On y était : l’hallucinant piano-voix de Mathilde Fernandez au Botanique
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
19/02/2021

On y était : l’hallucinant piano-voix de Mathilde Fernandez au Botanique

Dans le cadre de la Semaine de la Musique Belge, la salle du Botanique de Bruxelles recevait récemment les pépites de la scène noir jaune rouge à se produire au cours de livestreams retransmis sur nos réseaux sociaux préférés, covid oblige. Parmi elleux : Mathilde Fernandez, son univers déjanté et sa voix céleste. La moitié de l’exubérant duo ascendant vierge – à qui on fait des grands cœurs avec les mains – a offert une interprétation piano-voix saisissante de ses pépites moitié pop, moitié lyrique. Moitié Mylène Farmer, moitié Kate Bush. On en frissonne encore. 

C’est depuis l’antre du Grand Salon du Botanique qu’est captée la prestation. Un endroit de choix, d’ordinaire réservé aux expositions mais qui met régulièrement son atmosphère grave et poétique au service de concerts inédits. De ses colonnes gothiques au jeu de lumière sanglant emprunté, le décor semble corroborer fidèlement l’esprit Mathilde Fernandez : élégant, surréaliste et obscur. À quelques minutes du stream, de son sourire hautement contagieux, la vedette du soir détend l’atmosphère pour le moins déstabilisante de cette nouvelle façon de vivre le live, entre solitude, gestes barrières et distanciations plurielles.

© Photo : Giulia Simonetti

Personnage iconoclaste, la chanteuse joue de son image pour nous raconter des histoires. Ficelé par la visionnaire styliste française (basée à Bruxelles) Loubna Ouaqqa, le style sélectionné pour cette prestation semble réunir les deux univers musicaux de Mathilde Fernandez. L’infini tulle noir transparent à l’esprit aulique nous rattache alors à son projet solo bercé de lyrique, tandis que son justaucorps futuriste et coloré nous plonge dans l’extravagance d’ascendant vierge. À cela s’ajoute une coupe de cheveux pour le moins conceptuelle : longues tombées gaufrées couleur carmélite surplombées d’une frange à l’effet split et aux pointes fuselées peroxydées. Une véritable expérience visuelle à elle toute seule.

Attention, ça tourne. D’entrée de jeu, sur le titre Amérique issu de son projet Final Vegas, l’artiste va clarifier une chose : que du plaisir. Le plaisir de faire voler ses notes de piano, d’élancer sa voix en crescendo jusqu’à frôler des aigus stridents. Reine d’un storytelling grinçant, on boit avec ébahissement les mots de Mathilde Fernandez à travers ses nombreuses histoires incongrues dépeintes avec malice et poésie. Comme celle de ce sexe grand comme le ciel, de sa fugue tout au fond de l’Oubliette ou encore de cet étourdissant voyage à la rencontre de Cicciolina, elle qui voulait être une égérie aux États-Unis mais qui terminera star de la pornographie en Italie. On vous prévient : vous n’en sortirez pas indemnes – et c’est une bonne chose.

© Photo : Giulia Simonetti

Sur son interprétation de Faire et Refaire – issu du premier EP d’ascendant vierge – elle troque les boîtes à sons et les kicks frénétiques de Paul Seul contre une configuration plus dénudée, mais pas moins efficace. De ses vocalises impossibles mêlées aux grondements de son piano, elle parvient ainsi à nous procurer une fièvre comparable à celle de la version électronique. Indéniablement le moment clé de la soirée.

Elle sera les 7 (complet) et 8 septembre prochains au Petit Bain à Paris accompagnée de Paul Seul pour présenter Vierge, le premier EP du duo électro-lyrique le plus effervescent du moment. D’ici là, offrez une rave à vos cœurs avec le livestream solo de Mathilde Fernandez ci-dessous ou via la page Facebook du Botanique.