Own est de ces artistes qui aiment profondément la musique et qui lui font honneur. Son EP Ever Talk, ode à la mélodie, nous parle d’amour avec simplicité et chemine dans la réflexion qu’amène le regard de l’autre sur soi. Il s’agit d’un projet musical tant vivant qu’introspectif, porteur d’une nostalgie heureuse s’entremêlant avec douceur à un cynisme réconfortant. Own nous balade dans des ambiances sonores aiguisées et débordantes de générosité qui sauront sans aucun doute devenir le paysage sonore de l’été, à commencer par ce week-end à Cabourg pour un concert à ne pas louper. Nous vous invitons donc à la rencontre d’Arthur Lacroix, aka Own, pour un moment joyeux et privilégié, où il nous raconte sa vocation pour la musique et nous amène à comprendre le pourquoi du comment nous sommes passionné·es par la sienne.
La Vague Parallèle : On se rencontre après la sortie de ton EP, Ever Talk, qu’on a énormément aimé à la rédaction, comment tu te sens ?
Own : Merci. Eh bien c’est marrant parce qu’on a composé et fini les premières versions des chansons en mai dernier et on les a testées sur scène dans la foulée, pendant un an du coup. Donc j’avais qu’une hâte, c’était la sortie.
LVP : Un an de rodage ?
Own : Oui (rires). J’ai composé l’EP avec Ilan Rabaté, qui l’a produit et que je connais depuis toujours. On est partis ensemble une semaine à la montagne pour faire ce disque et on partait chacun en tournée ensuite. Ilan avec 47Ter et moi pour Own en parallèle. On a continué de s’envoyer des trucs pendant nos deux tournées, lui, produisait dans le tourbus avec 47Ter pendant qu’on essayait les nouvelles versions des morceaux en live simultanément avec le groupe. On a pris le temps et on s’est fait kiffer, on est allés plus loin que d’habitude donc c’est cool. La scène nous a permis de bien prendre le temps de peaufiner chaque morceau, mais c’était étrange aussi, parce qu’ils n’existaient pas en dehors du live. Donc j’avais vraiment qu’une hâte, c’était la sortie.
LVP : Et comment as-tu vécu la sortie après un an d’attente ?
Own : J’ai dormi pendant quatre semaines (rires). Le retour du public a vachement aidé l’attente. Je suis content car c’était dans la continuité du truc où tout s’effectue entre potes, sauf que tu rajoutes à ça les événements qui sont passés l’année dernière, comme les iNOUïS ou le MaMA, Beauregard. C’est la première fois qu’on reste dans ce truc de potes mais avec une pression plus grande que d’habitude quand même, car il y a une attente.
LVP : Il s’agit de ta première interview pour la rédaction, comment est-ce que tu présenterais ton projet avec tes propres mots ?
Own : Alors, c’est un projet solo avec quinze potes dedans. C’est de l’indie pop en anglais et je pense que ça s’écoute sur la plage l’été comme un dimanche sous la pluie.
© Clément Bailleul
LVP : Ton EP a pour thématique centrale la communication et chaque morceau traite ce thème autour de différents questionnements. L’objet final est hyper cohérent, musicalement tant que dans le propos, mais est ce que c’était aussi évident qu’il n’y paraît ?
Own : Non, pas du tout. Je pense que ce qui a lancé le projet, c’est le fait que j’ai bougé du sud vers la Normandie. Pendant un an je n’ai pas fait de son, à part la dernière chanson A Crush on You, qui était donc la seule chanson composée depuis mon arrivée en Normandie. J’ai mis du temps à recomposer de nouvelles choses quand je suis arrivé ici. Je n’avais plus tellement envie, j’étais en train de littéralement changer de vie. J’avais pris un taf à côté et je restructurais ma nouvelle vie. L’année dernière, on s’est inscrits aux iNOUïS et le fait d’être de nouveau en concert m’a reboosté. À la suite des iNOUïS, j’ai tenté de nouveaux trucs et je me suis aperçu que malgré le temps, je n’arrivais toujours pas vraiment à communiquer quand ça n’allait pas, que je garde trop tout dans ma tête jusqu’à ce que ça éclate. Et puis sans réaliser, toutes les deux ou trois lignes que j’écrivais, j’en parlais. C’était au moment où je n’avais pas eu l’impression d’avoir de nouvelles choses à dire et d’un coup ça a fusé comme si je devais soudainement raconter mes deux dernières années où je ne faisais plus de musique. De là, c’est allé assez vite.
LVP : Tu as le sentiment que ça t’a aidé ?
