Le Pukkelpop, c’est une petite fierté nationale, une affiche qui ne déçoit jamais, en quelques mots : un festival de qualité. Cette édition 2023 ne fait pas exception à la règle, entre des têtes d’affiche phénoménales comme Billie Eilish, Angèle ou encore The Killers, de nombreux•ses artistes tout aussi incroyables ont performé sur les huit scènes du Pukkelpop. On a pleuré, on a pogoté, on a hurlé, chanté et on s’est même incrusté•es à un concert secret. Et parce que on ne fait jamais les choses à moitié, on a aussi tout photographié. Voici ce qu’on a aimé au Pukkelpop 2023.
Vendredi
Vendredi, nous avons quitté la grisaille bruxelloise direction Kiewit, contrée flamande bénéficiant de son propre micro-climat ensoleillé. 29 degrés annoncés. Le jean n’était peut-être pas la plus brillante des idées, mais celui-ci ne nous a pas empêché·es de courir vers la scène CLUB pour assister à notre premier show de la journée. Pour notre plus grand plaisir, c’est l’Américaine Ethel Cain qui a ouvert le bal. Sa musique envoutante et son côté mystique nous avait donné l’idée qu’elle arriverait sur scène prête à donner une messe noire dans une longue robe de cérémonie. Que nenni, la chanteuse s’approche du micro en toute simplicité, vêtue d’un jean (comme nous) et d’un t-shirt noir. Mais comme disent les ancien•nes, l’habit ne fait pas le moine. Le concert avait en effet tout d’une incantation mystique au féminin sacré. Dès les premières notes de A House In Nebraska, le public chante en coeur dans l’admiration la plus totale de notre Mother Cain. Sa musique fut d’une puissance insidieuse pendant les 50 minutes de son show. Derrière ses airs très doom metal, l’Américaine semble flotter au-dessus de nous, simples mortels. Elle n’a pas manqué une occasion de descendre dans la foule pour prendre en main les visages couverts de larmes de ses fans amouraché•es. Ethel Cain est sans aucun doute une artiste de talent, ou peut-être juste une magicienne, personne ne le sait vraiment, en tout cas, on était enchanté•es.
Changement d’ambiance et direction la scène Backyard. Tu sais que tu arrives chez les metalleux•ses quand tu vois des types en kilt défiler devant toi. On ne va pas vous mentir, au Backyard, on se sentait presque à la maison. La programmation de cette année n’a pas déçu en termes d’énergie, mais aussi au niveau de l’inclusivité. Cette fois-ci, ce n’est pas un nom, mais l’envie de bouger un peu qui nous a emmené·es au pays du punk et du metal. Un certain Bob Vylan était programmé pour 17h40. “On reste 5 min pour voir si c’est bien et sinon on décale”. Sauf que le groupe n’a pas eu besoin de cinq minutes pour nous convaincre de rester. Bob, le chanteur, commence son set par une petite séance de gymnastique, et la foule convaincue reproduit ses moindres mouvements. On tend les bras vers le ciel, on s’étire, c’est sûr que le set qui nous attend mérite un échauffement. Car le Bobby envoie des punchlines à toute allure.
“Bob Vylan is a band that feels a lot about a lot of things” nous lance le chanteur. À un show de Bob Vylan, on parle autant qu’on fait de la musique. Sur un mélange de punk et de rap, dignes descendants des Rage Against The Machine, il n’épargne personne. On clash Elvis, Charles III (the wife killer), les racistes et les misogynes, bref, on dit les termes. On ne s’attendait pas à une telle énergie punk d’un groupe qui n’a même pas de guitare sur scène. Comme quoi, le punk ce n’est pas juste un style, c’est une énergie, une attitude, une envie de tout casser qu’on transmet à un public aux abois. Ils ne sont que deux sur scène et ont tout emporté sur leur passage. On avait tout de même de la peine pour le signe “No crowd surfing” trônant fièrement à l’avant de la scène. Bien essayé Pukkelpop, mais personne n’empêchera une bande de punk de s’en mettre plein la tronche quand Bobby scande ACAB avec une telle autorité.
