On a rencontré Babeheaven, le duo de trip-hop nouvelle génération
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Auteur·ice : Marion Fouré
11/11/2020

On a rencontré Babeheaven, le duo de trip-hop nouvelle génération

La relève du trip-hop a un nom : Babeheaven. À travers ce projet artistique unique, les deux londoniens, Nancy Andersen et Jamie Travis, ont su nous faire succomber, en quelques titres seulement, grâce à leur groove mélancolique et à un don certain pour transmettre des émotions fortes à nous faire hérisser les poils ! À quelques jours de la sortie de leur premier album, Home For Now (Awal), le duo nous a accordé un entretien exclusif.

La Vague Parallèle : Hello Babeheaven ! Pour ceux qui n’ont pas encore la chance de vous connaître, est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques mots (nom, rôle, et même signe astrologique !) ?

Jamie : Je m’appelle Jamie Travis. Nancy et moi, on écrit des chansons dans Babeheaven. Sur scène, je suis aux claviers, et sinon je suis Sagittaire, ascendant Vierge. Le contraire de Nancy !

Nancy : Je m’appelle Nancy, je suis la chanteuse de Babeheaven et mon signe astrologique est Vierge !

LVP : Comment pourriez-vous décrire votre univers musical ?

Nancy : On fait de la musique post-rave. C’est-à-dire le son que vous mettez dans votre voiture en rentrant de soirée, ou à 6 heures du matin, quand vous êtes resté debout toute la nuit et que vous vous sentez un peu vulnérable. C’est une musique douce et intense à la fois.

LVP : Quels sont les secrets de votre processus créatif pour composer ?

Nancy : En général, quand on compose, Jamie commence par lancer un beat. Une fois que nous avons trouvé quelque chose qui nous plaît, nous passons aux accords. Notre objectif est de transmettre une émotion. Je crée ensuite des mélodies de voix et je fredonne des parties de texte qui, en général, vont fonctionner au moment de l’écriture des paroles. La suite, vous la connaissez !

LVP : Quel matériel utilisez-vous ? Plus d’instruments, ou plus de plugins ?

Jamie : Comme on était à la recherche d’un son chaud et vintage, nous avons utilisé pas mal de matériel analogique. Pour la batterie, nous avons utilisé le MPC 60 et le SP-1200, des trucs que Pete Rock et J Dilla utilisaient à l’époque, ainsi que des batteries et des samples live. J’ai utilisé ma guitare Fender sur la plupart des chansons, avec le plus souvent une vieille pédale Boss CE-1 Chorus, et quelques autres pédales que possède notre producteur Simon Byrt. Nous avons aussi utilisé des tas de vieux synthés, comme un Roland RS-505 des années 80, un SQ-80, un Juno-106, un petit clavier Casio premier prix, et bien d’autres choses encore ! Mais oui, nous avons surtout utilisé du matériel plus ancien que des plugins !

LVP : En écoutant vos morceaux, on perçoit des influences trip-hop, électro et soul. Qui sont vos artistes favoris ?

Jamie : Il y en a évidemment trop pour tous les citer, mais Portishead, Moby, John Frusciante, The Beach Boys, Air et The Strokes sont parmi mes préférés. Ces influences doivent certainement se retrouver dans notre musique !

Nancy : J’écoute beaucoup de choses différentes. C’est difficile de faire une liste ! Par exemple, j’essaie toujours de me tenir au courant des nouveautés, mais j’écoute aussi beaucoup de classiques. Par exemple, nous aimons tous les deux Air, et personnellement je me suis toujours sentie très connectée à la musique de Zero 7. Finalement, nos goûts musicaux sont assez larges.

LVP : Si demain on vous disait que vous pouviez collaborer avec n’importe quel artiste, ce serait qui, et pourquoi ?

Jamie : Je pense à Fatboy Slim, parce que j’ai toujours voulu faire une chanson comme Praise You. Quelque chose qui soit joué à une soirée et qui puisse faire danser tout le monde. C’est un de mes rêves ! Peut-être qu’en travaillant ensemble, nous pourrons réaliser ce rêve. Autrement, il y a tellement de gens avec qui j’aimerais collaborer…

Nancy : Je pense que je choisirais James Blake. J’aime la façon dont il écrit ses mélodies vocales, hypnotiques, qui vous attirent et vous entraînent. C’est génial !

LVP : Et sinon, vous écoutez quoi en ce moment ?

Jamie : J’ai écouté le nouvel EP de James Blake, avec Mount Kimbie. Ça sonne bien ! J’ai aussi écouté Burial, et aussi des groupes comme Crosby, Stills & Nash, grâce à un documentaire sur le quartier de Laurel Canyon (Los Angeles), dans les années 60. Le morceau Lady of the Island de Crosby, Stills & Nash est vraiment très beau. En principe, je n’écoute pas beaucoup de musique des années 60, mais récemment, j’en ai écouté !

Nancy : Moi j’ai adoré le nouveau projet de Slauson Malone, je le trouve super intéressant !

LVP : Parlons maintenant de Home For Now, votre nouveau disque, qui sortira le 20 novembre ! Alors, qu’est-ce que ça fait de sortir son premier album ?

Jamie : C’est génial ! C’est quelque chose que nous voulions depuis longtemps, et je suis très heureux de le faire connaître, et de commencer à travailler sur le prochain. C’est un processus extrêmement satisfaisant et stimulant. Je pense que c’est le plus beau témoignage qu’on puisse faire de soi-même et de son travail. Je suis super heureux !