Own : Clairement, je pense que j’ai mis des mots sur des sentiments que je n’arrive pas spécialement à éclaircir dans ma vie privée. Je compose seul donc ce sont des conversations avec soi-même où on s’exprime sans interruption, sans interprétation, sans regard extérieur, et tout sort. En faisant cet EP, j’ai évoqué des choses importantes pour moi et je dirais que ce sentiment-là est encore plus présent depuis le moment de la sortie. Parce que même si j’ai joué ces morceaux en concert, les gens les entendent une fois et c’est tout, donc ça me donnait l’impression de les garder pour moi.
LVP : Et puis parfois dans la manière dont tu chantes, tu sembles cacher les mots aussi.
Own : Je chante un peu comme un petit con en vrai (rires)…
LVP : C’est plutôt que tu sembles mettre toutes les mélodies, instruments et voix, au même niveau, comme si les deux dialoguaient, ce qui est super agréable à l’écoute mais peut distraire du propos…
Own : Oui, je sais que la voix est censée prendre la place de lead mais ce que j’aime faire, ce sont des sons que tu peux écouter sur la plage l’été dans un bon mood alors que le texte en lui-même ne parle pas forcément de choses joyeuses. J’aime travailler ce contraste entre les deux et donc, que l’un ne prenne pas toute la place sur l’autre.
LVP : Et l’écriture et les textes, ils sont importants pour toi ?
Own : Bizarrement oui, pour moi ça l’est. En soi j’écris pas beaucoup dans ma vie, j’adore parler (rires), mais j’écris pas tant que ça et je lis pas tellement non plus. Mais j’aime beaucoup le fait de pouvoir tout dire en peu de mots, ce fameux moment où tu dis une phrase et quelqu’un te dit que « t’as tout dit », c’est une énorme sensation. Pour moi, l’écriture c’est vraiment ce truc qui m’aide à mettre des mots sur des sentiments. Je ne travaille pas trop mes textes en réalité, j’écris et une fois que c’est cool, que ça rime, que j’ai dit ce que je voulais dire sans faire de concessions, alors je suis content et je me demande pas tellement ce que les gens vont comprendre.
LVP : Et la mélodie, tu la considères comment dans la lecture de ton morceau ? Tu parles de choses qui te tiennent à cœur donc qui pourraient être lourdes…
Own : Quand j’écris, involontairement, c’est un poids en moins pour moi, mais j’ai absolument pas envie que ce soit quelque chose de lourd à écouter. À mes yeux, le top du top du top, c’est que quelqu’un ne comprenne rien à ce que je dis, mais qu’il ou elle danse dessus parce que la musique est cool. Ça me va très très bien. Je n’ai pas tellement envie qu’on ressente le fait que je parle d’un truc qui est hyper sérieux pour moi. Je préfère l’idée de quelqu’un qui écoute juste comme ça et qui met le morceau dans sa playlist de « trucs cools », c’est pas du Radiohead à écouter dans le noir quoi (rires).
LVP : C’est intentionnel ?
Own : Non c’est hyper instinctif.
© Florian Puech
LVP : Par rapport à ce que tu dis « en une phrase, réussir à tout exprimer », ça évoque beaucoup ta musicalité, qui dirige le propos vers une sorte de nostalgie heureuse. Elle prend position face au sujet et exprime énormément, utilisant presque la musique comme un lieu de prise de recul. Tu penses que les mots sont nécessaires pour exprimer un sentiment en musique ? Ou que la musique, sans paroles, a ce pouvoir-là ?
Own : Oui carrément. La mélodie est le plus important pour moi, c’est ce sur quoi je passe le plus de temps d’ailleurs, lors de la composition. Je peux vraiment composer une mélodie, la jouer pendant quatre heures, sans jamais l’enregistrer pour autant. C’est ce qui me fait du bien dans la musique. Sans cette note de synthé et certaines mélodies qui apparaissent par-ci par-là, les textes n’auraient pas le même sens. Effectivement, je pense que tout ça ressort grâce aux arrangements. Et en réalité, il y a des chansons que j’adore depuis des années et je ne sais toujours pas de quoi le mec parle. Donc je pense que j’aimerais que ça puisse être valable pour moi sans les paroles. Ce serait fou de tout transmettre par les arrangements.
LVP : Vous passez du temps sur les arrangements ?
