On s’est plongé dans Les plus beaux matins, le magnifique premier album de Petit Prince
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Auteur·ice : Paul Mougeot
15/10/2020

On s’est plongé dans Les plus beaux matins, le magnifique premier album de Petit Prince

Près d’un an et demi après la sortie de son deuxième EP, Je vous embrasse, Petit Prince s’est prêté en cette rentrée au jeu du format long avec son premier album, Les plus beaux matins. Un disque à la sensibilité exacerbée et à la richesse inouïe, qui constitue une parenthèse de douceur et de tendresse bienvenue au moment où le monde file à 200km/h.

La subtilité du battement de cœur manqué juste avant un baiser. Le plaisir simple de se retrouver entouré de celles et ceux qu’on aime. La tendre mélancolie qui berce immanquablement le départ de la maison. Certains des instants qui fleurissent notre quotidien sont trop fugaces pour qu’on puisse les saisir au vol, ou trop triviaux pour qu’on s’y attarde au premier abord. Parfois, leur intensité nous frappe de plein fouet et nous laisse groggy, bien incapables de mettre les mots justes sur ce que le cœur exprime dans son propre langage. À d’autres moments, c’est la pudeur qui dresse son voile épais entre nous et le monde, nous privant de ce qu’il renferme de plus beau.

En véritable hypersensible, Petit Prince a trouvé la parade pour parvenir à mettre la main sur ces petites étincelles de vie avant qu’elles ne s’éteignent entre ses doigts. Son secret ? Suspendre le temps, l’étirer pour en saisir toute la substance et apprécier enfin à leur juste valeur les merveilles discrètes qui le parcourent. Des souvenirs et des rêves, de jolies histoires, parfois romancées mais toujours pleines de poésie, recueillies avec soin et compilées en un album, Les plus beaux matins, dans lequel on s’est plongé avec délectation en cette rentrée si particulière.

 

 

 

 

Les plus beaux matins est avant tout une aventure domestique qui trouve son décor dans la chaleur moelleuse de notre canapé et sa bande-son dans le doux crépitement d’un feu de cheminée.

Pour cela, pas besoin de parcourir des dizaines de kilomètres : Les plus beaux matins est avant tout une aventure domestique qui trouve son décor dans la chaleur moelleuse de notre canapé et sa bande-son dans le doux crépitement d’un feu de cheminée. C’est dans ce cadre à l’allure familière que Petit Prince campe un univers à la fois poétique et réconfortant, esquissé à petites touches avec une finesse et un luxe de détails fascinants. Là où ses deux EP faisaient office de note d’intention, de promesse alléchante qui demandait néanmoins à être tenue sur la longueur, ce premier album offre l’épatante démonstration d’une musique bien plus affirmée mais aussi plus riche, tant dans les sonorités qu’elle explore que dans les textes qu’elle habille.

Celui qui est également le co-fondateur du génial label Pain Surprises y passe en revue le kaléidoscope de ces émotions qui émaillent nos vies sans qu’on y prête attention et auxquelles il s’attache malicieusement à rendre leurs lettres de noblesse. Entre ses mains, l’oppressante insomnie perd soudainement de sa gravité pour devenir Endors-toi, une berceuse aérienne et sensuelle, quand les angoisses existentielles sont changées sur JSP en une rengaine ludique et entraînante, dont la progression d’accords reste immédiatement en tête.

Car c’est là que réside la grande force de Petit Prince : revêtant ce costume d’alchimiste qu’il affectionne par-dessus tout, le jeune homme allie la science de la mélodie de la pop et la puissance instrumentale du rock pour donner naissance à un disque composé d’autant de morceaux qui portent en eux cette magie intime et délicatement mélancolique. On admirera notamment ce mélange aux accents psychédéliques sur Chien chinois, notre morceau coup de cœur de l’album, qui vibre au rythme de ce combo riff de guitare irrésistible/batterie flamboyante qu’on aime tant. Pour ne rien gâcher, cette candide déclaration d’amour à Joséphine, sa fidèle compagne à quatre pattes, est née – hasard du calendrier – d’une improvisation lors d’une session live organisée par La Vague Parallèle à Bruxelles avec UTO, camarades de label de Petit Prince.

Peu importe d’ailleurs qu’ils soient quadrupèdes ou bipèdes, amis, parents ou amants, les êtres vivants occupent tout l’espace des saynètes qui se jouent dans ce mini-théâtre du quotidien. Taillés dans la même étoffe d’une pop faste et décomplexée, Les amis de mes amis est ainsi une ode à la seule famille qu’on se choisit, alors que Tendresse sur canapé s’immisce dans la routine amoureuse d’un couple pour signer l’un des morceaux les plus réussis de ce premier album. Plus épurés sans pour autant perdre leur capacité à s’emballer au cœur de celui ou celle qui les écoute, Maman 67 ou Clud Med 2002 ou 2003 témoignent tant de l’assurance prise par Petit Prince s’agissant de sa voix que de sa faculté à fédérer autour d’une émotion simple, qui résonnera en chacun·e d’entre nous. Enfin, le disque trouve sa résolution en son morceau éponyme, Les plus beaux matins, un piano-voix à la touchante sobriété dont les quelques notes évanescentes finissent par s’étioler en une pluie d’étoiles qui donne tout son éclat à l’ensemble.

 

 

 

Avec une naïveté non feinte, Petit Prince pose un regard empreint d’un éternel émerveillement sur le monde et sur les trésors qu’il recèle, cachés là, juste sous nos yeux.

 

 

Si les Les plus beaux matins ont trouvé un tel écho en nous, c’est parce que le disque parvient à synchroniser les battements de notre cœur avec ceux de l’univers pour composer la bande-son d’une routine qui s’annonce désormais bien plus belle. Avec une naïveté non feinte, Petit Prince pose un regard empreint d’un éternel émerveillement sur le monde et sur les trésors qu’il recèle, cachés là, juste sous nos yeux. Un geste essentiel, empli d’une sensibilité extraordinaire dont on gardera précieusement les vestiges serrés contre la poitrine, avec une intention bien ferme : chercher le bonheur là où il se trouve et le saisir, sans plus attendre. Pour joindre le geste à la parole, on sera au premier rang lors du retour de Petit Prince sur scène, le 31 octobre dans le cadre du festival des Primeurs de Massy, et le 26 novembre au Café de la Danse.


 

 

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