Ce 27 septembre, Eosine nous a fait le cadeau de son premier EP, Liminal, le premier projet du groupe de shoegaze liègeois mené par Elena Lacroix.
Après une rapide recherche Ecosia, on comprend pourquoi le quatuor a choisi de nommer son premier projet Liminal. La liminalité, c’est ce qui est presqu’imperceptible, à la limite du sensoriel. C’est aussi un état de transition intermédiaire. Avec cet EP, Eosine nous invite dans un monde entre deux : entre le rêve et l’éveil, entre la nature et la machine, entre l’amour et la haine. Ces thèmes, ce sont le dénominateur commun des textes des quatre titres qui composent Liminal. Quatre titres qui forment un EP hybride, aux multiples influences post-punk et rock indé, qui rappellent des groupes iconiques du shoegaze comme Lush.
Eosine, ce sont donc quatre muscien·nes, qui ont remporté le concours Court-Circuit en 2022 et qui tournent depuis en Belgique et aux Pays-Bas : Elena Lacroix, au chant et à la guitare, Benjamin Franssen à la batterie, Dima Fontaine à la guitare et aux chœurs et Guillaume Van Ngoc à la basse.
Le premier titre de l’EP, UV, commence en douceur. Elena Lacroix nous prend par la main pour une balade au soleil. Accompagné·es par sa voix profonde, on observe les petites douceurs de la vie, on regarde la nature, on fait une cure de vitamine D.
The sweetest dream realize
You’re part of the ones I’m scared of
Lacroix et Fontaine nous offrent une performance vocale bluffante : leurs voix se superposent, leurs harmonies nous font vibrer, en répétant “I’m yours now” avec un rythme soutenu et ponctué des longues notes que tient Lacroix. Ce morceau d’ouverture, rempli de profondeur et de relief, culmine avec un scream puissant de la chanteuse, à l’apothéose du cauchemar qu’elle raconte. La dichotomie rêve-cauchemar reviendra comme thème dans Progeria et Digitaline.
Avec Plant Healing, Eosine nous parle d’amour, avec le très joli duo de voix qui se répondent sur un riff de guitare inspiré du post-punk et un clavier céleste tout droit sorti des années 80. “What a time to be alive” chante Lacroix, enivrée par l’amour. Elle raconte les phéromones, l’envie de partir pour un after en tête-à-tête (si vous voyez ce qu’on veut dire). Pour finir le morceau, la chanteuse nous ravit de d’« aaaah » éthérés sur une basse bondissante. On est plongé·es dans un film : Pocahontas qui sprinte dans la forêt et qui se transforme en aigle, c’est nous, du moins le temps de ce morceau.
Elena Lacroix voit la vie en dorée sur Progeria. Le groupe mélange les genres : la guitare en arpège a un arrière-goût country. C’est doux, enivrant. La voix flottante de la chanteuse se mêle à cette mélodie à la guitare qui donne envie de galoper vers le soleil couchant. Le groupe casse le rythme à maintes reprises, offrant du relief à cette chanson qui finit sur une montée crescendo, la voix de la chanteuse mixée comme un autre instrument, rendant le tout très organique.
Liminal se termine avec l’excellent Digitaline, qui réunit tout ce que Eosine fait de mieux : une chanson structurée par différents rythmes, des mélodies travaillées et efficaces, des voix et des harmonies puissantes mais distantes comme sorties d’un rêve, une guitare dynamique et énergisante, une montée bluffante, une apothéose instrumentale : tout ce qui nous fait rêver de voir Eosine en concert.
Pour entendre Liminal en live, ce sera au Botanique le 24 octobre et au Reflektor le 12 décembre, des concerts qui s’annoncent subjuguants tant l’énergie de ce groupe est débordante sur cet EP.
du genre à twerker sur du Phoebe Bridgers