Arthur : Carrément, avec Ilan on a justement beaucoup bossé sur les ambiances des morceaux, pour faire en sorte que les bons éléments tombent au bon moment. Celui dont je suis le plus fier, c’est Slow Motion car une vraie couleur s’en dégage. Et maintenant que j’y pense, c’est justement car je trouve qu’on a réussi à créer ce lien là entre la texture sonore et le texte. Le plus important est que la musique accompagne réellement le texte. Il y a un côté où initialement, je chante parce qu’il faut des paroles. Et puis une fois que je me mets dedans, j’adore. Quoi qu’on en dise c’est vachement important parce que les mots traduisent quelque chose que tout le monde comprend et ajoute un degré de lecture.
LVP : Mais tu chantes en anglais…
Own : Oui (rires). Mais je chante en français en ce moment. Le fait de chanter en anglais n’était jamais vraiment un choix, c’est juste parce que j’écoutais de l’anglais. Je n’avais jamais chanté avant le projet Own, donc instinctivement je me suis mis à chanter en anglais. À l’époque, je n’avais aucune culture en musique française, mais je suis en train de m’y mettre et en fait j’adore ça. Et il y a de plus en plus de sons en français que j’aime beaucoup. Pour être honnête, j’ai vraiment commencé à écouter du français en découvrant des artistes français aux iNOUïS.
LVP : Tu es passé de ne pas aimer parler de toi, à écrire un EP qui parle de toi en anglais, à maintenant écrire en français ? Ce sont de grands bouleversements.
Own : Oui c’est étrange, mais je suis en train de trouver quelque chose dans l’écriture qui me fait kiffer. Dans l’autodérision toujours, certes, mais je commence à bien aimer faire ça. J’aimerais bien sortir un truc en français cette année mais il ne faut pas que je m’avance trop.
© Florian Puech
LVP : Et dans ton processus personnel de composition, tu travailles comment ?
Own : Je fonctionne vraiment avec des boucles d’instru qui, à force d’être répétées en fond, vont m’amener à poser des percu, des claviers, des chœurs et puis des paroles dessus. J’aimerais beaucoup essayer l’inverse par contre, commencer par un guitare-voix.
LVP : À quel moment intègres-tu Ilan à la boucle ?
Own : Je demande beaucoup l’avis de mes potes avant – de tous mes potes, musiciens ou non, c’est ça qu’on appelle le FC Own (rires). Ensuite j’envoie à Ilan oui, et il met de l’ordre dans toutes mes idées au travers des arrangements. En général on se met une deadline pour finir nos projets et on part à la montagne. Ça nous permet d’avoir la tête vide et de penser qu’à notre musique à tous les deux. Cette fois-là, j’avais quatre maquettes en arrivant, que je lui ai montrées, on en a fait deux autres, et on avait un EP.
LVP : Vous composez aussi en binôme ?
Own : C’était la première fois ! Généralement, j’enregistre une guitare et Ilan met son casque. Quand il met son casque, je comprends qu’il revient dans six heures et que c’est bon signe (rires). Pendant ce temps-là, je commence à écrire des textes de mon côté. Mais pour la première fois sur cet EP, on a composé deux morceaux entièrement ensemble, Slow Motion et First Fight. J’ai commencé à faire des guitares pendant que lui faisait les batteries sur mes guitares en synchro sur l’ordi, c’était génial.
LVP : Faisons un focus sur le morceau First Fight, il se place au centre de ton EP, comment tu l’as pensé ?
Own : Ce morceau décrit clairement la première dispute amoureuse d’un couple. Ce jour où tu découvres que t’es capable de bouder la personne. En termes d’image, c’est vraiment comme deux personnes qui se boudent d’un côté à l’autre du lit. Typiquement, c’est parti d’une guitare que j’ai laissée à Ilan qui y a associé des batteries. Après ça j’ai commencé à écrire dessus et à y ajouter des dizaines de chœurs comme d’habitude. Ça lui a donné une certaine couleur. D’ailleurs, je le vois vachement de couleur jaune ce morceau. Je trouve que c’est l’instru et la mélodie qui lui donnent sa couleur, ça rejoint tout ce qu’on s’est dit, parce que le texte est assez froid finalement.
LVP : Oui il définit bien ce morceau par lequel tu te laisses bercer, qui fait voyager l’esprit et soudainement lors d’une énième écoute, tu captes le propos.
Own : Et A Pizza For Two, tu captes que ça parlait de pizza du coup ? (rires)
LVP : Justement, en parlant de A Pizza For Two, ce morceau a un arrangement qui te caractérise parfaitement, dans ses rythmiques d’intro, qui rappellent d’ailleurs un peu Broken Heart / Pop Song Night Club, il y avait une évocation ou pas du tout ?