Retour au CLUB mais cap sur la lune avec TV Girl. Exposé derrière le band, le visage familier de TV Girl éclairé par des couleurs pastel nous transporte dans cet univers captivant. Une bouteille de rosé à la main, Brad Petering s’avance sur scène avec la même nonchalance qu’un•e Parisien•e bobo qui achète des tomates au marché bio. Il n’a pas daigné retirer ses lunettes de soleil de tout le set. Mais on ne va pas se mentir, il faut être un peu snob pour apprécier Loving Machine tel que le groupe l’a conçu, alors on a vite abandonné notre verre pour lever les bras en l’air et se dandiner sur le rythme du synthé. Vient enfin le séduisant Cigarettes out the Window, en même temps que le coucher de soleil orangé. Il est temps d’aller se chercher un rosé.
Au fur et à mesure que l’on avance dans la soirée, les gros noms défilent et les foules s’intensifient. Le concert de M83 au Marquee était un des plus attendus de la journée. On crève de chaud sous le chapiteau, et la scèno aux allures de vaisseau spatial dans un film des années 90 n’aide pas au tournis futuriste qui nous prend. Le groupe joue un set ininterrompu, comme une longue jam intergalactique, avant de finalement jouer quelques singles, notamment le puissant Midnight City qui aura eu droit à son petit solo de saxophone.
Nous sommes ensuite passé•es par la Main Stage, un peu par hasard, pour voir quelques minutes du set de Yungblud. Verdict : on n’aime pas, mais c’était bien quand même. Il faut avouer que le gamin a de l’énergie. Mais le point culminant de notre journée, le moment qu’on attendait le plus, c’était le set de Boygenius au Marquee.
La tension monte sous le chapiteau. La foule attend avec impatience le supergroup composé de Phoebe Bridgers, Lucy Darcus et Julien Baker. Avant the commencer le set, on a droit à un petit extrait de Thin Lizzy, The Boys Are Back In Town. Nous découvrons ensuite les trois chanter Without You Without Them a capella en backstage sur le grand écran, avant de les voir débarquer sur scène avec une énergie folle pour interpréter $20. L’alchimie qui se dégage des trois musiciennes est incomparable et a pour effet de générer l’admiration totale d’un public convaincu dès les premières notes. Phoebe, Julien et Lucy se partagent la lumière pour briller plus fort et constituent sans aucun doute une des formations les plus inspirantes de la musique actuelle. Quand vient Satanist, la foule en délire ne se retient pas de hurler : “Will you be an anarchist with me, Sleep in cars and kill the bourgeoisie”. C’était l’anniversaire de Phoebe, on aime penser que ça a rendu la soirée encore plus magique. Si la majorité du set était consacrée aux chansons de leur dernier album : Emily I’m Sorry, Cool About It ou encore True Blue, nous avons tout de même eu droit à quelques “oldies” de leur EP. Bite The Hand était incontestablement un des meilleurs moments. La fin du concert approche, mais le meilleur reste à venir. Les chants du public font résonner la puissance de Not Strong Enough. On aperçoit Lucy et Phoebe discrètement déboutonner leurs chemises sur les paroles “Always an angel, never a god” pour finalement nous offrir un aperçu en live de leur court-métrage réalisé par Kristen Stewart. Topless, les deux s’embrassent sur scène pendant que Julien brandit le drapeau lesbien. C’est ce qu’on appelle un bouquet final.
