Le nouvel EP de Pales confirme le talent des jeunes Strasbourgeois·es et leur capacité à produire d’excellents morceaux portés par une intensité brute. Ce deuxième EP, baptisé « Crush », vient de sortir. On y trouve notamment les deux meilleurs titres produits par le groupe jusqu’à présent : Superstar et Piece of Meat. On va faire en sorte de vous donner envie d’ajouter ces morceaux à votre playlist.
Tout d’abord, il flotte dans l’air l’idée que le post-punk a atteint son point de saturation avec pléthore de groupes qui se contentent de reproduire les mêmes gimmicks et postures que ceux de la veille. Ça tombe bien, Pales n’entre pas dans cette catégorie. Avec ce groupe, on peut voir les tendances qui se dessinent pour les musiques à guitares au-delà de la copie.
Le Crush du titre de l’EP illustre parfaitement cette volonté de fusionner des influences de noise, soul, pop et indus pour créer des morceaux tranchants. La méthode de travail du groupe, alternant entre sessions improvisées en studio et expérimentations live, permet de trouver la meilleure formule d’un titre et cela fonctionne à merveille.
Contrairement au premier disque du groupe qui offrait plus de plages instrumentales, Crush déploie un uppercut par la façon dont chaque morceau est amené dans les oreilles de l’auditoire. Ce qui pouvait apparaître comme des détours pour masquer un peu d’hésitation dans ce que le groupe souhaitait mettre en avant dans leurs précédentes sorties, est définitivement abandonné au profit de titres vraiment percutants.
Le morceau qui ouvre l’album, Piece of Meat commence par des crescendos de guitares et une batterie qui réussit à maintenir la tension sur tout le disque. On est tout de suite pris·e aux tripes par le sprechgesang de Célia. C’est comme si Florence Shaw de Dry Cleaning avait envie de vous mordre au mollet. L’emballement des guitares donne du rythme à un refrain vraiment puissant.
La suite, avec le morceau Uppercut, commence violemment avant de s’adoucir en marche rythmée, aux accents souls portés par la voix mélodieuse de la chanteuse et quelques bons riffs de guitares. Une fois de plus, la tension augmente au fil du morceau pour finir en apothéose de dissonances électriques.
On trouve aussi sur cet EP, le fabuleux titre Superstar. Commençant par la voix maîtrisée de Célia, accompagnée des guitares et de la batterie, la chanson avance vers vous pour vous submerger. Nous avons pu voir la prestation live de l’EP et de ce morceau à La Grenze à Strasbourg lors de leur release party. Le jeu de scène du groupe et les bras sans fin de la chanteuse en contre-jour font de ce titre un des plus énergiques de ce début d’année et nous reviendrons voir le groupe simplement pour le réentendre. En attendant, la version studio est tout autant gonflée à bloc.
Crush répond donc bien à la promesse de son titre, une volonté de marcher à coup de larsen sur le monde autant qu’une irrésistible envie de tomber sous le charme de ce groupe plein d’avenir.
Je soutiens la thèse que Lana Del Rey est la nouvelle Bob Dylan.
