On est parti·es à la cueillette des secrets du La Nature Festival auprès des organisateur·ices
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Auteur·ice : Chloé Merckx
12/06/2024

On est parti·es à la cueillette des secrets du La Nature Festival auprès des organisateur·ices

Photos: Melissa Fauve pour La Vague Parallèle

La Nature, c’est un festival qui se plait à conserver un côté légèrement mystérieux. Pour vraiment saisir ce qu’il s’y passe, il faut aller sur place. Vous avez peut-être déjà vos tickets, ou alors vous vous mordez les doigts de ne pas avoir pu en acheter avant qu’ils ne soient tous vendus. Dans les deux cas, si vous voulez avoir une idée de ce qui se cache derrière la programmation de ce festival hors du commun, lisez la suite, parce qu’on est allé·es rencontrer la team de choc qui, chaque année, met sur pied ces quatre jours de fêtes dans la forêt.

La nature, c’est l’environnement dans lequel on évolue, mais c’est aussi les valeurs humaines qui fondent notre existence. La Nature festival, c’est un évènement qui se veut au plus proche du vert, en mettant en avant des valeurs telles que le partage, la diversité et le respect. C’est dans cet état d’esprit que nous sommes allé·es rencontrer une partie de la team qui nous avait réservé une table au café du Musée Trinkhall, à Liège.

Une des premières missions qui anime le festival depuis plusieurs années, c’est l’idée d’apporter une valeur ajoutée culturelle dans un milieu rural relativement isolé. Le festival se veut être une réelle plateforme artistique par laquelle transitent de nombreux projets musicaux, mais aussi de l’art plastique, des performances et de l’art visuel. La pluridisciplinarité de l’évènement le rend riche, tant en échanges qu’en réflexions autour des arts, dans un environnement naturel où les cinq sens s’éveillent.

Si on comprend bien ici l’essence du festival, on se doute que vous n’avez pas encore tout capté, alors on laisse la parole aux organisateur·ices pour vous en dire un peu plus !

Le projet

Le festival est né des cendres du NoName Festival, qui se développait à Ovifat depuis 2010. Avec une team plus complète ainsi qu’une nouvelle structure, le projet La Nature s’est lancé en 2019, ne proposant pour sa première version que 1000 précieux tickets, très vite vendus, pour découvrir ces cinq scènes qui ornent la forêt de la Baraque de Fraiture. Aujourd’hui, le festival ne propose pas beaucoup plus : 3000 tickets, une jauge idéale pour conserver un format intime, à taille humaine et confortable, comme nous l’explique Julien Baratto, co-fondateur du festival.

C’est une évolution qui s’est construite assez progressivement, nous dit-on : “avec une évolution organique, on espère toucher un peu plus le cœur de cible des personnes qu’on veut avoir. Parce que si des personnes sont venues, ont apprécié le festival, ont compris les valeurs, la philosophie, elles en parleront autour d’elles à des personnes qui sont a priori aussi peut-être de la même vibe. Si on fait de la pub, on risque d’attirer des personnes qui ne se basent que sur des images et autres.” ajoute Julien

Le Mycelium

Chaque année, le festival est pensé autour d’un thème qui touche, vous l’aurez deviné, à la nature. “En fait, depuis trois ans, on avait l’envie de thématiser le festival, parce qu’on ne l’avait pas fait avant. On a décidé de démarrer un cycle de trois ans pour aborder les différentes étapes de la vie, de la matière organique ou de la nature. La première année, c’était la synthèse, puis il y a l’anthèse, donc plutôt la floraison, et cette année, c’est le mycelium qui touche plus à la décomposition. Donc on est un peu à fin d’un cycle et aussi au renouveau d’un autre, même si on n’a pas vraiment encore défini ce que ce sera l’année prochaine, mais on a certaines idées”, explique Julien

Ce thème doit alors transparaitre à la fois dans les visuels qui entourent le festival, mais aussi au niveau de la déco et des projets artistiques. Le mycelium est une espèce de champignon qui s’étend sous terre, créant ainsi un réseau de connexions entre les espèces végétales. Ce réseau leur permet de communiquer, mais aussi de prendre soin d’elles-mêmes et de s’approvisionner.

