On l’a fait : discuter féminisme et vulnérabilité avec Cœur de Pirate
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Auteur·ice : Valentin Dantinne
16/11/2020

On l’a fait : discuter féminisme et vulnérabilité avec Cœur de Pirate

Béatrice Martin, ou Coeur de Pirate, est dans le paysage musical depuis une dizaine d’années. Elle a marqué notre adolescence avec son Comme des enfants avant de devenir une figure musicale tant en télé qu’en concert, tant au Québec qu’en Europe francophone. Il y a quelques semaines, elle signait un retour avec le morceau T’es Belle, et annonce un album début 2021, aux allures légèrement country, « parce qu’elle a toujours eu envie de faire ça ». Bien au-delà de la musique, La Vague Parallèle a pris le temps de discuter avec elle depuis son chez-elle à Montréal, à travers écrans interposés. Bien plus qu’une interview musicale, c’est avant tout une conversation d’humain à humain, avec un regard sur la société et sa propre fébrilité.

LVP : T’es Belle est un morceau intéressant. On a pu y voir pas mal de guests dans le clip, comme Kiara de Canada’s Drag Race. Quelle était l’approche générale de ce morceau, depuis le texte jusqu’à la réalisation de la vidéo ?

Béatrice : En fait, la chanson parlait d’un truc un peu anodin, qu’on nous dit souvent quand on est femme : l’idée qu’on est plus belle quand on sourit, tout cet aspect-là selon lequel la femme doit être avenante pour être acceptée, qu’elle ait l’air tout le temps bien. Je me suis rendu compte que c’était un concept qui s’appliquait à non pas juste les femmes, mais n’importe qui qui s’identifie comme femme ou qui, dans le cas des drag queens, s’identifie comme femme dans un spectacle. Tout ce qui a recours à la féminité, c’est quelque chose qui n’englobe pas juste la femme, il y a plein de gens qui se retrouvent là-dedans. C’était important pour moi dans le clip d’avoir non pas juste des femmes, mais des gens qui s’identifient comme femmes aussi, qui ont dû faire une transition, etc. Ça rassemblait pas mal de gens. C’était déjà plus intéressant, de un. De deux, ça les touche aussi. Au niveau de la réalisation, j’étais supposée faire ça avec quelqu’un d’autre. Finalement, la personne s’est faite accuser d’inconduite sexuelle. Ça, ça ne va pas. Du coup, je l’ai fait toute seule (rires).

 

C’était mon idée à la base, de toute façon. Je pensais que j’avais besoin d’aide pour réaliser alors que non, pas du tout. La productrice m’a dit « je pense que tu peux le faire toute seule parce que t’as été dans plein de clips, tu sais comment ça fonctionne ». Je me disais très honnêtement que je savais pas trop ce que je faisais, mais en même temps je me suis dit « OK, en fait il faut que les gens donnent une chance aux femmes pour se retrouver dans des positions comme ça ». Parce que ce sont des rôles qui sont naturellement pour les hommes depuis toujours, réalisateurs, D.O.P, tout ça… J’étais contente, en mode « super, quelqu’un me donne ma chance ». Suite à ça, je me suis basée sur mon cours d’histoire de l’art du Cégep (le collège au Québec). On a pris des iconographies ou des œuvres d’art mettant en vedette des femmes, mais j’ai revampé tout ça pour 2020. La Naissance de Vénus de Boticelli avec une femme trans pour Vénus, avec des drag queens comme anges gardiens. Je trouvais ça assez puissant. La Vierge Marie qui pleure, c’est une femme noire qui est une de mes amies. La femme qui allaite, c’est la déesse Shiva. C’est une femme qui allaite, elle est masquée parce qu’on nous demande toujours de nous cacher quand on allaite. C’est des trucs comme ça que j’ai un peu remis en avant, parce que c’est intéressant. Puis, ça met une bonne claque, je crois.

LVP : C’était important pour toi d’avoir une inclusivité dans le choix des invité·es et d’y inclure des minorités, que ce soit LGBTQIA+, personnes de couleur, etc. ?

Béatrice : Je pense que c’est pour montrer que le féminisme s’applique à tout le monde. Ça ne s’applique pas juste aux femmes cisgenres. Ça s’applique même aux mecs quand t’y penses, puisqu’il y a beaucoup de choses où les mecs souffrent énormément des diktats du patriarcat depuis très longtemps. Le fait de pas aller en thérapie, de ne pas parler de ses émotions, toutes ces choses-là. Le féminisme inclut aussi les femmes trans, les drag queens. C’est vraiment quelque chose qui parle à tout le monde, donc c’était important pour moi d’inclure absolument tout le monde. Il y a aussi un père célibataire avec sa fille dans le clip. C’est super important de donner de la visibilité et de montrer ces choses-là.