Own : Alors non, mais c’est le genre de rythmique que j’aime faire et fais assez instinctivement. J’adore les gimmicks, c’est un peu comme ça. Par contre, bizarrement, Pizza, elle date énormément et je l’ai faite en même temps que Broken Heart. J’avais fait une démo qui était absolument inaudible pendant la période de confinement. Et puis deux ans plus tard, je l’ai montrée à Ilan et il était super enthousiaste. Au début, je ne le croyais pas du tout mais je lui ai dit que j’étais chaud pour tenter de la travailler quand même. On a vraiment tout retapé sur ce morceau. J’ai réécouté la première version d’ailleurs, c’était terrible (rires).
LVP : Ça prend sens parce que ce morceau est un peu catalyseur d’une signature que tu as naturellement à la guitare et capte en plus l’univers musical de ce projet en particulier, avec une esthétique musicale solaire et généreuse. D’où penses-tu que te vient cette sonorité ?
Own : Alors déjà, j’écoute énormément de musique. J’ai capté il y a pas longtemps que j’en écoutais plus que la moyenne (rires). J’ai aussi beaucoup travaillé et prêté d’importance à mon son de guitare. Dans le processus aussi, quand on se retrouve avec Ilan, avant de faire du son ou de parler de quoi que ce soit, on passe juste une heure à se faire écouter des sons. C’est aussi pour cet aspect que je collabore avec lui, je pense qu’on a créé un processus de création qui marche bien pour nous deux et qui a fait sonner ce projet. Après techniquement, on a beaucoup approfondi les sons qu’on aime. Ilan a vraiment joué un rôle déterminant dans les synthés, moi plus dans les guitares. On va chacun plus loin de notre côté, il y a une vraie évolution commune. C’est aussi un mec à qui je fais énormément confiance, il y a vraiment des mélodies qui ne seraient pas sur l’EP s’il ne m’avait pas dit « celle-là on la garde ». On était hyper complémentaires dans ce projet.
LVP : Tu es musicien à la base ?
Own : Yes, j’ai commencé la guitare à l’âge de cinq ans. Avant Own, j’étais surtout un guitariste « technique ». Une fois que je me suis mis à chanter, sans faire la rockstar, je me suis dit qu’il fallait que je me mette un peu à tout pour connaître les éléments et pouvoir m’enregistrer. La musique est la seule chose sur laquelle je peux passer des heures. J’ai une capacité de concentration qui est extrêmement minimale. Mais par contre, dès qu’il s’agit de musique, il n’y a pas de souci. Et c’est un des rares trucs qui me passionne vraiment.
LVP : Tes mélodies ressemblent à des influences que tu as ?
Own : Peut-être un peu dans la production, dans les sons de guitare, ce genre de trucs. Par exemple, pour les sons de batterie, on écoutait énormément Dayglow. J’écoutais beaucoup de Foals aussi, c’est un groupe qui a changé ma manière de faire les guitares. Dans l’énergie, ils m’ont appris sur ce que peut dégager un simple arrangement basse-batterie, et à quel point ces deux instruments peuvent tout mettre en contexte et ce que ça peut induire. Donc c’est pas un critère parce que je n’y réfléchis pas mais si je fais une liste de groupes qui m’ont vraiment influencé, ce sont les gens qui ont cette faculté à créer une ambiance cohérente avec les bons ornements, aux bons moments, comme on disait juste avant finalement. C’est comme les détails d’une histoire, qui décuple le côté sensible, c’est tout ce que je kiffe dans la musique en générale. Par exemple, un album comme A.M. d’Arctic Monkeys, c’est un album qui sent le sexe avant même que Alex Turner ouvre la bouche. Ils sont trop forts là-dedans, pour planter le décor avec les instruments. C’est ce que j’aime dans la musique.
© Ilan Rabaté
LVP : En ce moment, tu écoutes plutôt quoi du coup ?
Own : Dernièrement beaucoup de chansons portugaises et brésiliennes, beaucoup de rap français aussi. En ce moment précisément, je suis à la recherche de ce que j’aime dans les bails français de la scène émergente. Comme je te disais, au début c’était compliqué, je ne m’y connaissais vraiment pas mais une fois que j’ai fait ma première chanson en français, je me suis mis à chercher des références, dans la scène actuelle, afin de me nourrir d’autre chose que de l’anglais.
LVP : Donc au début c’était un effort ?
Own : Oui, au début c’était dur, j’ai même fait une playlist que j’avais appelée « références de France » qui avait pour but de regrouper des titres français que j’aimais bien et qui, sans m’en rendre compte, en une semaine était remplie d’une dizaine de morceaux anglais (rires)… Mais j’ai découvert plein de super artistes comme nelick, Zed Yun Pavarotti, Zéphir, Johnny Jane, Nerlov…
LVP : Au-delà de la musique, est ce que tu as eu des influences qui t’ont nourri pendant l’écriture de l’album ?