“Le mycelium pour moi, c’était surtout les champignons, mais lorsque j’ai reçu les projets, c’est là que j’ai appris à comprendre vraiment ce que c’était. Pour beaucoup de personnes, ça parle plutôt des relations, c’est vraiment les connexions. C’est rigolo parce que tout le monde voit le thème de différente manière. Il y en a qui m’ont envoyé des projets très figuratifs, et beaucoup qui ont été vraiment très loin dans ce que signifie le mycelium”, raconte Ghazaleh Mirahmadian – qui s’occupe de la production artistique. “Cette année, au niveau des appels à projets, ça a été hyper prolifique : avec plus de 200 projets, je pense que c’est un thème qui était assez porteur, il y a pleins de chouettes projets super pertinents “, ajoute Julien.

Si le thème ne se retrouve pas forcément dans la programmation musicale, il est en revanche fort présent dans la programmation pluridisciplinaire des activités. Des discussions, des talks et des balades s’organiseront autour du mycelium, afin d’offrir une expérience complète autour du thème.

La programmation

Comme le rappelle l’équipe, la programmation musicale, c’est une des forces principales du festival. Et elle a la particularité d’être en partie déléguée à d’autres curateur·ices. “En interne, on se charge d’environ 50-60%, et le reste est réalisé en collaboration : avec des artistes, des labels ou des collectifs qui apportent chacun et chacune leur spécificité, leur ADN, leur vibe quoi”, explique Julien. Cette année, elle sera par exemple aux mains de : Maloca, le label de Le Motel, l’artiste expérimentale Farida Amadou, ou encore le collectif bruxellois Rebel Up!.

La programmation se veut donc pointue, mais surtout composée d’artistes émergent·es et d’une diversité de styles, afin de permettre au public la découverte de genres et de sous genres, avec une majorité de musique électro, un genre qui anime le NoName depuis plusieurs années. Il y a aussi un certain équilibre entre les artistes belges et celleux venu·es d’ailleurs, et une affiche qui privilégie celles et ceux qui feront le futur, plutôt que des grosses têtes d’affiche.

“On n’a jamais voulu avoir un trop gros coefficient entre les cachets les plus bas et les cachets les plus hauts, il faut que ça reste terre à terre. En fait, il y a des artistes que nous considérons comme des têtes d’affiche parce que ce sont des artistes qui ont une expérience énorme, qui sont reconnu·es sur la scène, mais qui proposent des styles assez niches, et qui du coup pour le grand public sont un peu moins connu·es. On n’a jamais cherché à avoir de la démesure au festival”, rajoute Julien

Petite particularité : le line-up n’est jamais partagé à l’avance afin que les festivalier·ères viennent à la découverte d’une affiche qu’iels ne connaissent pas. “Pour éviter que les gens viennent pour un·e artiste en particulier, mais qu’iels viennent plutôt pour l’ambiance et pour vraiment découvrir des nouveaux et nouvelles artistes qu’iels ne connaissent pas, se balader dans le festival, créer des liens avec les gens. Il n’ y a pas de séparation entre les artistes et les festivaliers. C’est un site ouvert, tout le monde se rejoint au même endroit pour profiter du même festival. Peu importe la position qu’on a dans le festival : tout est lié et il n’y a pas de scission entre le côté artistique, bénévole et le reste”, ajoute Lara Sydor, en charge de la production.

Les scènes

Au sommet des pistes de ski, certaines scènes du festival ont développé leur identité propre. Par exemple, La Clairière qui se trouve au fond de la forêt est considérée comme étant “le club du festival”. Dans le camping, l’Hypnose Room et sa vue sur la vallée propose une programmation dédiée à la musique ambiant presque toute la journée. “C’est la dernière scène ouverte, donc à chaque fois que le site ferme, tout le monde se retrouve un peu là-bas, pour descendre ensemble. Il y a le lever de soleil, qui est un moment hyper particulier, parce que tout le monde est là en train de se laisser emporter, toustes les festivalier-ères en parlent, il est vraiment magique à ce moment-là.” ajoute Natacha Loiseau, responsable de la scéno.

