hop, un peu d’afro, un peu de downtempo sain. Une alchimie royalement suggérée par le duo de saxophone et batterie londonien Binker Golding et Moses Boyd

Le concert que l’on attend avec impatience tant le talent des deux artistes est grand et le moment choisi dans le festival est parfait. Une dose d’onirisme envoûtant avant la tempête qui s’annonce ce week-end.

Vica Pacheco – Alambique

Jeudi 13 octobre à Reset

 

Si vous ne le saviez pas, une playlist ça s’écoute mais ça se regarde également. En quatrième position j’aimerais que vous éveilliez votre sens de la vue, pour laisser vos oreilles contemplatives et faire travailler vos yeux.

Vica Pacheco est une artiste mexicaine pluridisciplinaire, née à Oaxaca et qui expérimente pas mal pour nous emmener dans son univers à la fois envoûtant, à la fois déroutant. Une sorte de bordel organisé qui ne fait qu’un avec le tempo, comme un show 3D de curiosités venues d’ailleurs. Inspirée par différents procédés, c’est tout d’abord une ombre mystique qui plane sur ses productions tantôt visuelles que sonores. Une performance qui peut paraître aléatoire mais qui s’inspire d’éléments mythologiques qu’on ne saurait ni ignorer ni connaître, ni prendre en sympathie ni en avoir peur. L’étrange monde de Vica Pacheco peut paraître hostile mais une fois plongé dedans, il nous enrobe de sa langueur électronique.

Nils Frahm – The Dane

Vendredi 14 octobre Bozar / Palais des Beaux-Arts

 

Sur cette planète il y a des génies et puis il y a les autres. Nils Frahm fait partie de cette première catégorie de personnes. J’ai du mal à le catégoriser « uniquement » (avec tout le respect que je dois au reste de la société) comme un artiste. Vous savez ce genre d’ovnis qui sont inclassables, que l’on ne peut comparer à aucune autre figure, qu’on ne peut cantonner à aucune autre variété, qui parle sans prononcer aucun mot, qui fait vibrer alors que l’ambiance est douce, qui décrit sentiment après sentiment au rythme des notes qu’il compose. C’est ça Nils Frahm, un compositeur allemand, comme d’autres ont pu marquer leur temps, qui ne laisse indifférent aucun·e artiste.

Je me souviens de la première fois que j’ai entendu parler de ce type, c’était dans la bouche de Laurent Garnier, qui disait un jour dans une interview qu’il aurait rêvé composer sa musique. Rien que ça. Suivez le conseil de tonton Lolo et écoutez tout ce qu’il a fait, vous en ressortirez changé·es.

 

The Maghreban – Celebratory Relapse

Vendredi 14 octobre à Reset

 

Je pense que l’un des morceaux / artistes qui reflète au mieux l’éclectisme de ce festival, ça peut être The Maghreban. Fort de toutes les collaborations qu’il a fait dans sa carrière, Ayman Rostom a commencé par du hip-hop pour se laisser porter ensuite par une musique électronique métissée. À mi-chemin entre la house et du jazz africain, Celebratory Relapse est un pur bijou sonore. 

Ce genre de sons qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer et caler ici et là. Quand un morceau peut passer à la fois en plein milieu d’un set ou lors d’un dimanche pépouze dans le canapé, j’appelle ça quelque chose de réussi.

Umwelt – Generation One

Samedi 15 octobre à LaVallée

 

Bon, on vous le disait, le weekend sera très chargé et surtout bien bouncy. Au final, ça sert à ça non le weekend aussi, à décharger toute cette énergie emmagasinée pendant la semaine, qu’elle soit négative ou positive. Comme un exutoire hebdomadaire qu’on tente de contenir tant bien que mal.

Umwelt réussit à traduire cette énergie en son et cette track en est l’exemple même. Comme quelque chose que l’on veut assujettir mais qui, malgré toute la bonne volonté du monde, finit par déborder tant son envie de s’exprimer est grande. C’est un peu du blabla lyrique mais lisez ces quelques lignes en écoutant ça, vous verrez (ou entendrez) de quoi je parle.

DJ Python – Be Si To

Samedi 15 octobre au C12

 

« Besito » en espagnol ça signifie « petit bisou » et ça illustre très bien la musique de DJ Python. De la douceur et à la fois un smack qui font de l’artiste basé à New York un grand producteur.

Très hâte de voir ce que ça va donner en B2B avec Kelman Duran, dans une configuration club, tard le soir.

Blawan – Why They Hide Their Bodies Under My Garage

Samedi 15 octobre au C12

 

Bon, j’avoue que pour cette track je ne me suis pas mouillé. Mais en même temps elle a bercé toute une génération de clubbers, c’était l’époque des maxi festivals, des premières Boiler Room et de la belle génération dorée d’artistes qui continuent à nous épater.

On est en 2012 et Blawan, la moitié du duo Karenn , percute tout sur son passage avec ce morceau qui ne s’arrête jamais et continue en intensité plus les secondes passent. Une des pépites indétrônables. Pour la petite anecdote : « Why they hide their bodies under my garage » est un sample du morceau How Many Mics des Fugees. D’ailleurs, Blawan utilisera ce même morceau (mais une partie différente) pour une autre de ses tracks, His Money, que je vous conseille également.

Sara Dziri – Fille de Racaille

Dimanche 16 octobre à Reset

 

Not Your Techno invite Sara Dziri, une artiste qu’on voit prendre de plus en plus de place dans la scène et ça fait du bien. Elle amène un vent de fraîcheur, un son qui n’a pas peur de mêler plusieurs genres avec comme ligne directrice cette mélancolie dévastatrice et remplie d’énergie.

Un dimanche pas comme les autres mais c’est normal car vous assistez à un festival pas comme les autres.

Allez, bonne Nuits sonores.