LVP : Home For Now rassemble des nouveaux morceaux, mais aussi des compositions plus anciennes. Est-ce qu’on peut dire que c’est un peu le fil conducteur de vos émotions des quatre dernières années ?

Nancy : C’est certainement un fil conducteur d’émotions. Il touche à beaucoup de choses qui me sont arrivées, et à la façon dont j’ai évolué en tant qu’enfant jusqu’à maintenant.

LVP : Si vous deviez choisir un seul morceau dans l’album, ce serait lequel, et pourquoi ?

Jamie : Peut-être November, car le morceau résume bien ce qu’il se passait à ce moment-là. Les voix sont vraiment magnifiques, et, sur le plan instrumental, je pense que c’est un mélange de choses assez unique.


LVP : Votre album est un peu un voyage au cœur des choses qui nous définissent en tant qu’êtres humains. Pour vous, c’est quoi être humain, en 2020 ?

Nancy : Être humain en 2020 ? Pour moi, c’est la même chose qu’auparavant. C’est rester en contact et ne pas perdre le contact !

LVP : Pour créer l’univers visuel de Home For Now, vous avez fait appel à plusieurs artistes (Margot Bowman, River Cousin, Sacha Beeley), comment sont nées ces collaborations ?

Nancy : Je connais Margot Bowman depuis longtemps, c’est une des meilleures amies de ma sœur. Quand nous étions confinés, elle a pris contact avec moi. Nous nous sommes ensuite rencontrées et avons trouvé une idée pour le clip de Cassette Beat. C’était le moment idéal pour le faire, car elle travaille et vit normalement en Amérique. Elle a l’œil pour les détails !

 

Je suivais River Cousin depuis longtemps sur Instagram, et il m’a semblé que c’était le moment idéal pour collaborer avec lui.

Pochette de l’album Home For Now par River Cousin

Quant à Sacha Beeley, c’est elle qui nous a contactés, alors que nous étions à la recherche d’un artiste pour animer notre prochain clip. J’ai trouvé son travail incroyable ! Elle avait déjà travaillé pour des amis dans le passé, ce que j’avais toujours aimé, et elle a trouvé de très belles choses pour le clip de Craziest Things.


LVP : Difficile de ne pas parler de la crise sanitaire, en ce moment. Comment a-t-elle impacté / impacte-t-elle votre vie d’artiste ?

Jamie : Pour nous, le point positif de cette crise, c’est qu’elle nous a donné le temps de travailler uniquement sur la musique, sans aucune distraction. Nous avons travaillé presque tous les jours, et cela nous a permis de faire beaucoup de choses, et d’avancer dans la réalisation de l’album plus tôt que prévu. L’album ne serait peut-être pas sorti avant l’année prochaine, sans tout ça. Cependant, les points négatifs sont énormes, comme pour beaucoup d’artistes. Nous devions jouer au festival SXSW, à Austin (Texas), et ensuite partir en tournée aux États-Unis pendant deux mois. Financièrement, nous avons perdu beaucoup. À cause de la crise, notre tournée s’est arrêtée, tout comme l’expérience humaine que nous aurions dû vivre pendant.

LVP : Malgré le contexte actuel, avez-vous quand même planifié des dates de concerts en 2021 ?

Nancy : Oui, pour le moment, nous avons un live prévu le 23 février au Village Underground, ainsi qu’une tournée européenne en première partie de Rhye !

LVP : Il y a un an, les Parisiens ont eu la chance de vous voir en concert au Supersonic (j’en faisais partie !). Avez-vous prévu de revenir en France ?

Jamie : On adore Paris et la France ! On jouera au Casino de Paris avec Rhye, dans le cadre de leur tournée, le 25 avril prochain !

LVP : D’ailleurs, en parlant de concerts, c’était quand et où, le premier de Babeheaven ? Vous vous souvenez de ce que vous avez ressenti à ce moment-là ?

Nancy : Notre premier concert a eu lieu dans la maison d’un ami. En fait, nos premiers concerts ont surtout eu lieu dans les sous-sols de nos amis. Personnellement, j’avais un tel trac que jouer pour mes proches était encore plus effrayant que de jouer pour des inconnus. Nous avions écrit un tas de chansons, et répétions depuis des semaines ! À l’époque, je jouais de la basse et je chantais en même temps. Cela faisait encore plus de choses à penser ! Tout cela était tellement naïf et amusant, au bout du compte. Nous avions même enregistré le concert, et, encore aujourd’hui, il m’arrive de l’écouter. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis.

LVP : Avez-vous déjà des projets en tête pour la suite ? Est-ce qu’il y a un thème sur lequel vous aimeriez écrire ou composer ?

Jamie : Nous pensons déjà au prochain album, et nous sommes impatients de commencer à explorer notre future orientation musicale. J’aime beaucoup l’idée de remettre en question et de modifier consciemment certains éléments de notre façon d’écrire ou de travailler, pour voir si quelque chose de nouveau et d’intéressant peut en découler.

Nancy : Je suis vraiment excitée de commencer un nouveau projet ! Pour l’instant, je n’ai pas d’idées claires sur ce que ce sera. Mais, parfois, il vaut mieux ne pas trop y penser !

Le selfie de Nancy pour La Vague Parallèle !

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