LVP : J’ai vu il y a pas longtemps que t’étais une grande fan de Pokémon. Si tu devais choisir quel Pokémon est le plus féministe, ce serait lequel pour toi ?

Béatrice : Oh my god. The trans Sylveon, the trans hero. Mais oui (rires). Non mais, c’est un peu ce qu’on dit souvent dans la communauté, c’est que Sylveon, il a les couleurs du drapeau trans. Sinon, moi j’aime beaucoup tous les Pokémon qui n’ont pas de genre. Pour vrai, il y a des messages dans Pokémon qui étaient faits pour nous apprendre pas mal de trucs. Pareil dans Sailor Moon, ou toute l’animation japonaise que j’ai regardée quand j’étais plus jeune. Il y avait littéralement des Sailor qui changeaient de genre quand elles se transformaient. Ça m’a éveillée sur plein de trucs, j’ai compris plein de choses aussi par la suite sur mon orientation sexuelle aussi, finalement. C’était vraiment cool pour ça, pour ceux·celles qui ont compris.

LVP : Après une dizaine d’années dans le monde de la musique, est-ce que tu t’interdis encore des choses ? Et si on réfléchit, est-ce que tu t’interdis des choses parce que tu es une femme dans le monde de la musique ? Ou bien tu te sens complètement libérée ?

Béatrice : Ca n’est pas une question de m’interdire des choses. Souvent, j’ai pas beaucoup de filtre dans la vie. Tout au long de ma carrière, j’ai dit un peu ce que je pensais, que ce soit en interview ou dans mes chansons. Souvent, j’avais des gens de mon entourage, dans une certaine industrie, qui me disaient « si tu dis ça ou tu agis de cette façon-là, on va penser que tu es difficile, et que c’est difficile de travailler avec toi ». Ça m’avait fait un peu de la peine, parce que jamais au début de ma carrière au Québec on m’avait dit des trucs comme ça. Même mes parents m’ont jamais dit ça, ils ne m’ont jamais demandé de me censurer ou ne m’ont jamais dit de changer la manière dont j’étais. Ça m’avait vraiment choquée, et j’ai continué à le faire quand même. Je pense que ça m’a pénalisée. Surtout dans certains pays, il fallait un peu plus prendre son trou en tant que femme. Je suis contente qu’il y ait de plus jeunes artistes aujourd’hui qui prennent encore plus la parole, et qui ont libéré le truc. Une artiste comme moi, j’étais encore dans une culture où je n’avais pas le droit de le faire. Il y a eu #MeToo et d’autres évènements qui sont arrivés. Mais pendant longtemps, j’ai vécu de l’hyper-sexualisation. Les gens me parlaient de quoi j’avais l’air, j’étais comme la femme-enfant avec une petite voix qui minaude. J’écris mes propres chansons, et je pense qu’il n’y a pas une fois où un·e journaliste m’a demandé au début de ma carrière si j’écrivais mes propres textes. C’était comme un non-sens pour les gens. J’ai souffert de ça.

On me disait « si tu dis ça ou tu agis de cette façon-là, on va

penser que tu es difficile, et que c’est difficile de travailler avec toi ».

LVP : Est-ce que tu penses justement qu’un clip et un morceau comme T’es Belle, tu aurais pu le faire il y a cinq ou six ans ?

Béatrice : Je ne pense pas, je pense qu’on aurait complètement ri de certains tableaux. On aurait ri probablement du tableau avec les femmes qui font du yoga et qui ont des traces de règles. Les gens auraient ri ou auraient fait des commentaires absurdes par rapport à ça. C’est pour ça que je trouvais important de le faire quand même. L’allaitement, pareil, ça rend les gens mal à l’aise, et je ne sais pas pourquoi parce que, honnêtement, c’est tellement naturel. Je ne sais pas si j’aurais pu faire ça avant.

LVP : Est-ce que si tu n’avais pas été chanteuse, tu te serais exprimée sur toutes ces questions ? Est-ce que ça t’a rendue politique d’être chanteuse ?

Béatrice : Forcément, quand t’es une figure publique, je trouve que c’est notre responsabilité maintenant d’utiliser notre tribune à bon escient, d’essayer de faire une différence. Je trouverais ça un peu hypocrite de ma part de juste ne rien dire. J’ai quand même une certaine plateforme, pourquoi pas faire les bonnes choses. Mais au début de ma carrière, je pensais vraiment qu’il ne fallait pas être politique, on m’avait tout le temps dit « il ne faut jamais que tu te prononces sur quoi que ce soit, jamais jamais ». Encore une fois, c’est une certaine façon de réduire la femme à devoir se taire ou lui faire comprendre que ça n’est pas sa place de parler. Je me rends compte de ça aujourd’hui et je trouve ça fascinant. J’en profite aujourd’hui pour parler de plein de trucs. Je pense que je l’aurais fait d’une autre façon si je n’avais pas eu cette tribune-là. Parce que je ne suis pas du genre à me taire, voilà (rires).