Il y a aussi le Dome : une scène 360 dédiée à plusieurs collectifs, qui est aussi l’espace le plus adapté aux groupes. Quant à la scène la plus haute en altitude, c’est le Moonlodge où un collectif propose durant tout le weekend des ateliers bien-être pour le corps et l’esprit. Et pour finir, la Chapelle est la première scène que les organisateur·ices ont construite dans la forêt. On y trouve de la musique expérimentale, des groupes et “des artistes un peu inqualifiables”, explique Julien

Un festival éco-responsable

On ne pouvait pas parler de La Nature, sans aborder leurs engagements qui permettent au festival de respecter le plus possible l’environnement attenant. Chaque année, l’organisation met un point d’honneur à réduire son empreinte écologique, notamment à l’aide d’un bilan carbone qui leur permet de faire un état des lieux et de réfléchir aux façons de faire mieux pour préserver la biodiversité.

“Une grosse partie se joue sur la sensibilisation” développe Lara. “On essaye d’inclure les gens dans la participation du côté éco, on a un stand de tri sur le festival directement, et c’est vraiment devenu un poste que les bénévoles adorent, le ramassage des poubelles et le tri des déchets.” 

Pour le catering, Ludovick travaille avec un maraîcher de la région, afin créer des menus en fonction de la saison. Et oui, malgré un thème qui tourne autour du mycelium, les champignons ne seront pas la star de la carte, car ce n’est pas vraiment la période de la cueillette. On essaie aussi que les foodtrucks aient une carte majoritairement végétarienne, avec des produits de saison, des produits locaux qui viennent de gens qui produisent autour du festival. Les produits viennent généralement d’un périmètre de 52 kilomètres autour du festival.” ajoute Émilien

Mais les choix écologiques se retrouvent aussi au niveau du Line-up, la sélection des artistes dépendant aussi du facteur “transports”. Le festival essaie que les artistes programmé·es ne viennent pas de trop loin, nous explique Julien : “Il y a toujours des artistes qui viennent de loin, mais on essaie de faire en sorte qu’iels s’inscrivent dans une tournée européenne. C’est rare de pouvoir payer un artiste qui vient du Japon, on essaie de pousser un maximum les artistes à prendre le train, même si ça peut nous poser de gros problèmes aussi quand il y a des grèves.”

L’ambiance

L’objectif du festival, c’est avant tout de créer du lien entre les gens. “Les festivalier·ères parlent souvent vraiment d’une expérience, d’une espèce d’atmosphère, de liberté et de bienveillance. On met beaucoup d’énergie là-dedans et je pense que c’est pour ça aussi que les gens en parlent après. C’est vraiment une expérience de liberté, de création d’un lien, d’une connexion forte entre toustes les festivalier·ères”, explique Natacha. C’est pour cela que le festival essaie de privilégier les pass de 4 jours, pour favoriser l’immersion dans la fête et la forêt. “Il y a parfois des gens qui perdent leurs potes, mais qui ne cherchent même pas après parce qu’iels se sentent très à l’aise au milieu de tout le monde, tellement l’ambiance est détendue” ajoute Lara. Préserver cette ambiance chaleureuse, c’est aussi une des raisons qui poussent les organisateur·ices à ne pas trop étendre le festival, pour préserver ce lien plus personnel entre tous et toutes.

Si le festival tourne, c’est notamment grâce à une équipe de bénévoles qui a à cœur de voir le festival se dérouler de la meilleure manière possible. Chaque année, beaucoup de festivalier et festivalières choisissent de s’impliquer dans l’organisation du festival. Cette motivation, les organisateur·ices la doivent notamment à l’ambiance dans les coulisses. “On a déjà énormément de bienveillance entre nous, donc forcément, ça donne envie de le faire, de rentrer dans le groupe”, explique Ludovick Stepiniak, en charge du catering. 

Il n’y a pas de dirigeant·e ou de petites mains et tout le monde est à part égale. C’est un peu pour ça aussi que les bénévoles ont envie de venir, parce qu’iels se disent : “C’est trop bien, on se marre bien, on est à part égale avec tout le monde et on peut rencontrer des gens. C’est un peu ça : une grande famille, pendant le montage.” ajoute Émilien Zangas, co-fondateur. 

Hors-Piste

Cette année, l’équipe NoName a travaillé au lancement d’un deuxième projet: le Hors-Piste, un festival electro de deux jours qui se déroulera dans une ancienne usine à Ougrée. Si vous n’avez pas eu l’occasion de prendre vos billets à temps pour La Nature, pourquoi ne pas tenter cette expérience dans le bitume au mois de juillet ?

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