Annoncé depuis le début de l’année, Iris : A Space Opera by Justice avait décidé de se dévoiler à une petite poignée de chanceux. En ce lundi soir entre moiteur et soleil timide, le duo dévoilait en avant-première son dernier projet en date, sans doute le plus ambitieux à ce jour. On faisait partie des petits chanceux à être présents dans la salle, on vous raconte le voyage spatial et musical que nous a concocté Justice.
Y a-t-il un intérêt à voir un live de musique au cinéma ? C’est une question qui nous a toujours taraudé, un questionnement sans fin entre le plaisir de voir un instantané de la vie d’un groupe figé sur pellicule et la certitude qu’à peine 6 mois après, le projet aura tellement vieilli qu’il sera impossible de le revisionner. Il y a bien sûr des exceptions, on pense notamment au film des Beastie Boys Awesome; I Fuckin’ Shot That! ou encore au (finalement pas vraiment un) concert final de LCD Soundsystem. Et puis il y a le concert de Pink Floyd au pied du Vésuve, qui presque 50 ans après garde cette saveur d’intemporalité et toute sa classe. Il faudra désormais compter sur IRIS, le Space Opéra de Justice.
Il faut dire qu’ils en rêvaient, de ce concert filmé. Depuis plus de 12 ans déjà, depuis leur première tournée en fait. Chaque idée a tourné à la catastrophe. Aucun moyen, aucune technique n’avaient un rendu suffisamment imposant et réussi pour passer le perfectionnisme de Xavier et Gaspard. Il y a bien sûr eu A Cross The Universe, mais celui-là ressemblait plus à un documentaire déglingo évitant le plus possible les scènes de live pour se concentrer sur tous les à côtés d’une tournée. Et puis l’idée est venue, comme pour Pink Floyd, il suffisait d’occulter le public, cet élément aussi indispensable à la réussite d’un live qu’encombrant quand il s’agit de rendre un hommage vibrant à une scénographie et à un live aussi monumental qu’a été Woman Worlwilde.
Car c’est bien ça IRIS : une heure d’hommage à un live parfait, faisant de nous autant des spectateurs attentifs, des auditeurs hallucinés et des petits souris curieuses. En résulte une heure intemporelle, qui fantasme le futur tout en rendant hommage aux années 70, qui vibre autant de la musique que d’un amour du cinéma et d’un respect profond du spectateur. Oui IRIS est une œuvre cinématographique, oui IRIS est une œuvre musicale, oui IRIS est une œuvre totale et une réussite de sa première seconde à la dernière de son générique de fin. Le film, comme une entité maléfique à la personnalité propre, vit. Il se promène, la caméra n’est jamais statique, elle nous emmène dans tout ce qui fait l’espace scénique de Justice, des amplis Marshall, aux lumières imposantes en passant par les recoins, l’arrière de la scène, ce qu’il nous est impossible de voir en tant que spectateur musical. Pour cela, il faut souligner le travail monumental d’André Chemetoff & Armand Beraud qui, au montage frénétique habituellement utilisé dans les captations live, préfèrent des plans larges, parfois fixes, qui jouent de l’espace et du lieu de tournage (notamment avec ce sol satiné qui permet de s’amuser sur les réflexions des lumières et des reflets de la scène) tout en entrecoupant le live de scène spatiales (deux planètes qui se transforment… en iris) ou de l’apparition de constellations rendant hommage à l’univers de Justice. Pour ceux d’entre vous qui auraient eu la chance de voir Justice en live, on peut vous affirmer ceci : la scène de Stress vaut à elle seule le visionnage de cette captation. D’une intensité et d’une violence presque implacable, elle reste à elle seule un vrai moment de cinéma. Le reste est à l’avenant, permettant ainsi d’apprécier en profondeur les détails et la maestria musicale de morceau en constante réinvention, utilisant des thèmes connus d’un tube pour mettre en avant les bizarreries et les pépites méconnues d’autres, notamment sur Pleasure x Newjack x Civilization ou Heavy Metal x DVNO avant une apothéose aussi visuelle que musicale sur l’exceptionnel Audio Video Disco.
Mais au final, IRIS est avant tout l’occasion de rendre hommage au troisième membre du groupe, l’homme de l’ombre sans qui rien ne serait réellement possible Vincent Lérisson et son travail sur les lumières aussi pharamineux qu’absolument implacable.
En un peu plus d’une heure, Justice nous offre donc une expérience, un moment suspendu dans le temps rendant hommage autant au cinéma de science fiction (les décors qui rappellent parfois l’Étoile noire, les ambiances qui nous ramènent à Blade Runner, ou le logo qui prend d’abord les contours de Star Wars avant de se rapprocher des classiques de la SF 80’s) qu’à la musique du groupe et son travail de fourmi sur la tournée Woman Worldwide. Il n’y aura qu’une séance mondiale de ce film, elle se déroulera le 29 août 2019 à 20h30. Ne ratez surtout pas cette œuvre cinématographique et cette captation aussi inédite qu’intense et réjouissante. Toutes les informations pour pouvoir dire “on a vu IRIS au cinéma” par ici.
Futur maître du monde en formation.
En attendant, chevalier servant de la pop francophone.