On a parlé de sous-marin gonflable, d’amour et de rap belge avec Zonmai
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Auteur·ice : Nicolas Haulotte
11/05/2023

On a parlé de sous-marin gonflable, d’amour et de rap belge avec Zonmai

Un sous-marin jaune gonflable en bas du Mont des Arts, un micro plein de paillettes et une jeune rockstar pour le tenir : la Fifty Session de Zonmai s’est bien passée. Quelques heures avant le début du concert, nous avons été boire un café avec elle pour discuter de l’insouciance qui émane de sa musique, de la scène rap à Bruxelles et de Oula, son dernier EP. Notre rédacteur Nicolas vous fait le récit de cette rencontre.

La localisation est restée secrète jusqu’à la dernière minute. Tout ce qu’on savait, c’est que la Fifty Session de Zonmai et Angie allait avoir lieu dans un sous-marin gonflable. Ça ressemble à une blague, mais il n’en est rien. Les organisateur·ices de la Fifty Session aiment surprendre. Cette fois-ci, iels ont collaboré avec le Core Festival pour frapper fort.

Amusé, j’étais en train d’observer les touristes prendre en photo cette salle de concert insolite quand Zonmai me rejoint au café où l’on s’était donné rendez-vous. « J’ai trop hâte de jouer dedans », m’explique-t-elle. Il faut dire que chanter dans un sous-marin gonflable géant, ça correspond bien à la musique pleine d’insouciance de Zonmai. « Je raconte avec naïveté et insouciance des propos qui sont loin d’être enfantins. C’est ma personnalité. Je fais pareil quand j’explique des histoires qui me sont arrivées à mes ami·es. J’aime bien ce contraste. Il me permet de montrer qu’il y a différentes lectures pour une situation. Ce décalage, j’essaye de le mettre dans mes visuels aussi. Par exemple, dans le clip de Move On, les sous-titres correspondent pas à ce que je dis dans la chanson ».

 

Si vous traînez dans les concerts de la scène rap underground à Bruxelles, vous n’avez pas pu passer à côté de Zonmai. Depuis quelques mois, elle est partout. Et celleux qui l’ont vue en concert sont unanimes : Zonmai en live, c’est quelque chose. Quand je lui demande son rapport aux concerts, elle affiche un grand sourire : « J’adore ça en fait. C’est trop cool. Je peux partager ma musique avec les gens, je les vois chanter mes paroles. J’aime trop ». Originaire du Pays Basque Français, c’est justement pour partager sa musique que Zonmai est venue à Bruxelles. À l’époque, elle écoutait en boucle les sons de La Smala, Senamo et L’Or du Commun. « Quand je suis arrivée à Bruxelles, j’étais étonnée de voir que les rappeur·euses captaient pas à quel point votre ville est bien vue de l’extérieur. Moi j’étais trop contente de venir ici, j’arrivais à une capitale du rap francophone. Mais c’est en train de changer. Les artistes d’ici commencent à capter qu’iels sont stylé·es ».

Bruxelles a l’avantage d’être à taille humaine. Tout est petit, tout le monde connaît tout le monde, on se rencontre vite. Quand on est une artiste qui vient de France, c’est idéal : « Au Pays Basque, y avait pas beaucoup d’opportunités dans la musique. Surtout au niveau du rap. Ici, il y a quelque chose de très chaleureux qui me fait penser au sud de la France. Les gens sont hyper ouverts à travailler les uns avec les autres. ». Cette ouverture a permis à Zonmai de rapidement faire des connexions. Sur scène, elle a l’habitude d’interpréter Cool Kiss avec Kyobee. Et à chaque fois, le duo impressionne par leur alchimie. « Il y a une super génération ici. Moi j’aime beaucoup Jow, Lazza Gio et N30 par exemple. Il y a Eugene et Osmoze aussi qui sont super forts. ». Soyez rassuré·es, le rap bruxellois a un bel avenir devant lui.

C’est peut-être son enthousiasme devant cette génération qui lui a inspiré le titre du son New Gene. Dedans, Zonmai dit : « C’est de la pop, c’est du rap ce qu’on fait ». Comme si elle refusait de rentrer dans une catégorie. Je lui ai demandé de m’expliquer cette phrase : « C’est pas vraiment du rap ce que je fais. Je kicke pas. C’est un mélange de plein d’influences. Moi j’écoutais beaucoup de rap mais mon père faisait de la musique aussi. Lui, il était plutôt dans le rock et la punk. Ça m’a influencé aussi. Et ma mère, c’était France Gall et Starmania. Je suis trop fan aussi ». D’ailleurs, dans sa vidéo de présentation pour la Fifty Session, elle raconte qu’elle aurait voulu être copine avec France Gall : « Elle avait l’air trop chouette ! Je suis sûre qu’elle m’aurait donné plein de super bons conseils. J’aime trop ses chansons ».

| Photos : Théo Dubois

La Fifty Session, c’est aussi l’opportunité pour Zonmai de défendre son nouvel EP Oula. Un projet dans lequel elle se livre sur elle, sur ses aventures dans la vie et sur son rapport à l’amour. Depuis le début de sa carrière, cela semble naturel pour Zonmai de parler d’elle dans sa musique : « Au début, je ne m’autorisais pas trop à parler d’amour. J’avais l’impression qu’être une meuf et parler d’amour, ça faisait trop cliché. Mais en fait, c’est important l’amour. Au fond, tout le monde en parle. Que ce soit à propos des relations, des amitiés ou de la famille ». Oula s’inscrit dans la continuité de Cool Kiss, son premier EP. Les deux projets sont courts et s’écoutent comme on mange un bonbon. En six titres, Zonmai dispose déjà de deux belles cartes de visite.

Le café est fini, il est temps pour moi de laisser Zonmai se préparer à son concert. Aucun stress ne semble l’atteindre, elle est confiante. C’est à 20h39 que le concert commencera. Le public est encore calme, une bonne partie des personnes présentes ne connaît pas Zonmai. Très exactement 9 minutes plus tard, à 20h48, Zonmai descend faire des pogos dans la foule. L’ambiance monte. À 20h55, Kyobee monte sur scène plein d’énergie. Toujours autant d’alchimie entre les deux. Il est 21h01 quand Zonmai annonce son dernier son. C’est une exclusivité, toute en mélancolie : « Maman, je suis parti vivre à la city, essayer de combler l’ennui ». 21h06, Zonmai revient faire un dernier pogo dans une foule définitivement conquise.  21h10, le concert est fini. «  Zonmai, Zonmai, Zonmai », le public de la Fifty Session a fait la connaissance de Zonmai et il scande son nom. Encore une fois, Zonmai a prouvé qu’elle sait s’y prendre avec un public.

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