LVP : On essaie, au sein de La Vague Parallèle, d’être paritaire sur le contenu, c’est-à-dire parler autant d’artistes femmes que hommes. Parfois, certaines semaines, on se rend compte que ça demande beaucoup plus de travail de trouver un contenu 100% paritaire. Est-ce que tu penses qu’il y a moins de sorties féminines, ou bien c’est juste plus difficile de les trouver et elles sont moins visibles ?

Béatrice : La parité, moi, je suis capable de l’appliquer. On avait fait cet exercice-là à un moment où plein de festivals disaient que c’était impossible d’appliquer la parité. Je me disais « voyons, tu regardes le top iTunes ou le top des streamings de quoi que ce soit, il y a pas mal plus de femmes que d’hommes ». Comme quand tu penses aux pop stars du monde en ce moment, c’est plus des femmes que des mecs. Pendant un moment, il y a eu beaucoup de mecs, et puis maintenant c’est cool, il y a quand même toute une tangente qui se pose vers la femme. Forcément, la bataille, elle est continuelle. Le concept de la parité, je trouve ça fascinant parce que moi j’ai fait l’exercice pour un line-up de festival et j’étais capable d’appliquer la parité, je pouvais choisir plein de trucs, je pouvais même aller choisir des artistes non-binaires, des artistes trans. C’est pas un problème.

LVP : Est-ce que certaines femmes t’inspirent dans leurs prises de position, que ce soit dans la musique européenne, internationale ou canadienne ?

Béatrice : J’aime beaucoup Yseult en ce moment. Les chansons sont incroyables, mais il y a aussi tout un discours qui doit être mis de l’avant en tant que femme noire, en tant que femme noire dont on a beaucoup parlé du corps. Je ne sais pas pourquoi ce n’est pas déjà normalisé, tout ça. On pense aussi à Lizzo. J’aime beaucoup aussi Aloïse Sauvage, c’est comme complètement à côté. J’aime beaucoup Vendredi sur Mer, ce sont des femmes qui m’inspirent parce qu’elles font des trucs complètement à côté, et qu’elles font partie des mouvements aussi. Quand tu prends Vendredi sur Mer, c’est un truc complètement à part, c’est une des seules qui fait ça. Tout ce qu’elle représente, toute l’esthétique. Je trouve ça fascinant. J’aime beaucoup la tangente à gauche de Louane aussi en ce moment, je trouve qu’il y a un truc qui se fait, qui est complètement à côté de ce qu’elle faisait avant. Je trouve ça inspirant de voir des jeunes artistes aller complètement à contre-courant de ce qu’on attend d’elles. C’est inspirant même pour moi, alors que je suis plus âgée et que je suis là depuis un peu plus longtemps.

LVP : Au Québec, est-ce qu’il y a des artistes féminines dont tu suis un peu le début de carrière ?

Béatrice : J’ai une protégée que j’aime beaucoup et que je mets en avant, elle s’appelle Naomi. C’est celle qui fait la Vierge dans mon clip, elle va commencer à chanter et j’ai très hâte. C’est mon étoile filante, un peu ma Jorja Smith, j’attends que ça. Après ça, au Québec, il n’y a pas énormément de trucs qui sont sortis récemment. J’aime encore beaucoup Ariane Moffat, qui est pour moi une essentielle, une trailblazer parce qu’elle est lesbienne, qu’elle a fait son coming out à une époque où ça n’était pas encore très accepté. J’aime beaucoup Pierre Lapointe aussi, qui est un mec, mais bon, quand même trailblazer pour moi. Safia Nolin aussi. Ce sont des gens qui sont importants pour notre développement de société, en tout cas au Québec, c’est sûr.

LVP : Je ne sais pas si la question se pose encore en 2020, parce que j’ai l’impression que tout le monde l’est au final et qu’on le dit seulement maintenant, mais est-ce que tu te considères comme quelqu’un d’émotif ou sensible ?

Béatrice : Oui (sans hésitation). Je suis hypersensible, en plus. Chose aussi qu’on m’a reprochée plein de fois, souvent à la télé. Je fais La Voix ici au Québec, j’ai fait Nouvelle Star. À la Nouvelle Star, les gens me détruisaient parce que j’avais tendance à pleurer. J’ai tendance à beaucoup sentir les émotions, j’aime beaucoup la musique et puis ça vient me toucher tout le temps. On m’a vraiment bien fait du mal à cause de ça, mais ce n’est pas grave, je suis passée à côté. Je ne vais pas changer qui je suis pour faire plaisir aux gens (sourire). Les gens ont leur façon de voir et ressentir les choses aussi, mais moi, ce que je critique souvent, c’est que les hommes n’ont pas la place d’être sensibles, en fait. C’est ça que je trouve dommage, parce que si les hommes étaient plus en contact avec leurs sentiments, peut-être qu’on aurait une meilleure facilité et une meilleure communication avec eux. Normaliser aussi le fait qu’un mec soit sensible, c’est important.