La tête d’affiche du vendredi n’était nulle autre que la chanteuse Billie Eilish. Au vu de l’énorme concentration de personnes autour de la Main Stage, il était plus sage de notre part d’écouter Bad Guy et you should see me in a crown d’un peu plus loin. Il y avait des flammes, des cris, des larmes, ça avait l’air super, mais on ne saurait pas vous l’affirmer parce qu’on n’a pas vu grand chose. On aura également aperçu les Néerlandais Altin Gün pour un petit moment psychédélique au CLUB. Et enfin, notre dernier arrêt pour la soirée, la formation berlinoise Moderat venue expressément pour nous fournir la dose d’électrochoc qu’il nous fallait pour terminer cette soirée en beauté. La nuit ne fait que commencer pour celles et ceux qui ne se couchent pas. Dans notre cas, vivre l’expérience Live de A New Error nous a suffit. Il était temps de rentrer à la maison.
Samedi
La journée du samedi n’était pas des plus reposantes. En plus d’un programme déjà très chargé : Foushée, Turnstile, Steve Lacy, on a également décidé de s’incruster à un show secret de Nothing But Thieves. Après notre aventure en backstage, retour à la scène CLUB pour découvrir le show de l’Américaine Fousheé. Parmi toute les rockstars présentes ce jour-là, Fousheé est peut-être la plus authentique de toutes. En plus d’une énergie impressionnante, la chanteuse bouge sur scène avec un style à faire pâlir les plus grand•es. Toute de cuir vêtue, elle passe du grunge à la soul avec une facilité incomparable et ne s’interdit rien. Sa palette vocale ne laisse personne indifférent•e, elle monte dans les aigus comme Minnie Ripperton en personne avec l’attitude d’une Joan Jett circa 1988. En plus de ses titres les plus connus comme Deep End ou Spend The Money, le public a eu droit à une nouvelle chanson. Le show se termine en beauté avec des expérimentations vocales et une instru en feu d’artifices.
Temps pour nous d’enfin découvrir le show burlesque de Jessie Ware au Marquee. Ambiance torride sous le chapiteau et il n’est que quatre heures de l’après-midi. Pourtant, c’est plutôt au monde de la nuit qu’appartient l’univers de la chanteuse anglaise. Armée de deux danseurs et quatre choristes, l’interprète de Free Yourself nous a donné une vraie leçon de disco, à l’exception de quelques titres plus vieux. On aura même eu droit à une reprise de Cher, de quoi convaincre les dernier•es sceptiques, si il en restait.
Retour au Backyard pour apercevoir quelques minutes de Pinkshift . On a adoré pourvoir hurler “If you don’t come back, at least I’ve got nothing to lose”, les paroles du phénoménal I’m Gonna Tell My Therapist On You. Ensuite, direction la Main Stage qui se trouve juste derrière nous pour enfin découvrir le live de Turnstile.
Le concert de Turnstile est probablement un des shows qu’on attendait avec le plus d’impatience. Pour les moshpits, pogo et autres festivités qui s’annonçaient prometteuses, mais aussi pour enfin pouvoir ressentir en live la puissance de ce groupe bientôt mythique. Les cinq se placent sur scène sur les petites notes du début de Mystery. La guitare se lance et les vraies choses commencent. Dans le public, ça grouille, ça chauffe, Brendan Yates nous tend le micro et on chante le refrain sur le solo de basse de Franz Lyons. En plus des titres de leur dernier album Glow On, le groupe a également interprété quelques sons plus vieux comme Blue By You et Real Thing. On aura également eu droit à un magnifique solo de batterie de plusieurs minutes de la part de Daniel Fang. Blackout était certainement un des points culminants du show, mais c’est le grand final qui a achevé tout le monde. Après avoir demandé à ce que chaque personne porte un•e ami•e sur ses épaules, ils ont balancé le génial TLC. Tout est bien qui finit bien, dans le plus grand des bordels.
