On peut supprimer Petit Bambou, Kelly Lee Owens prend le relais avec son nouvel LP.8.2 que le guide de méditation a tout à envier. Quatre nouveaux titres qui s’inscrivent dans la continuité de son LP.8 sorti en avril dernier, dans lequel l’artiste installait les premières bases d’une expérience sonore carrément intense.
Il y a 3 ans, Kelly Lee Owens éveillait notre flamme avec son album Inner Song, aux sons sensuels et mouvants tels que Night, On ou Jeanette. Souvent, elle nous surprend en alternant des chants pleins d’émotion avec des morceaux purement instrumentaux, souvent plus rythmés. Un bel équilibre entre voix angélique et sons électroniques, de l’être à la machine. On l’écoute encore et on s’éprend de cette artiste aux talents et aux univers infinis, que l’on redécouvre avec 4 morceaux tous frais dans son nouveau projet (LP.8.2).
En effet, c’est dans un mélange troublant de chants angéliques flottants et de sons électro bruts et profonds que nous essayons de plonger. D’abord à l’aveugle sans trop comprendre ce qu’il nous arrive, puis en prenant conscience de chaque son, du plus timide au plus affirmé. Nous captons alors cette atmosphère hyper contrastée entre sons lisses et vibrants. À savoir un clair obscur qui prend aux tripes, opposant la douce voix de Kelly Lee Owens avec des sonorités lourdes et explosives qui semblent venir de loin, comme étouffées. Cette fois, la productrice nous percute avec quelque chose de plus personnel. Moins de paroles, moins de mélodie, plus de sensations, plus de ressentis.
Dans son morceau Moebius, elle nous parle d’anxiété et de lâcher prise sur un ton apaisant, rythmé par des basses plus présentes et assumées que dans les autres titres. On écoute « We are feeling anxiety, we are feeling fear. Don’t be driven by it, let go of control. » et on se demande si ce n’est pas une traduction, en mots, de la musique elle-même. Des basses puissantes, vibrantes et sombres comme l’expression de la peur et sa voix douce et légère comme un envol, loin de l’anxiété ?
Un sujet qui fait rapidement écho avec Sonic 8 de son LP précédent, dans lequel elle nous bouscule avec une expérience angoissante : une phrase en boucle « This is an emergency, this is a wake up call. » suivie d’autres paroles, pas des plus joyeuses, sur une instru répétitive, sombre et trash. Pas trop à l’aise, on se laisse absorber et on finit dans un état un peu bizarre, d’alerte voire de choc. Un état qui évolue vers un sentiment plus serein, dans sa nouvelle sortie.
C’est cette évolution qu’on remarque entre les deux productions. En effet, LP.8 est beaucoup plus varié, entre musiques douces, mélodieuses (Olga) et d’autres plus brutales, perturbantes (Release). Comme des alternances d’états, une perte de contrôle sur le flux des émotions. Dans LP.8.2 c’est plutôt une salle une ambiance, on retrouve un état stable et serein, une uniformité rassurante. Quatre titres qui ne pourraient former qu’un, 18 minutes d’envol et d’attention aux sons, à soi. Parce que c’est de ça aussi qu’il s’agit ici : s’écouter soi-même à travers la musique.
Je dois mon cardio à la techno et ma bonne humeur à mes écouteurs. Un esprit sain dans un corps sain quoi.