Après quelques temps de silence radio, depuis leurs airs hawaïens, La Femme est de retour ! Désormais recentré sur Sacha Got, Marlon Magnée et Sam Lefèvre, le charmant collectif français aura su marquer la décennie en nous faisant vibrer de leurs rythmes pop, synthétiques et hypnotiques et aura fait chavirer bien des cœurs par des paroles vraies et percutantes sur leur précédent album Mystère (2016) couronné d’un disque d’or.
Aujourd’hui, le groupe marque la rentrée avec un single : Paradigme. Une sortie qui annonce une autre surprise, celle de la sortie d’un troisième album, dix ans après leur tout premier EP La Femme et sept ans après Psycho Tropical Berlin (2013), également disque d’or promu d’une Victoire de la Musique et sur lequel on découvrait une certaine Clara Luciani. Il n’est pas anodin que ce retour s’effectue en Septembre, quand la mélancolie nous transperce. « Fini, la plage et toutes ces belles soirées. Pour neuf mois, me voilà condamnée ». Pourtant, nous sentons déjà qu’en cette année compliquée, le band va nous aider à traverser ce spleen post-estival. Paradigme, un mot choisi avec soin pour décrire un titre qui dépeint avec justesse certaines de nos représentations ou visions du monde.
La Femme démarre sur les chapeaux de roues, en nous emmenant au coeur des rues parisiennes, suivant cette jeune fille brune à l’imper beige que nous pourrions associer à l’autre pin-up de Sur la planche 2013, sept an plus tôt. La protagoniste s’enfonce dans les avenues, courant à la suite du temps, à la recherche d’une échappatoire dans ces soirées déjantées remplies d’ambiguïtés et de folie. Ce néant nous aide à nous échapper du moment présent : « si je sors, c’est pour tout effacer de ma mémoire » . Grâce à cette demoiselle, nous rentrons par les coulisses, on s’immisce dans l’envers du décor pour découvrir une autre facette de cette vie de crépuscule. Tel un véritable show de cabaret, une entrée sous les trompettes, Paradigme nous enchante et électrise dès les premières notes. L’intro instrumentale longue de presque une minute rayonne rapidement dans nos oreilles, avant d’entendre la voix de la cantatrice qui résonne avec volupté une enfilade de douces paroles. À nouveau, La Femme fait preuve d’une poésie parfaite. Les mots sont délicats et toujours adéquats.
Le trio de chanteuses que nous apercevons dans le clip, tels des clones, danse en chœur, les pupilles troquées contre des yeux d’extraterrestres d’un bleu étrange, à s’y perdre dedans. Des créatures enchanteresses qui ne vont pas sans rappeler les étranges entités de leurs titres Hypsoline ou Packshot.
Nous retrouvons également à travers la scénographie du clip certaines de leurs marques de fabrique, à l’instar de ces jeux de lumière scindés entre tons rougeâtres et bleutés qui accompagnent cette musique vaporeuse. D’un côté les teintes azurées qui nous emmène dans la profondeur de la nuit et des abysses que nous procure le monde onirique. “Pendant la nuit les paradigmes s’effacent. Les masques tombent pour célébrer le néant et la folie. Dans cette énigme qu’on appelle la vie, j’ai envie de courir et de pleurer.” Cependant, les images qui tourbillonnent nous entraînent ensuite dans une ambiance plus pourpre, exprimant l’énergie chaleureuse et pénétrante de la danse et du monde du spectacle. Sensualité ou danger ? “Pendant la nuit je reçois la menace parmi les ombres, je vois les monstres et les rapaces”. La Femme nous ébahit, une fois de plus. À l’image du public hétéroclite en fin de clip, nous restons stoïques face à ce retour glorieux, dans la hâte de découvrir la suite !
Attirée par la musique qui me rend vivante, me transporte et m’anime.