Il était temps à présent de retrouver Nothing But Thieves, pour un show un peu moins secret que celui du matin. Encore une fois, on surchauffait sous le chapiteau du Marquee, mais on oublie vite ces tracas dès les premières notes de Welcome to the DCC. Pour cette tournée, on voit que le groupe a vraiment mis un point d’honneur à la scénographie pour rester dans la continuité de leur album. Les cinq dégagent une énergie folle, qui s’intensifie au fur et à mesure que la foule chante à tue-tête. La set-list oscillait entre du très vieux comme Trip Switch et du très nouveau, sans pour autant dévoiler l’intégralité du nouvel album, de quoi nous donner envie de retourner les voir à Anvers en février. Ils terminent en beauté avec l’explosif Unperson, avant de sortir de scène. Mais les vrai•es savent qu’il ne fait pas quitter un show de Nothing But Thieves sans avoir entendu Amsterdam, car le groupe revient toujours pour un rappel.
Le coucher de soleil donne lieu à un beau ciel orangé. Si il y a bien un groupe qu’on ne s’attendait pas à retrouver sur une plaine de festival, c’est Limp Bizkit. Qu’on apprécie ou pas ce vestige de la fin des années 90, il faut avouer qu’ils sont quand même marrants. Alors que le guitariste s’amène fagoté d’un déguisement comme à son habitude, Fred Durst, qui a désormais échangé son goatee contre une barbe blanche demande à la foule “qui est venu avec ses grands-parents ?”. Blague d’autant plus drôle lorsque le matin-même votre père vous sort : “oooh tu vas voir Limp Bizkit, trop bien ! ” On a quand même passé un bon moment, ils ont joué leurs classiques et ont terminé par le fameux Break Stuff. Heureusement pour nous, pas de remake de Woodstock 99.
Retour au Marquee pour découvrir Joji. L’interprète de Glimpse Of Us a conquis le public belge avec une performance live qui nous a semblé quelque peu bipolaire. Entre ses chansons tristes et douces, le chanteur et son pote ne rataient pas une occasion de faire une blague ou de jouer lascivement avec le micro. Malgré sa nouvelle image d’amoureux transi, son passé de YouTuber n’est pas bien loin. On a essayé de s’immerger complètement dans cette ambiance délicate, difficile quand on réalise qu’on se trouve face au créateur du Harlem Shake. L’atmosphère décontractée n’enlevait rien à ses prestations vocales maitrisées à la perfection, le tout opérant dans une belle scénographie lumineuse. Un rebranding bien réussi.
Des rayons de lumière rouge surgissent de la scène CLUB jusque dans le crépuscule de la nuit. C’est Florence Shaw, aka the real Wednesday Adams et le groupe Dry Cleaning qui nous offrent un moment post-punk. Sa nonchalance et sa voix monotone ont l’effet de transformer le public en zombies électrifiés se déhanchant au rythme de la basse. Les paupières s’abaissent et les torses se bombent au rythme du tempo. Notre terminus pour cette journée forte en rock’n’roll est nul autre que le grand Steve Lacy. Derrière son majestueux décor coloré se cachent des musicien•es, en retrait face à l’artiste qui impose sa grandeur devant un public électrifié. Il commence son set avec quelques titres de son dernier album Gemini Rights, démarre avec Static, puis enchaine avec Helmet et Give You The World. Si le set est indéniablement travaillé à la perfection, on ne pouvait pas s’empêcher de se demander si le chanteur était de mauvais poil ce soir-là. À tel point qu’il a du préciser ” I just want you to know, I don’t hate my fans, I really love you guys.” juste après avoir demandé à celles et ceux qui ne connaissaient que Bad Habits (chanson qui l’a propulsé sur le devant de la scène) d’aller se faire voir. On préférait quand tu avais un peu moins la grosse tête Stevie.