Own : Ça va sonner « cucul » mais ma copine a fait un mémoire au même moment. Il porte sur beaucoup de choses mais parle notamment du fait d’apprendre à laisser mûrir une chose avant de l’exercer. Elle est plasticienne et fait de la sculpture donc elle liait ce processus à la digestion, le titre c’était « Je suis une vache à trois estomacs » (rires). Ça m’a fait réfléchir sur le fait de me dire que je ne suis pas obligé d’aller dans le studio si je n’ai pas envie de faire du son et ça m’a fait développer une nouvelle perspective, qui est de me dire que d’écouter du son, par exemple, me nourrit tout autant mais différemment.
LVP : Ça boucle bien ce que tu disais dans la manière de finir par se poser en dehors des regards, de se déconnecter et de prendre le temps…
Own : Dans le domaine artistique, il n’y a pas de règle à suivre. C’est à moi de prendre un peu de temps pour faire mûrir des projets et de savoir les mener à bien plus tard aussi. Typiquement A Crush on You, c’est un morceau avec des connotations jazz, et j’ai pris le temps d’en faire un challenge. C’est venu du morceau de Jaden Smith avec Justin Bieber, Falling For You with Justin Bieber, j’aimais beaucoup le fait que cette basse et cette batterie sonnent très jazz et que leur voix soient traitées comme des pop stars avec de l’autotune. Le défi pour A Crush On You allait dans cette direction d’une chanson qui sonne très pop et organique en même temps.
LVP : Ça marche en effet très bien.
Own : Sinon, Wes Anderson en période de composition, c’est toujours un délire (rires). Ça a surtout été la période en elle-même, là où j’étais à ce moment précis, le fait d’être à la montagne, de sortir des iNOUïS du Printemps de Bourges aussi, avec l’énergie de tous les artistes que j’ai rencontrés. L’influence principale c’était l’humain et le cadre finalement…
LVP : La scène semble avoir nourri la genèse du projet. Quel est ton rapport au live ?
Own : C’est vrai que c’était assez fou de composer les morceaux et de les jouer directement après sur scène mais c’était très cool. Je n’aimais pas du tout la scène avant. Et une fois arrivé en Normandie, j’ai réduit le nombre de personnes sur scène pour que ça puisse sonner comme on l’a bossé en studio. J’avais rencontré Axel, mon batteur, avant le confinement et on n’avait fait qu’un concert. Quand on a repris les concerts avec le groupe pour les auditions des iNOUïS, l’année dernière, on a retapé tout le truc avec une vraie session live sur ordi et c’était incroyable. On a fait toute la tournée à deux et à partir du MaMA, on a rajouté un bassiste, Joseph et sommes devenus un trio.
LVP : Tu appréhendes ton set comme un truc carré-travaillé-précis ou un espace plus libre et spontané ?
Own : Ce que j’aime bien sur ce set, c’est l’entre-deux. En réalité, la partie ordi est archi carrée. On a fait un vrai taf de fond, Ilan est venu faire une résidence pour reproduire toutes les séquences et que ça sonne bien en live. Tout a été millimétré pour le live. Mais en même temps, le fait d’être avec mes copains sur scène, il y a toujours ce côté de « on verra ce qu’on fait le jour J ».
LVP : Donc tu as appris à aimer la scène ?
Own : Oui j’adore. Le fait d’avoir fait un grand taf en amont a changé toute la dynamique. Pour que je kiffe sur scène, il faut vraiment que je sache que j’aime ce que les gens entendent. L’année dernière il y a eu une date en particulier, à l’Art Sonic. À la fin de ce set, je me suis dit que j’avais envie de faire ça tous les étés de toute ma vie. C’était une grosse date avec énormément de monde et les gens étaient en folie. Je ne sais pas comment ça s’est fait. On remplaçait un groupe à la dernière minute. Avec les gars on est tous les trois d’accord, on n’a jamais sonné aussi bien, et c’était une date folle, une vraie expérience live, un alignement de tout, l’énergie était incroyable.
LVP : C’est reparti cet été ?
Own : Il y a le 1er juillet à Cabourg pour le festival et puis à la rentrée, on va reprendre en septembre avec une petite tournée dans des salles. Sinon mon clip vient de sortir et c’est un film de notre tournée de l’an dernier justement !
Amoureuse de la nostalgie heureuse des morceaux de Joe Dassin, je n’ai rien d’autre à confesser.