LVP : T’as pas l’impression qu’il y a une petite ouverture qui se fait à ce niveau-là, sur la sensibilité des hommes ?

Béatrice : Je ne sais pas. En fait, ça fait longtemps que je n’ai pas été en France, ça fait que je me rends pas compte de comment c’est en France pour le moment. Au Québec, oui. Mais quand un mec me dit qu’il va en thérapie, jamais il aurait dit ça y a cinq ans. Jamais les mecs n’auraient osé avouer aller chercher de l’aide, donc je trouve ça cool qu’on normalise tout ça et qu’il y ait une ouverture, oui, forcément.

LVP : Est-ce que tu as un rapport spécial à la vulnérabilité, c’est-à-dire est-ce que tu t’octroies d’être vulnérable, ou bien tu essaies de te blinder pour ne pas laisser place à ça ?

Béatrice : C’est une très bonne question, parce que je me la suis souvent posée. Surtout quand on est amoureux. Il y a un truc qui se passe quand on est amoureux, où on devient hyper vulnérable, comme si on était mis à nu et qu’on pouvait vraiment se faire mal. C’est quelque chose qui m’effraie complètement. Je n’aime pas être vulnérable du tout. C’est très dur d’en arriver à briser ma carapace, parce que je me suis quand même fait mal souvent. J’ai un drôle de rapport avec tout ça, je pense que c’est important comme question. Parce qu’il faut se laisser aller, il faut être touché·e par certaines choses. C’est beau, d’une certaine façon, d’être fragile. Mais en même temps, c’est quelque chose qui m’effraie énormément, et je ne suis pas la seule forcément. C’est comme jouer avec le feu. T’as pas envie de te brûler mais (rires).

Il faut se laisser aller, il faut être touché·e par certaines choses.

C’est beau, d’une certaine façon, d’être fragile.

LVP : Tu as pas mal évoqué des patterns quand tu as défendu ton dernier album, ou même en podcast ou en télé. Est-ce que tu as l’impression de trouver, au fur et à mesure, de plus en plus de clés pour tes schémas ?

Béatrice : C’est un travail continuel, tous les jours. Des fois, je me dis « woop je suis en train de sombrer dans un truc que je connais déjà, qu’est-ce que je fais là ? ». J’ai des mécanismes de défense maintenant, qui font que je m’emporte moins, je vois des trucs arriver. J’ai eu une conversation là-dessus avec mon copain, hier. On a eu une conversation où j’ai senti que moi ça allait partir dans un truc. Je me suis retirée. Je me referme deux secondes, puis je réfléchis et ça va passer, en fait. Ça, jamais il y a cinq ans je l’aurais fait. Je serais partie dans un autre truc, je n’aurais pas essayé de comprendre pourquoi ça m’affecte. Je suis davantage là-dedans maintenant : prendre deux secondes pour se refermer et comprendre pourquoi ça vient me chercher. C’est un travail d’une vie.

LVP : Est-ce que ça n’est pas paradoxal, avec l’instantanéité du monde de 2020, surtout dans le relationnel, de pouvoir se retirer d’une situation et de pouvoir décélérer les choses, alors que tout est précisément accéléré ?

Béatrice : C’est le mécanisme “action avant la réflexion”. Souvent, ce que le cerveau va faire, c’est aller vers la réaction primaire et vers ce qui le fait réagir, pour réagir tout de suite. Mais alors qu’il faut, pour démanteler tout ça, prendre le temps et réfléchir. Et après, t’agis. C’est très difficile de faire ça. J’avais écouté pas mal de podcasts là-dessus, parce que justement je voulais savoir comment faire. C’est un travail continuel, même dans la vie de tous les jours. Parfois, t’sais, je suis sur un plateau télé. Ça m’est arrivé il n’y a pas très longtemps, à La Voix. J’ai eu une altercation avec quelqu’un qui m’a called out devant plein de gens, qui m’a juste comme rentré dedans gratuitement. À la place de répondre et de rentrer dans le truc, j’ai fait comme « OK, deux secondes, je vais prendre un moment pour moi réfléchir et puis revenir après par la suite ». Mais c’est très compliqué à faire, et ce n’est pas très humain aussi de faire ça (rires). Culturellement, l’être humain a le réflexe de réagir et rentrer dedans. C’est très dur de ne pas rentrer là-dedans, c’est facile d’être directement dans l’externalisation et dans le « je te dis comment je me sens maintenant ». Alors qu’il faut juste, des fois, se mettre dans la peau de l’autre.

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