Dimanche
Notre programme était un peu plus léger en cette dernière journée, la fatigue commence à peser, même si au fond, on n’a pas vraiment envie de retourner à la réalité. Premier stop au Marquee pour écouter quelques titres du groupe Mother Mother et puis direction le Backyard ou nous établirons notre campement pour la majorité de la journée. Les Destroy Boys ont inauguré la scène avec un set à la hauteur de leur band name. En même temps avec des chansons comme I Threw Glass at My Friend’s Eyes and Now I’m on Probation, on n’en attendait pas moins. La chanteuse Alexia Roditi ne rate pas une occasion de nous rappeler que c’est ok de dire “shut up” à un mec et ce moment de feminine rage partagé fait du bien au moral. Comme annoncé sur leur Instagram, le set s’est malheureusement terminé un peu plus tôt que prévu pour cause de fatigue. On les comprend, se battre contre le patriarcat, c’est épuisant. Ensuite, c’est au tour de Girl in Red de nous éblouir par son talent. La jeune Norvégienne n’a pas attendu la deuxième chanson pour prendre un petit bain de foule dans le public. Et on peut dire que le plaisir était partagé des deux côtés. L’atmosphère était légère et l’énergie au rendez-vous. De la tendresse émanait de tous les côtés, l’hymne queer girls était un grand moment de communion, tout comme le poignant i wanna be your girlfriend sur lequel elle a terminé.
Le concert de Kenny Hoopla était également sur notre liste des artistes à ne pas manquer et on a pas été déçu•es. Et comme pour une bonne partie de nos coups de cœur de cette édition, la fête avait lieu au Backyard. Dans la poussière et la sueur, Kenneth La’ron motive les troupes pour un dernier effort. Les pogos se font presque sans interruption sur ce pop punk de skateur inspiration 2000. L’énergie est dingue, la guitariste met le feu et le batteur aussi. Impossible de suivre le chanteur du regard tant il court dans tous les sens sur scène. Il saute, se casse la gueule, plonge dans la foule, fait un salto arrière depuis la grosse caisse, tout ça en chantant. Il a terminé par how will i rest in peace if i’m buried by a highway? avant de quitter la scène avec une petite moue indescriptible.
Qui dit Australie et discographie kilométrique, dit King Gizzard And The Lizard Wizard. On pourrait presque parler d’une formation prétentieuse et pourtant, la concentration de coupe mulet qui se présente sur scène nous fait dire le contraire. Comme on pouvait s’y attendre, tout est coloré, psyché, décontracté mais millimétré. Les images qui défilent derrière eux sont par moment incompressibles, par moment hilarantes. Dignes, à la fois des grands noms du jazz et des plus valeureux•ses punk, le tout glisse dans nos oreilles avec facilité et volupté.
Un portail vers le passé s’est ouvert ce jour-là sur la Main Stage. Mackelmore est revenu parmi nous. Saviez-vous qu’il avait sorti un album en 2023 ? Non ? Bah lui non plus apparemment. Comme sa set-list, l’artiste est resté coincé dans les années 2010, époque du fluo, des LMFAO. L’an 2013, quand c’était encore “cool” d’avoir des danseuses qui font du twerk à quatre pattes. On s’est bien amusé•es sur Can’t Hold Us, mais c’est tout. Avant de partir, il était nécessaire que nous endommagions nos vertèbres une dernière fois au Backyard pour Knocked Loose. Puissant, violent, le genre de groupe hard core qui gratte là où ça démange. Le petit wall of death qui a opéré au milieu du public nous a rappelé nos années folles et donné la petite dose de punch nécessaire pour terminer la soirée. Ce soir-là, nous aurions dû admirer la grande Florence + the Machine, suite à des complications médicales, notre hippie queen a été contrainte d’annuler. Les belges Balthazar ont pris le relais, et ça ne nous a pas fâché•es d’entendre Decency résonner à pleine puissance sur la plaine de Kiewiet. Temps pour nous de rentrer à la maison après trois jours d’amour, de musique et de bières fraiches. Merci Hasselt, tu vas nous manquer, mais on se revoit l’année prochaine ! © Melissa Fauve
Ma playlist est aussi bipolaire que moi. J’aime le metal, le sang et les boyaux, tant que ça reste vegan.